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La femme tunisienne sera-t-elle condamnée à être la complémentaire de l'homme ? Droits de la femme Diktat d'Ennahdha au sein de la commission des droits et des libertés de l'ANC
La version votée avec la bénédiction d'Ennahdha « L'Etat assure la protection des droits de la femme et de ses acquis, sous le principe de complémentarité avec l'homme au sein de la famille et en tant qu'associée à l'homme dans le développement de la parité. L'Etat garantit l'égalité des chances pour la femme dans toutes les responsabilités.
L'Etat garantit la lutte contre les violences faites aux femmes quelle qu'en soit la sorte. »
La version rejetée
« L'Etat garantit les droits de la femme et ses acquis dans tous les domaines. Il est interdit de promulguer des lois pouvant lui porter atteinte de quelque manière que ce soit.
L'Etat doit lutter contre toutes les formes de discrimination ou de violence physique ou psychique exercées contre les femmes. »
Le mouvement Ennahdha est-il en train de prendre sa revanche après avoir été désavoué au sein de la commission des droits et des libertés ? A priori c'est le cas. En fait, les élus du mouvement islamiste à la Constituante se sont ravisés mercredi, sur le principe d'égalité entre l'homme et la femme, « principe qui a été entériné à l'unanimité dans l'article 22 », attire l'attention Selma Mabrouk, (Ettakatol). La version majoritaire votée par 12 députés vient de briser la notion d'égalité entre l'homme et la femme. Désormais, l'Etat assurera « la protection des droits de la femme et de ses acquis sous le principe de complémentarité avec l'homme au sein de la famille et en tant qu'associée de l'homme dans le développement de la parité ».
« Parité et égalité entre homme et femme », un principe qui fait toujours rêver les militantes et les militants des droits de l'homme en Tunisie de l'après 14 janvier. Ce principe, tant défendu par les activistes et les féministes n'a pas l'air de se concrétiser facilement dans notre pays. Le discours ambigu mené par le Mouvement Ennahdha et ayant trait aux droits de la femme et la protection de ses acquis vient d'être confirmé mercredi lors de la commission des droits et des libertés. En effet, une mauvaise nouvelle vient d'être annoncée à la femme tunisienne de manière générale, et celle qui ne cessait de militer pour l'égalité et la parité avec l'homme, plus particulièrement. Malheureusement pour elle, la première version de l'article 27 dans la partie femme au sein du chapitre droits et liberté a été votée par 12 députés dont 9 d'Ennahdha, contrairement à la deuxième version votée par 8 constituants et laquelle stipulait que « l'Etat garantit les droits de la femme et ses acquis dans tous les domaines et qu'il est interdit de promulguer des lois pouvant y porter atteinte de quelque manière que ce soit. Le même article stipulait également que « l'Etat se doit de lutter contre toutes les formes de discriminations ou de violence physique ou psychique contre les femmes ».
Coup dur
Un coup dur pour la femme. Certes. Mais il est clair que les représentants d'Ennahdha, qui étaient occupés lors du mois de juillet par le congrès de leur parti, prennent leur revanche. Ils se vengent au détriment de la femme, laquelle risque de voir ses acquis et ses droits régresser d'un moment à l'autre.
D'ailleurs, Selma Mabrouk considère que « le danger est double ». « Cette version aborde une deuxième fois le sujet de la famille et contredit la notion d'égalité entre les époux énoncée dans l'article 21 qui avait bénéficié de la majorité à cause de l'absence de 8 députés d'Ennahdha retenus par le congrès de leur parti », explique Mme Mabrouk. A rappeler à cet égard que ledit article mentionne que « l'Etat protège les droits de la famille, celle-ci étant l'unité naturelle et fondamentale de la société et qu'il met en œuvre des procédures pour encourager la stabilité de la famille et pour faciliter les mariages ainsi que pour lui garantir un habitat décent et un revenu minimum sous le principe de l'égalité des droits et des devoirs entre les deux époux ».
Contradiction
Toujours dans le même ordre d'idées, l'article 27 est en contradiction avec l'article 22, toujours d'après l'élue. Elle précise à cet effet que cet article stipule que « les citoyens sont égaux dans leurs droits et leurs libertés et devant la loi sans discrimination d'aucune sorte ». Face à cette situation inquiétante voire alarmante, « la commission de coordination pourrait redemander à la commission des droits et des libertés de revoir sa copie et de revoter sur le sujet », propose Selma Mabrouk.
Par ailleurs, les acteurs de la société civile doivent réagir rapidement pour inciter ladite commission à revoter sur la question avant les vacances parlementaires prévues pour ce lundi comme l'a bien annoncé Habib Kheder.