Le retour de l'enseignement zeitounien, récemment annoncé lors d'une cérémonie marquée par la présence des ministres de l'Education, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et des Affaires religieuses, de Rached Ghannouchi, leader du Mouvement Ennahdha ainsi que d'autres personnalités commence à défrayer la chronique auprès des différents acteurs (universitaires, médecins, parents, acteurs de la société civile…). Après la réaction du Conseil de l'Ordre des Médecins, il y a quelques jours suite aux accusations prononcées par Houcine Laabidi, imam de la Zeitouna sur les colonnes du journal La Presse contre les médecins, ce sont les universitaires qui réagissent aujourd'hui et affichent leur inquiétude par rapport aux menaces auxquelles fait face l'enseignement républicain. En effet, le Comité de Défense des Valeurs Universitaires, de l'Autonomie Institutionnelle, des Libertés Académiques et de Soutien à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, a lancé hier, « un appel pour la défense d'une même école au service d'un même peuple », tout en considérant que cette « décision unilatérale constitue une initiative illégale et antidémocratique et qu'elle porte atteinte aux principes fondateurs de l'enseignement national républicain qui a œuvré depuis un demi siècle à unir les Tunisiens… ».
Même lancé un peu en retard, l'appel reste quand même d'importance majeure. Il attire l'attention, entre autres, sur le dépassement enregistré à ce niveau. En signant un document annonçant la réapparition de l'enseignement zeitounien, les trois ministres ont transgressé la loi régissant les études en Tunisie, d'autant plus qu'une telle décision ressort des prérogatives du pouvoir législatif écarté et exclu totalement de cette démarche. Dès lors, les ministres n'ont-ils pas abusé de leur pouvoir pour annoncer de manière unilatérale le retour de l'enseignement Zeitounien ?
Revanche politique Pis encore, une telle décision confirme l'idée que le retour de la Zeitouna n'est autre qu'une revanche historique voire politique. Car, « la décision d'arrêt de ce type d'enseignement en 1958 était politique et celle annonçant son retour l'est également », selon plusieurs observateurs et universitaires. Ces derniers s'inquiètent par ailleurs, de l'avenir des futures générations qui risquent de payer le prix d'une telle décision unilatérale très cher. Une décision prise sans consultation ni implication des enseignants tous niveaux confondus, des partis politiques, des acteurs de la société civile ni même des élèves. En fait, nul ne peut nier que notre système éducatif (de base, du secondaire voire universitaire) souffre de plusieurs lacunes, à cause des politiques adoptées par l'ancien régime. Mais aucune initiative sérieuse et faisant surtout l'objet d'un consensus général n'a été prise pour étudier les modalités de son perfectionnement. Même la consultation sur la réforme du système éducatif, organisée il y a deux mois par le ministère de l'Education, n'a pas fait l'objet d'un accord, et surtout pas avec les Syndicalistes, lesquels ont annoncé qu'ils n'adoptent pas les recommandations formulées à l'issue de ladite consultation. De leur côté, les universitaires, qui ne cessent d'appeler à l'évaluation du système LMD imposé rapidement par l'ancien régime, n'ont cessé d'attirer l'attention sur les carences enregistrés dans le domaine et leur impact sur la formation universitaire. La réforme du système éducatif adoptée par l'Etat à l'ère de l'indépendance à donné ses fruits au fil des années. Preuve à l'appui. Ce sont les compétences tunisiennes qui ont construit la Tunisie de l'après colonisation (administrations, établissements, systèmes de formation…), et ce sont également, nos jeunes tunisiens qui ont fait aujourd'hui la Révolution grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Sanctionner les futures générations ne peut être qu'un abus des droits de l'Homme. Sana FARHAT
Non à la mixité La séparation entre les filles et les garçons sera de rigueur une fois les cours seront assurés. C'est à la mosquée de Sidi Youssef que les filles poursuivront leur formation, pour ce qui est des garçons, ils seront éduqués à la mosquée Zitouna. Il a été annoncé que cette mesure est provisoire, mais espérons que ce n'est pas le provisoire qui dure.