Damas a affirmé hier avoir commencé à retirer des troupes de certaines zones tout en intensifiant ses assauts contre les rebelles, tandis qu'à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité une déclaration qui demande au régime syrien de respecter l'échéance du 10 avril pour cesser ses principales opérations militaires. Le Conseil de sécurité demande à l'opposition syrienne de faire de même au plus tard le 12 avril. Dans sa déclaration, le Conseil «invite le gouvernement syrien à appliquer de manière urgente et manifeste ses promesses» de désengagement militaire et «à les mettre en œuvre dans leur intégralité au plus tard le 10 avril 2012». Il rappelle que Damas a accepté de cesser tout mouvement de troupes en direction des centres urbains, de renoncer à utiliser des armes Lourdes dans ces centres et de «commencer le retrait de ses concentrations de troupes» des villes rebelles et de leur périphérie. La date limite pour avoir ces engagements est le 10 avril. Si les combats ne cessent pas dans les délais prévus, «le Conseil envisagera toute autre mesure qu'il jugera appropriée». Cette formulation vague vise à amadouer la Russie, fidèle alliée de Damas, qui refusait d'adresser un ultimatum au régime syrien, selon des diplomates. Le même vocabulaire avait été utilisé dans une précédente déclaration du Conseil à laquelle Moscou avait souscrit. En prévision d'une cessation des hostilités, le Conseil demande au secrétariat général de l'ONU de préparer dès que possible «un mécanisme de supervision crédible et efficace». Les 15 pays membres se disent «disposés» à autoriser ce dispositif si les violences cessent. Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie Kofi Annan a pour sa part annoncé hier que Damas l'avait informé d'un «retrait partiel» de ses troupes de trois villes rebelles, mais a assuré que le nombre des victimes des violences continuait à être «alarmant». Un peu plus tôt dans la journée, les Syriens ont dit «avoir commencé à retirer des troupes de certaines zones», a indiqué un porte-parole de Kofi Annan, précisant que l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe était «en train de vérifier» ces informations. Le quotidien proche du pouvoir Al Watan a rapporté hier une lettre du gouvernement syrien à M. Annan selon laquelle «des unités de l'armée ont commencé à se retirer de certaines régions» comme Zabadani dans la province de Damas et certaines zones dans la province d'Idleb (Nord-ouest). Mais la France a d'emblée annoncé qu'elle n'était pas «optimiste» sur l'acceptation par Damas du plan de paix. Et les militants ont nié vigoureusement tout retrait de troupes et évoqué l'intensification assauts et des combats entre forces gouvernementales et insurgés, faisant 12 nouveaux morts hier. Hier, un responsable syrien sous couvert de l'anonymat cité par Al Watan a affirmé que le régime n'était tenu ni par un «délai» ni par une «date butoir» pour retirer ses troupes des villes Faisant presque écho à ces déclarations, la Russie, principal soutien au régime de Bachar Al-Assad depuis le début de la révolte en mars 2011, a de nouveau mis en garde les Occidentaux contre les «menaces et ultimatums» à l'encontre de Damas. La communauté internationale qui a déjà douté à plusieurs reprises de la capacité du régime à tenir ses promesses, a réitéré son scepticisme. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a ainsi déclaré qu'il n'était «pas optimiste» quant à l'application par Damas du plan Annan. Les violences, qui ont fait près de 170 morts en majorité des civils dont 12 hier selon l'OSDH, ne faiblissent pas: des chars prenaient d'assaut la ville de Douma dans la province de Damas, provoquant de violents accrochages avec les rebelles, bombardaient la localité d'Anadane dans la province d'Alep Nord) et attaquait le village de Kafar Chamés à Deraa (Sud). Le retrait des chars est l'un des principaux points du plan Annan que Damas s'est engagé à appliquer mais en posant pour condition l'arrêt des violences par les rebelles que le régime qualifie de «terroristes». Les insurgés de leur côté affirment qu'ils ne baisseront pas les Bras jusqu'au retrait des troupes.