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Les binationaux : ou c'est l'abstention ou c'est la gauche
Présidentielle française
Publié dans Le Temps le 22 - 04 - 2012

De notre correspondant particulier à Paris : Zine Elabidine Hamda
Les jeux sont-ils déjà faits ? Les deux derniers jours avant le scrutin sont généralement décisifs. Les hésitants s'y déterminent soit pour l'un des candidats soit pour l'abstention. Cette fois-ci, les sondages indiquent un taux d'abstention prévu de l'ordre de 17 à 25% selon les instituts de sondage.
Quel vote se préfigure pour les binationaux ? Iront-ils, comme en 2002 grossir le lot des abstentionnistes ou iront-ils en masse voter pour le changement ? Ce sont, à croire les sondeurs et les différents acteurs de la société civile, les deux tendances qui prédominent.
En tout état de fait, ils se détermineront en fonction des offres politiques en place. Les différents débats et discours des 10 candidats à la magistrature suprême française ont délimité des lignes de clivage gauche/droite assez nets dans lesquels la « problématique de l'immigration » est au cœur des dispositifs électoraux dans les deux camps.
D'un côté, Nicolas Sarkozy a voulu et mis en œuvre une droitisation de sa campagne en direction des électeurs du Front national, reprenant la thématique anti-immigrés et islamophobe , proposant de diviser par deux le nombre d'immigrés légaux pour les 5 prochaines années. Marine Le Pen a axé son discours sur la lutte contre l'islamisme en France.
De l'autre, François Hollande, candidat du PS et Jean-Luc Mélenchon, celui du Front de gauche, adoptent une approche plus universaliste, mettant en évidence la richesse d'une France de la diversité et proposant, l'un et l'autre, l'octroi du droit de vote aux étrangers dans les élections municipales. D'un côté, un projet isolationniste et protectionniste qui remet en cause les accords de Schengen, et de l'autre un appel pour une nouvelle République dans une Europe rénovée.
Ces orientations politiques, dans leur diversité, ne cachent pas le désarroi dans lequel vivent les communautés immigrées naturalisées en France, et particulièrement la communauté tunisienne dont 250.000 personnes jouissent du statut de binationaux. Discriminées, faisant l'objet de rejet, de racisme et de xénophobie, ces communautés se sont réfugiées, le plus souvent, dans l'abstention, ne se sentant pas concernées par des campagnes électorales franco-françaises dont les questions internationales sont pratiquement absentes.
Pour Nadia Bey, journaliste à Radio Orient, qui anime une émission quotidienne en direction des communautés immigrées, « il ya un vrai problème des quartiers qui ne votent pas. Ces jeunes issus des quartiers sensibles, ces oubliés de la République vivent un désamour avec les acteurs politiques. Cinq fois plus frappés par le chômage que les français dits de souche, doublement précarisés, ils ne se retrouvent pas dans les programmes des politiques ».
Radio Orient avait au mois de décembre 2011 engagé une campagne de sensibilisation auprès des jeunes pour les inciter à s'inscrire sur les listes électorales. D'autre part, des collectifs, des comités, des associations ont suivi l'appel de Djamel Debbouze aux jeunes pour qu'ils aillent voter, qu'ils s'emparent de ce droit et qu'ils manifestent leur force dans les urnes. Le résultat est que dans le 92 et le 93, des inscriptions record ont été enregistrées.
De part l'histoire de l'immigration en France, le vote communautaire est éclaté entre la vague des étudiants de gauche des années 1960, celle des militants des droits de l'homme condamnés à l'exil dans les années soixante-dix et, enfin, celle des islamistes des années 1990. Ces trois composantes politiques dominent la scène immigrée en France. Traditionnellement, les deux premières votaient à gauche, la dernière à droite.
La révolution s'en mêle
La Révolution tunisienne de 2011 a rebattu les cartes. Les tendances actuelles, au sein des binationaux, montrent un avantage dans les intentions de vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon. François Hollande bénéficie également d'une sympathie accrue par sa visite en Tunisie après la Révolution. La droite islamiste, qui vote traditionnellement à droite, suit les « relations chaotiques » entre l'actuel gouvernement français et le gouvernement de Jebali. Elle n'oublie pas que Nicolas Sarkozy ne montre aucun enthousiasme à l'égard du nouveau régime tunisien issu des urnes le 23 octobre 2011.
Samira Labidi, présidente de l'Association Entreprendre en Tunisie, se sent outrée par la campagne présidentielle. « L'UMP, qui est ma famille politique, a agressé mes origines, ma culture et ma religion. Quand Mme Le Pen le fait, je le conçois, elle est ce qu'elle est, mais moi, franco-maghrébine, je refuse cette agression de la part d'un parti que je porte dans mon cœur. On a poussé trop loin le bouchon ! » Mme Labidi n'impute pas cela au candidat. C'est le système qui veut que l'homme politique présente une façade. « Je ne doute pas de la sincérité des hommes, mais je pense que, quand le responsable politique délègue, le relai est comblé par les groupes d'intérêts, les lobbies qui mettent en œuvre une autre politique. Moi, je suis dans le désarroi, et je ne sais pas vraiment pour qui je vais voter. »
Ferid Akkari, hôtelier à Paris, avait l'habitude de voter à droite. Cette fois-ci, il opte pour Mélenchon. « Mélenchon adopte un esprit de rupture. Il est, à la fois, pour la nouvelle France des diversités et pour une VI° République qui rompt avec le passé », dit-il pour justifier ce « vote de soutien à cet esprit de changement ». Il ajoute : « Son discours est en phase avec l'air du temps et la Révolution du jasmin. Il préconise une Assemblée constituante, et il prend la Bastille avec 120.000 partisans. Qui dit mieux ? ».
Outre les déçus du sarkozisme, les forces de gauches se sont mobilisées pour faire gagner leur camp. Ainsi, au niveau politique et même associatif des appels au vote ont circulé. Le président de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives a fait circuler sur le Net un appel au vote pour Jean-Luc Mélenchon car, selon cet appel, « le front de gauche promet de rompre avec ces politiques destructrices en place depuis des décennies ; il se déclare pour une augmentation du smic à 1700€, une retraite à 60 ans au taux plein, pour une augmentation immédiate des bourses d'études, pour des élargissements des droits sociaux aux jeunes majeurs, pour le remboursement à 100% des dépenses de santé, pour le blocage des loyers, pour des mesures urgentes pour le logement social, pour l'interdiction des expulsions locatives, pour la création d'un service public national et décentralisé du logement, de l'habitat et de la ville, pour l'arrêt des fermetures et démantèlements d'hôpitaux, de maternités, de centres de soins et d'IVG, etc.. »
Mais au-delà de ces clivages traditionnels, Nadia Bey, devenue experte de la vie des communautés maghrébine en France, pense qu' « il n'y a pas de vote immigré, ou de vote beur ou de vote musulman ». Pour elle, les électeurs « ont été malmenés par le FN et l'UMP, par une campagne où le halal s'est invité comme thème majeur, où les civilisations justifient les discriminations, par l'après-Mérah vécu de façon amère comme un signe de stigmatisation ». L'électorat est déçu et reste tenté par l'abstention. Pour Nadia bey, l'appel « Votez, Bougez ! » lancé par l'Union des Organisations Islamiques de France d'Ahmed Jaballah et distribué aux 150.000 personnes qui ont visité les Rencontres du Bourget, va déboucher nécessairement sur un vote sanction, même si aucune consigne de vote ne l'a accompagné.
Sur un plan plus général, les défections du clan Chirac sonnent comme un coup de tonnerre. Après de Groupe CALVIGNAC, collectif de hauts fonctionnaires qui appelaient à «l'alternance» dans une tribune au Monde, et le collectif Jean Zay, collectif de hauts fonctionnaires de l'Education nationale, voici les Rodrigue, «femmes et hommes de la diversité centriste» qui, eux, soutiennent explicitement François Hollande.
Corine Lepage, l'ancienne ministre de l'Environnement d'Alain Juppé (1995-1997), présidente de CAP 21, a emboité les pas du clan Chirac: « Je pense qu'il est indispensable d'ouvrir le champ des possibles dans le cadre d»une nouvelle majorité autour de François Hollande(…) J'appelle à un rassemblement des écologistes, démocrates, républicains, gaullistes sociaux pour constituer un pôle dans la future majorité présidentielle, a-t-elle écrit dans une tribune du Huffington Post.
Martin Hirsh. l'ex-Haut Commissaire aux solidarités actives de Nicolas Sarkozy s'est déclaré lundi en faveur de François Hollande. Fadela Amara. L'ex-secrétaire d'Etat à la Politique de la ville va, elle aussi, «voter pour François Hollande», indique-t-elle dans une interview à Liberation.fr publiée mardi. Azouz Begag L'ex-ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances de 2005 à 2007 a annoncé mardi au Monde son ralliement à François Hollande.
Toutes ces défections, insolites avant un premier tour, ajoutent au désarroi à droite, mais ne préfigurent pas l'issue du scrutin. Les sondages contradictoires indiquent cependant que François Hollande s'oriente vers une victoire au premier tour (entre 28 et 30% des voix) et un large succès au second (entre 53 et 56%). Derrière rien ne semble encore joué même si les sondeurs favorisent un ticket Hollande –Sarkozy. L'option Marine Le Pen deviendrait-elle réalité ? Jeudi 19, Libération lui réservait sa manchette titrant La Menace. Depuis le sondage Harris interactive du 8 mars 2011 – qui a secoué la classe politique – qui a crédité Marine Le Pen de 24% d'intentions de vote devançant…Nicolas Sarkozy, la présidente du FN veut croire à une « surprise » et s'imagine avoir un score au-delà de 20%.
Avec un tel chiffre, elle espère peser dans la recomposition du paysage politique à droite après le 6 mai. Obéissant à une « stratégie transalpine », adopté par les néofascistes italiens de l'Allianza nazionale, elle a déjà prévu de changer le nom de son parti et de s'allier avec d'autres composantes de la droite, après avoir dé-diabolisé le FN auprès du peuple de droite. Son objectif, comme pour ses amis italiens qui s'allièrent à Berlusconi au pouvoir, est de devenir une composante politique incontournable pour toute alternance de la droite.
Quant à François Hollande, il s'oriente vers une victoire toute tracée qui serait le fruit de la stratégie de Jacques Delors qui préconisait l'unique stratégie de réveil du peuple de gauche, qui a délaissé le Parti Communiste, dans la perspective d'une reconquête du pouvoir. L'option Mélenchon, transfuge du PS, semble fonctionner. Il galvanise les foules, remobilise les réseaux du PCF, agrège autour de sa personne les déçus du secteur public, les oubliés des centres-villes et des quartiers défavorisés.


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