• La Révolution tunisienne : «Je suis né(e) de la folie pure et de la raison même.», Geneviève Boucher Le processus démocratique en Tunisie semble chanceler et trébucher. Un peuple qui se cherche, victime d'un désarroi né d'un régime, lui-même, déboussolé par un trop-plein de cohue-bohu. Le fossé se creuse et l'enfantement de la démocratie n'est pas pour demain la veille. Un pays névrosé Un gouvernement préoccupé plus par l'augmentation des taxes que par la prise de décisions radicales contre le fanatisme religieux. Un danger qui plane sur une patrie, devenue secte propice à toutes les folies nauséabondes et inimaginables, avec la bénédiction d'un khalife laxiste et fortement rusé. Un khalife qui a travaillé dans l'ombre de son isoloir. Depuis samedi dernier, le pays est à la merci d'une vague de folie générale. Sidi Bouzid, Kasserine, Ras Jdir, Kairouan, Sfax, Aïn Drahem, Tunis, le Kef ou encore Gabès, toutes ces villes sont sous l'emprise de la démence. Mécontentement, insurrection, fanatisme et extrémisme face auxquels répond une torpeur gouvernementale hallucinante ! Les deux premières villes touchées par cette névrose fanatique, sont Kasserine et Sidi Bouzid. Les deux gouvernorats s'embrasent et depuis, nulle arrestation, nul commentaire ou déclaration officielle de la part des responsables politiques ou du gouvernement, rien, NADA ! Laxisme mièvre face aux actes hostiles Un incendie criminel ravage le plus grand souk tunisien, Moncef Bey. Une énième manifestation salafiste s'attaque, à la municipalité de la Marsa, dans un silence policier ostentatoire. Le Grand Tunis semble avoir été contaminé par l'épidémie de la névrose. Au Kef aussi, la situation a dégénéré. Il a fallu l'intervention de la sûreté nationale et l'utilisation du gaz lacrymogène pour disperser la foule. Le centre ville a été le berceau d'affrontements et de violence. Dans les 2 mille Kéfois se sont soulevés contre la loi de finances complémentaires qui alourdit encore le pouvoir d'achat du citoyen pour redresser le budget de l'Etat. Les jeunes manifestants crient, notamment, à la marginalisation économique dont ils sont toujours victimes. Le gouverneur, a, par ailleurs, déclaré, que malgré les promesses du ministère de la Planification et du Développement régional, stipulant que sur les 300 projets de développement prévus dans les villes jadis marginalisés, 57 devaient déjà avoir commencé au Kef. Un an plus tard, aucun projet n'a été entamé, d'où l'indignation des Kéfois. Allant de pair avec la mouvance des barbus et des grabuges, un professeur d'art dramatique, répondant au nom de Rejab Magri, a été violemment tabassé par quatre individus à sa sortie du collège. Aux résultats des courses : une épaule fracturée et 5 dents cassées. Les agresseurs étaient barbus. Il est à noter que c'est la seconde fois où l'artiste et homme de théâtre est attaqué, depuis qu'il s'est interposé, il y a trois mois, à la transformation de la célèbre basilique du Kef en une mosquée. Bacchus, menacé d'être limogé Après avoir fait la fiesta à la ville de Kasserine à coups de cocktails Molotov et d'énorme quantité d'explosifs saisie sous un pont ; la démence se propage dans le berceau de la Révolution, à savoir Sidi Bouzid. Sur place, on a tenté une campagne «purgatoire». Une bataille contre «les larmes du Christ» a été livrée par un groupe de personnes appartenant à la mouvance salafiste. Une querelle qui tourna au vinaigre, eut lieu entre les amoureux de l' «eau bénite» et les conservateurs au cœur du centre ville de Sidi Bouzid. Les tirs de fusil ne tardèrent pas à sonner comme un martèlement. Cerise sur le gâteau : une balle perdue se logea sur le sommet d'un minaret. Tir blasphématoire ou signe de la colère divine ? Chacun pourra interpréter cela à sa guise. Qui sont ces fauteurs de trouble ? Qui payent ces énergumènes pour mettre le chaos dans la région? Silence radio. Les douaniers de Ras Jdir attaqués par des contrebandiers libyens Nos frontières tuniso-libyennes ne semblent toujours pas sécurisées et nos douaniers en voient des vertes et pas mûres. Chaque jour apporte son lot de coups de théâtre et de rebondissements insoupçonnés. Pas plus tard que lundi, plus d'une quarantaine de camions provenant de notre voisine la Libye, ont forcé le poste frontalier de Ras Jdir et agressé les agents douaniers. Les convoyeurs, dont les camions étaient dépourvus de plaques d'immatriculation, ont refusé de respecter les normes douanières de passage. En s'interposant à ces contrebandiers, les douaniers ont été attaqués physiquement. Suite à ces agressions, les douaniers ont crié leur ras-le-bol et ont observé une grève pour tirer le tocsin et faire comprendre à l'Etat qu'il est temps d'agir et de leur assurer un minimum de sécurité. A Sfax, artisans de la Médina, chômeurs et commerçants en ébullition Durant deux jours, la ville de Sfax a été, elle aussi, sujette à une vague de contestation. D'abord, l'ensemble des artisans de la Médina du côté du Beb Jebli ont fermé boutique mardi, le temps d'une journée, comme signe de protestation contre l'étalage anarchique. Ils pointent du doigt les commerçants ambulants qui squattent la devanture des magasins et perturbent le commerce légal des artisans de la Médina. Les artisans critiquent l'absence d'une prise de position radicale de la part de l'Etat pour mettre fin à cette situation embarrassante. Perturbant le cours normal du commerce, les marchés parallèles nuisent surtout à la situation économique du pays. La veille, ces laissés-pour-compte de la société, les marchands ambulants, joints par presque mille personnes, se sont donnés rendez-vous devant le gouvernorat de Sfax. Cette foule humaine, composée essentiellement du personnel de la SIAP (Société industrielle d'acide phosphorique et d'engrais), du GCT (Groupe chimique tunisien) et des ouvriers de sous-traitance, ont envahi l'établissement. Il a fallu l'intervention de l'armée et des policiers pour forcer les révoltés à quitter les lieux. Toujours à Sfax, et poursuivant leur campagne contre les médias, un groupe de jeunes barbus, ont infesté, avant-hier, les locaux de Radio Sfax, agressant le personnel et semant la zizanie au sein de l'équipe. Terrorisés, le staff de Radio Sfax, a été terrifié. Se trouvant bon gré mal gré à l'épicentre de cette tourmente, une dame enceinte et faisant partie du personnel, a été directement transportée aux urgences. Amnesty International sonne le tocsin Dans son tout dernier rapport, publié le 21 mai 2012, l'organisation Amnesty International, tire la sonnette d'alarme sur la situation des droits de l'Homme en Tunisie, sous le gouvernement de la Troïka. Elle soutient que malgré une légère amélioration, la violence policière est toujours d'actualité, surtout durant les manifestations où les citoyens sortent critiquer la lenteur des réformes. Le rapport soulève, que par contre, les forces de l'ordre n'interviennent pas durant les attaques salafistes et n'emploient point la répression pour les dissuader. En outre, le rapport montre l'insuffisance de l'application de l'égalité sexuelle surtout en ce qui concerne la législation. Par ailleurs, Amnesty International déclare qu'une enquête en matière des droits de l'Homme a été ouverte par un groupe de personnes contre des hauts responsables tunisiens ayant violé les droits humains. Or, le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice ont refusé catégoriquement l'ouverture de cette enquête. De son côté, le juge d'instruction a préféré ne pas se prononcer. Sommes-nous face à un Etat sadique qui se complait dans son malheur ? Le Tunisien ne sait plus sur quel pied danser ni à quel saint se vouer.