« Nous ne sommes pas des novices ; nous sommes légitimes et avons déjà 32000 adhérents » déclare Habib Guiza, secrétaire général - « Nous avons pour le moment 32000 adhérents et c'est un nombre que l'on compte augmenter en misant sur la confiance des gens en notre organisation. Nous sommes des gens à principes et on ne badine pas avec les vrais valeurs d'une organisation syndicale qui doit porter son nom en défendant le droit des travailleurs et non pas les instrumentaliser à des fins politiques. On compte d'ici quatre ans amener vers l'action syndicale 30 à 40 % des travailleurs tunisiens. » avance Habib Guizalors de la conférence de presse tenue hier - « Le gouvernement de transition doit informer, via un communiqué, de notre action syndicale. » dit-il. Un syndicat qui défend au mieux nos intérêts et nos choix, nous redonnant ainsi confiance en l'action syndicale : oui, on en veut bien. Un syndicat qui coupe court avec les méthodes d'action et d'organisation marquées par la pérennisation d'un centralisme excessif et notamment avec les vices politiques de certains décideurs syndicaux : oui, on le souhaite bien. Habib Guiza le Secrétaire général de la confédération générale tunisienne du travail (CGTT) le revendique et il y croit dur comme fer, lui tout comme ses compagnons de route qui en ont bavé d'un homme au pouvoir dirigeant le pays d'une main de fer. La conférence de presse tenue récemment avait pour principal but de rappeler le droit au pluralisme syndical dont étaient privés les Tunisiens et la nécessité de rénover l'action syndicale. « la CGTT n'est pas née juste après la 14 janvier pour surfer sur la vague de la Révolution. Nous sommes des hommes à principes ayant mené l'action syndicale depuis 2006 en endurant toutes les manœuvres auxquelles notre initiative a été confrontée par le régime totalitaire au pouvoir. A commencer par le déni de licence en 2006 qui a amené l'organisation à présenter une plainte auprès de la Confédération syndicale internationale (CSI), laquelle a mentionné cette violation des droits à la liberté syndicale dans son rapport annuel de l'an 2007 en précisant que la CGTT a été lancée sans pour autant être reconnue par le ministère de tutelle. Que d'abus et de dépassements à dénoncer mais aussi que de manquement au devoir syndical des uns et des autres à combler. Et si la CGTT revient à la charge, c'est aussi parce que l'UGTT a montré « son incapacité à faire face aux profondes transformations que vit notre pays depuis une vingtaine d'années. » avance-t-on dans la lettre portant sur la constitution de la nouvelle organisation syndicale en 2006. La CGTT se serait située, selon Habib Guiza dans la lignée historique des différentes organisations syndicales patriotiques tunisiennes, venues pallier l'incapacité des syndicats français à l'époque de défendre les droits des travailleurs tunisiens depuis Mohamed Ali El Hammi en passant par Mokhtar El Ayari, Tahar haddad, Belgacem Guénaoui et Farhat Hachad. Que des personnages se bousculant au portillon de l'Histoire ayant associé la lutte syndicale au combat national pour l'indépendance. « La donne a changé et aujourd'hui le pluralisme syndical s'impose comme une action nécessaire qui se fera dans le cadre de l'unité entre les différentes organisations syndicale. Il n'est pas question, comme le croient à tort certains, pour faire de l'ombre à l'UGTT ou pour la concurrencer. » fait remarquer Habib Guiza lors de la conférence de presse. Historique de l'action syndicale sous nos cieux Notre interlocuteur n'a pas lésiné dans la foulée à ouvrir une parenthèse rappelant que la CGTT se situe dans la continuité de l'action de la Confédération générale des travailleurs de Tunisie (CGTT) crée en 1924 par Mohamed Ali El Hammi, relancée par Belgacem Guénaoui en 1937. « Nous ne sommes pas des novices, nous avons pour le moment 32000 adhérents et c'est un nombre que l'on compte augmenter en misant sur la confiance des gens en notre organisation. Nous sommes des gens à principes et on ne badine pas avec les vrais valeurs d'une organisation syndicale des travailleurs qui doit porter son nom pour défendre le droit des travailleurs et non pas les instrumentaliser à des fins politiques. On compte d'ici quatre ans amener vers l'action syndicale 30 à 40 % des travailleurs tunisiens. » avance Habib Guiza en continuant « Mais le gouvernement de transition doit informer les administrations tunisiennes de notre action syndicale. » Notre interlocuteur explique en effet, que la CGTT continue à être marginalisée. Il invoque l'exemple des négociations sociales où ils n'y étaient pas une partie prenante. « Le ministre des affaires sociales a fait appel à l'organisation ayant plus de représentativité, alors que les critères de représentativité ne sont pas jusqu'au là mis au clair dans notre code du travail. » Par ailleurs, explique-t-il « l'exercice du droit syndical est un droit légitime prévu par les conventions internationales (conventions internationales n° 87 et 98 du BIT) et nationales (article 8 de la constitution et les articles 242, 250 et 252 du code du travail tunisien.) C'est un droit qui repose sur le principe de la liberté syndicale en tant que liberté publique… Et c'est seule la concrétisation du pluralisme syndical qui sortira le mouvement syndical tunisien de sa torpeur.» Se revendiquant d'un manque de reconnaissance les militants de la CGTT ont organisé samedi dernier un rassemblement pour contester ce vide juridique qui organise l'action syndicale, en rappelant à qui le veut que le pluralisme syndical est un droit qui selon la formule de Habib Guiza « s'arrache ».