Béji Caïd Essebsi, fondateur de l'initiative « Nida Tounes », a annoncé hier, que son parti ne compte pas s'arrêter au bout du chemin. Mieux, il s'apprête à lancer une nouvelle initiative de rapprochement avec les autres partis politiques le lendemain de sa légalisation.
En attendant la légalisation de son parti, loin de s'essouffler Béji Caïd Essebsi a rappelé hier sur les ondes d'ExpressFM, que « les élections du 23 octobre ne sont qu'un pas vers la démocratie. Nous espérons que le Gouvernement réussisse car sa réussite est aussi la nôtre. » Ces élections ont révélé que les conditions d'alternance n'existent pas. L'Appel du 26 janvier 2012 trouve ses origines dans les retards constatés dans l'avancement de la transition démocratique. Il pense qu'il fallait activer l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) en lui permettant de reprendre son travail. « Les choses ont tellement traîné que les membres de l'ISIE sont partis. Il est nécessaire de les appeler », dit-il. Il considère que tout Tunisien répondant aux conditions légales doit pouvoir exercer son droit de vote en s'inscrivant sur les listes électorales. Une nouvelle loi électorale est nécessaire. La dernière ne concerne que l'Assemblée Nationale Constituante (ANC). La rédaction de la Constitution doit s'achever au plus tard en une année. Béji Caïd Essebsi, reconnaît que les choses ont changé. Le président de la Constituante a déclaré du haut de la tribune de l'ANC que la rédaction de la Constitution devra s'achever le 23 octobre prochain. D'autres élections devront avoir lieu. « Ainsi la légitimité électorale s'achèvera le 23 octobre », dit-il. Il faudra opter pour une autre légitimité à savoir la consensuelle. Il connaît bien ce genre de légitimité. C'est cette légitimité qui a permis de mener à bon port la première étape de la transition. « J'étais dans un Gouvernement qui n'avait que la légitimité consensuelle », dit-il.
La désignation d'une date pour les prochaines élections est nécessaire. On a parlé du 20 mars qui tombe un mercredi, mais aucune position officielle n'a été prise par l'ANC.
Concernant le paysage politique, Béji Caïd Essebsi, juge qu'avec « ses tiraillements, rien ne laisse penser que les choses vont se dérouler dans de bonnes conditions. Des inquiétudes subsistent. Il faut vite quitter ce cercle vicieux et établir une feuille de route ». Il faut se départir aussi bien du système de parti unique que celui du parti hégémonique.
Certains observateurs s'étonnent que l'initiative de Béji Caïd Essebsi, se soit muée en un parti ? A ceux là il rétorque, qu'à vrai dire, la démarche au départ ne visait pas la création d'un parti, mais les obligations légales ont pesé. Il fallait tenir compte et se conformer à la loi et créer un parti non classique. De toute façon, ce parti n'a pas encore obtenu son récépissé légal. « Après l'octroi de ce récépissé, nous prendrons une initiative unitaire avec les autres partis pour une plate-forme commune. A situation exceptionnelle, un programme exceptionnel ». Cette plate-forme servira de base pour un front. Béji Caïd Essebsi apprécie à leur juste valeur les autres partis.
Ayant tiré les leçons de l'expérience du Pôle Démocrate Moderniste (PDM) et des autres, Béji Caïd Essebsi ne veut se fier ni aux sondages, ni aux grands meetings. Concernant les Rcédistes, il rappelle que le RCD avait été dissous et qu'il ne cherche pas à le récupérer. Quant au Parti Destourien, « personne ne peut nier les acquis civilisationnels lors de son passage au pouvoir. Ils sont palpables jusqu'à aujourd'hui. Il ne faudrait pas voir uniquement les erreurs commises ». Il est contre l'exclusion de tout Tunisien que les tribunaux n'ont pas condamné. « C'est là la notion de citoyenneté. Il a le droit de participer à la vie politique de son pays. Lui ôter ce droit, c'est lui retirer sa nationalité ».
Près de 110 personnes ont voulu adhérer au nouveau parti, dès les deux premiers jours de l'annonce de sa création le 16 juin dernier. Les réponses n'ont pas encore été données à ces demandes d'adhésion.
Et si ce nouveau parti ne serait pas prêt à des élections le 20 mars ? Béji Caïd Essebsi, ne s'émeuve guère. « Nous ne cherchons pas les postes. Nous tenons à ce que la vie politique en Tunisie soit moderne et que le paysage politique soit marqué par le sceau de la Démocratie ».