«Le paysage médiatique est à sens unique. Il se substitue à l'opposition pour critiquer le gouvernement» Lotfi Zitoun, ministre conseiller auprès du chef du gouvernement chargé des affaires politiques, a estimé que les instances qui soutiennent, actuellement, en Tunisie, la cause de l'information, défendent, à vrai dire, un paysage médiatique à sens unique, savoir la critique de l'action du gouvernement, au point que l'information s'est confondue avec l'attaque du gouvernement élu. Il a ajouté qu'il n'y a pas, aujourd'hui, dans le paysage médiatique tunisien, des reliefs comme l'exige le paysage médiatique des régimes démocratiques. L'information a été amenée à jouer le rôle de l'opposition et ceci n'est pas sain, car la critique du gouvernement fait partie du rôle de l'opposition. Intervenant lors du point de presse interministériel périodique, vendredi 6 juillet, au palais du gouvernement à la Kasbah, il a précisé que le gouvernement n'est pas tenu de publier la liste noire des journalistes qui ont profité de leurs services rendus à l'ancien régime et qu'il s'agit là d'une affaire qui concerne le secteur et les gens de la profession , plus particulièrement, le syndicat des journalistes tunisiens qui possède une telle liste qu'il peut remettre au gouvernement, publiquement et lui demander de la rendre publique. Il a ajouté qu'en ce qui le concerne, le ministère de l'intérieur est disposé à témoigner, à ce sujet, devant la justice, si on le lui demande. Il a annoncé la décision du gouvernement de soumettre les décrets lois numéro 115 et 116 de l'année 2011 relatifs à l'organisation du secteur de l'information à l'Assemblée nationale constituante pour les examiner, de nouveau, et prendre la décision qu'elle jugera utile à leur propos, soit en les adoptant comme ils sont afin de leur conférer le caractère de lois, soit en les amendant selon ce dont il sera convenu. Deuxième étape de la consultation sur l'information Dans ce contexte, il a été décidé d'organiser la deuxième étape de la consultation sur la réforme de l'information à la lumière des recommandations émises par l'Instance nationale provisoire de la réforme de l'information qui a annoncé, dernièrement, la fin de sa mission après la publication de son rapport final. L'Assemblée nationale constituante, de concert avec le gouvernement, supervisera cette consultation, suivant une formule qui sera choisie. La première partie de la consultation sur la réforme de l'information a été consacrée aux aspects d'ordre juridique. A cet égard, Lotfi Zitoun a affirmé que l'information en Tunisie, est, aujourd'hui, libre, indépendante, et totalement, maîtresse d'elle-même, car il n'existe aucune structure gouvernementale officielle chargée de gérer le secteur de l'information, et de l'orienter, comme c'était le cas, sous l'ancien régime. Aussi, les membres du gouvernement prennent-ils, parfois, selon les circonstances, des positions à l'égard de l'information. Cependant, le gouvernement est conscient de la nécessité d'améliorer les conditions matérielles des journalistes et de renforcer les ressources humaines des entreprises de presse, ainsi que d'accorder l'intérêt requis à la formation . Le gouvernement n'a pas, non plus, au niveau de la presse écrite, une politique visant à exploiter la publicité publique pour faire pression sur les journaux. Au contraire, le gouvernement cherche les moyens permettant d'assurer une répartition équitable de la publicité publique entre les journaux afin de garantir aux entreprises de presse, notamment les nouvelles entreprises, un minimum de ressources pour poursuivre leur travail. Il a été décidé d'attribuer la carte de journaliste professionnel à des conditions claires et transparentes, en collaboration entre les services du conseiller de communication du chef du gouvernement et du syndicat des journalistes tunisiens. La chute du gouvernement, si ça se produit, est chose normale Lotfi Zitoun a parlé des démarches, différends et luttes qui marquent la scène politique, que ce soit les différends entre les partenaires de la coalition gouvernementale, ou entre le gouvernement et l'opposition, soulignant que ces démarches, luttes et différends sont des choses normales dans les régimes démocratiques, s'agissant du différend sur la compétence en matière de signature des décrets entre le président de la République et le chef du gouvernement, ou de l'initiative de l'opposition relative à la présentation d'une motion de censure contre le gouvernement. Aussi, l'irrecevabilité de cette motion de censure après le retrait de deux signataires appartenant au parti d'Ettakatol, est chose normale dans les régimes démocratiques. D'autant que le parti d'Ettakatol fait partie de la coalition gouvernementale dite ‘'troika''. Mustapha Ben Jâafar, président du parti d'Ettakatol, et président de l'Assemblée nationale constituante, est en droit de réclamer des membres de son parti de faire preuve de discipline et de respecter leurs engagements dans le cadre de la coalition gouvernementale. Il ne s'agit nullement de pression de quelque nature que ce soit. Puis, l'opposition tente, de nouveau, d'obtenir un nombre de signataires suffisant pour présenter sa motion de censure et c'est son droit et son rôle. En cas de chute du gouvernement, il faut considérer la question comme tout à fait normale et naturelle, car la chute du gouvernement ne produira pas un vide au niveau du pouvoir exécutif. L'organisation provisoire des pouvoirs publics a prévu des solutions pour de telles éventualités, quoiqu'elle n'ait pas défini, de manière très précise, les attributions et compétences de chaque pouvoir. Nous devons nous attendre à des cas pareils sous le gouvernement élu actuel ou sous les gouvernements élus futurs et leur donner leur dimension réelle, en tant qu'évènements normaux et ordinaires dans les régimes démocratiques. Toutes ces démarches et manœuvres entrent dans le cadre de l'émulation et de la lutte pacifique pour le pouvoir, de sorte qu'il est normal que l'opposition profite des difficultés rencontrées par le gouvernement pour essayer de le faire tomber. Constantes démocratiques Mr Lotfi Zitoun a indiqué que le différend entre le président de la République et le chef du gouvernement à propos de la compétence relative à la signature des décrets a été dépassé. L'Assemblée nationale constituante s'est saisie de l'affaire et doit la trancher en prenant l'avis du tribunal administratif. Il a insisté sur la nécessité de respecter les constantes démocratiques comme le refus de publier les informations relatives aux données personnelles, notamment quand ces informations sont obtenues par voie illégale en infiltrant les comptes électroniques des personnes. Sur un autre plan, Il a indiqué que le président de la République a signé une décision permettant l'attribution de passeports diplomatiques aux présidents des partis politiques représentés à l'Assemblée nationale constituante dont Rached Ghannouchi, président du parti ‘'Ennahdha'', principale composante de la coalition gouvernementale.