La forêt de Gammarth peut être considérée à juste titre comme l'une des plus importantes du gouvernorat de Tunis. Elle s'étand de Jebel Khaoui au pied de la colline de Ghammarth, jusqu'à Raoued, couvrant une superficie de près de 250 hectares. Depuis plus de 60 ans, elle a constitué un rempart pour la ville de La Marsa et ses environs et est considérée comme une fierté pour les habitants de la banlieue nord.
Mais voilà que ce poumon vert préservé depuis de longues décennies, a subi lors des dernières années la loi du clan des Trabelsi qui ont en fait leur endroit privilégié pour donner libre cours à une urbanisation anarchique, faisant fi de toutes les règles de préservations des espaces verts, transformant des terres agricoles et des espaces forestiers en zone urbaine tout en arrachant des arbres centenaires de pins et d'oliviers. Ils sont allés jusqu'à procéder au lotissement de certains endroit avec la complicité des autorités de l'époque pour revendre les terrains à des tiers. Cette urbanisation a continué même après le 14 janvier. D'ailleurs plusieurs ont profité des circonstances qui ont suivi la révolution pour ravager une grande partie de cette forêt où des blocs de béton ont pris place dans l'anarchie absolue. Toutes les démarches entreprises depuis pour mettre un terme à cette destruction ont été vaines.
Face à cette situation, des âmes charitables se sont constituées en association juste après la révolution pour crier leur désarroi et attirer l'attention de qui de droit, mais aussi pour mettre en application un plan de sauvegarde de cette forêt. En effet l'association crée en 2011, a vite fait de tirer la sonnette d'alarme au vu de cette situation dramatique et n'a épargné aucun effort pour sensibiliser l'opinion publique, les riverains de la forêt et les autorités publiques concernées, à savoir le Ministère de l'Intérieur, ceux de l'Agriculture et de la Culture ainsi que la Municipalité de La Marsa aux dangers de dilapidation qui menacent cette forêt objet sous formes de constructions anarchiques, décharges d'ordures, d'incendies provoqués et lieux de rencontres louches.
Face au délabrement continu de cette forêt qui regorge d'essences végétales et de vestiges archéologiques, l'association de sauvegarde et développement de la forêt de Gammarth a organisé dernièrement une journée de sensibilisation pour arrêter le fléau d'urbanisation de cette zone forestière transformée en une vide ordures et déchets de constructions, sans oublier les incendies provoqués qui rentrent dans un plan de destructions des lieux appelée à disparaître d'ici quelques temps si les efforts ne se conjuguent pas pour mettre un terme à sa destruction progressive.
L'association milite depuis sa création pour préserver cette forêt, la développer et en faire un site naturel éco-équilibré et durable grâce à un reboisement progressif et scientifiquement étudié, la réintroduction d'une faune adaptée et la mise en valeur de son potentiel archéologique. Mais ses efforts sont restés vains dans la mesure où aucune des parties concernées ne lui est venue en aide afin de mettre un terme à tous les tords apportés à cet espace.
Toutefois ces bonnes volontés n'ont pas désespéré pour autant. Les membres de l'association continuent à œuvrer pour sauver cette forêt et lui rendre sa splendeur. Ils ont prévu la création d'un parcours de santé et une aire de récréation pour les enfants, un jardin public, des zones de détente et des bassins et cascades d'eau pour animer les lieux et leur donner un cachet spécifique en pleine nature. Au programme également, la restauration des lieux qui abritent des richesses naturelles importantes ainsi que des sites archéologiques datant de l'époque romaine et même punique et qui n'ont pas été épargnés par les pillages.
C'est un projet à long terme, mais réalisable si toutes les bonnes volontés conjuguent leurs efforts pour arrêter dans un premier temps la destruction de la forêt et œuvrer ensuite à redonner à cet espace l'importance qui lui revient.