Dans une lettre ouverte adressée le 19 juin au Président français François Hollande, vingt six organisations non-gouvernementales françaises, militant pour la défense des droits des immigrés et des minorités, lancent un appel pour une nouvelle politique à l'égard des immigrés. Rappelant que l'Assemblée nationale nouvellement élue se doit de prendre d'importantes décisions en matière de politique migratoire, les 26 Organisations demandent l'abrogation de « l'arsenal législatif et réglementaire, discriminatoire dans sa conception, tout-répressif dans ses modalités, en partie hérité de l'ère Sarkozy ». Elles exigent, dans l'immédiat, une mesure forte : « un moratoire sur les expulsions. Ce moratoire implique que les étrangers actuellement placés en rétention soient remis en liberté ».
« Pour en finir avec des dizaines d'années d'une politique xénophobe indigne, qui avilit le pays, avec des lois toujours plus dures en contradiction avec les droits fondamentaux », souvent condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, ces organisations attendent du gouvernement français « un signal fort dès maintenant afin d'envisager un changement de politique migratoire en profondeur pour l'avenir, et redonner sens au vivre ensemble tant mis à mal par le gouvernement précédent ».
Les 26 ONG appellent à l'abandon des pratiques discriminatoires appliquées à l'encontre des immigrés « pour sortir enfin de l'ère du soupçon, des tracasseries et des humiliations ». Dans ce cadre, ces organisations rappellent au Président Hollande une demande, longtemps soutenue par le Parti socialiste, que le Ministère de l'Intérieur soit déchargé du dossier de l'immigration afin d'éviter que les étrangers soient « parqués dans un ghetto administratif unique, sous haute surveillance. Cette discrimination doit cesser, même si ce changement ne suffit évidemment pas à garantir à lui seul aux étrangers une meilleure politique ».
Les organisations signataires de l'appel demandent « la totale refonte du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA) » et une réelle concertation avec les organisations qui défendent les droits des immigrés afin de promouvoir « l'égalité des droits et de favoriser, par une approche globale, des conditions de vie décentes et paisibles pour les immigrés et leurs enfants ».
Enfin, les ONG rappellent au Président Hollande que la France devrait, comme bon nombre de pays européens, procéder à la ratification « de la Convention internationale des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, adoptée en 1990 par l'Assemblée générale des Nations unies ».
Cet Appel a été signé par l'Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT), l'Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF ) , l' Association pour la Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et Transsexuelles à l'Immigration et au Séjour (ARDHIS), l'Association de Solidarité en Essonne aux Familles Roms (ASEFRR), l'Association des travailleurs Maghrébins de France (ATMF), l'ATTAC, Avocats pour la Défense des Droits des Etrangers (ADDE) - Droits Devant !! , la Fédération des Associations de soutien aux travailleurs immigrés (FASTI) , la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), le Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI) , la Générale , La Marmite aux idées (Calais), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), le Réseau Education sans frontières (RESF), la Fédération syndicale unitaire (FSU), Solidaires - Sud-Education, le Syndicat des avocats de France (SAF), le Syndicat de la magistrature (SM), la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE), Les Alternatifs, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le Parti communiste français (PCF), le Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) et le Parti de Gauche. De notre correspondant permanent à Paris Zine Elabidine Hamda