Habib Guiza parle du combat légitime de son mouvement ouvrier en cette période de transition démocratique. Il tient des propos accusateurs pour dévoiler les manigances des uns et des autres pour écarter son organisation de l'action syndicale et passe à une vitesse supérieure pour dénoncer le despotisme syndical de l'UGTT, et le silence complice du ministère des Affaires sociales. Le tout était lors de la conférence de presse tenue hier par le Secrétaire général de la Confédération générale tunisienne du Travail (CGTT). Habib Guiza ne fait pas la dentelle quand il est question d'évoquer le pluralisme syndical dans un pays comme le nôtre qui reconnaît déjà le pluralisme politique « Mais c'est complètement aberrant » s'insurge le Secrétaire général de la CGTT qui continue sur un ton dénonciateur « « L'exercice du droit syndical pose problème actuellement. Car la loi existe mais le gouvernement doit publier des circulaires qui incitent les entreprises à prendre en compte le pluralisme syndical pour mettre sur un pied d'égalité les organisations syndicales.» dit-il en accusant l'UGTT de despotisme voire même en soupçonnant des militants de l'organisation syndicale d'avoir été les auteurs des actes de violence contre les sit-inneurs de la SNTRI, vendredi dernier devant le siège du ministère du Transport. « Mais comment peut-on permettre le pluralisme politique et pas encore celui syndical. La non reconnaissance des autres organisations syndicales est une violation de la liberté syndicale qui fait partie de la liberté publique laquelle est un socle des droits humains au même titre que la liberté de la presse … Comment peut-on refuser au travailleur d'adhérer au syndicat de son choix ?» dit-il. Plusieurs questions sont restées en suspens en fait. Habib Guiza s'est contenté d'exposer les faits comme ils sont, crûment dûment, pour accuser les partis politiques de complaisance et de dénoncer la complaisance du gouvernement en passant du fait que celui qui ne dit mot consent. Les mots de Guiza ne lui ont pas manqué en fait pour monter au créneau et évoquer cette fois les faux pas du ministère des Affaires sociales. Contrat social entaché de complaisance «Mais comment est-ce qu'un gouvernement provisoire peut-il décider du contrat social qui engage le pays pour 5 ans. Le ministère des Affaires sociales est sur une fausse piste. Il a écarté l'UTT de Sahbani et la CGTT de la question du contrat social. D'autant plus qu'il doit tout simplement proposer les conditions de ce contrat social sans exclure les partenaires sociaux qui doivent être autonomes et non pas soumis. » dit-il en expliquant que le contrat social n'est pas une prérogative d'un gouvernement provisoire. Il dénonce, dans la foulée, le parti-pris du gouvernement à travers son représentant Khélil Zaouia ministre des Affaires sociales, qui participe au programme organisé par l'UGTT pour célébrer le 1er mai au détriment des autres organisations syndicales « Le gouvernement nous écarte. » dit-il non sans amertume en invoquant le fait que le représentant du gouvernement Khélil Zaouia sera également le 10 mai à Genève avec seulement des représentants de l'UTICA et de l'UGTT, pour participer aux travaux de l'Organisation internationale du Travail . Il cite également un autre exemple en expliquant qu'une autre rencontre de ce genre sera organisée le 24 mai en Tunisie et fera participer des représentants syndicaux d'Algérie et du Maroc, et bien entendu sans la CGTT. Négociations collectives sans les partenaires sociaux Habib Guiza a par la suite parlé des négociations collectives qui selon l'article 38 du code du travail, se font avec le syndicat le plus représentatif. « Mais encore est-il il faut définir les critères de la représentativité » s'exclame le Secrétaire général de la CGTT et ce, toujours selon lui, à travers un decret et tout en discutant, bien avant, avec les partenaires sociaux, le nombre d'adhérents n'étant pas suffisant pour considérer qu'une organisation syndicale est plus représentative qu'une autre. « Si l'on prend l'exemple de la France qui nous devance en la matière nous trouveront que le critère du nombre d'adhérents passe en dernier recours après les valeurs de la République, l'autonomie, la transparence financière et l'audience. » fait remarquer Habib Guiza qui considère que la CGTT sera la mieux nantie si les critères seront autre que le nombre d'adhérents « Et encore. Contrairement aux autres organisations syndicales, nos militants sont bénévoles. Ils sont des jeunes instruits qui croient en la nécessité d'une action syndicale bien structurée. Nos adhérents sont aujourd'hui au nombre de 45000 alors que la CGTT n'a existé que depuis 2006 et n'a commencé à être sur le terrain qu'avec la Révolution. » souligne Habib Guiza qui rappelle le militantisme de la CGTT pendant les années de braise lorsque l'UGTT faisait la courbette à Ben Ali « J'ai été parmi les premiers militants de l'UGTT ayant fait la prison pendant les premières années de l'effervescence de l'action syndicale dans notre pays. Ce n'est qu'en 2006 que j'ai décidé de créer la CGTT car j'ai refusé de traiter avec un pouvoir qui met sous sa coupe tout un peuple et c'est aussi parce que j'ai été persuadé que les travailleurs tunisiens méritent mieux qu'une organisation syndicale qui cautionne la dictature de Ben Ali. » lance Habib Guiza qui s'indigne des manigances des uns et des autres pour l'écarter alors que le taux de syndicalisation dans notre pays n'est que de 10 à 15% « Il y a de la place pour tout le monde et l'action syndicale peut toucher le reste de la population travailliste. Alors pourquoi autant d'acharnement sur la CGTT ? » conclut-il.