Avec 1400 ouvriers, Leoni est le plus grand employeur du pays La société privée de câblage Leoni, a pris la décision de fermer son site d'Ezzahra qui fait travailler 600 personnes. Elle propose à ses ouvriers de rejoindre le site de Mateur ou de Sousse. Avec ses 14000 ouvriers Leoni est le plus grand employeur privé du pays. Les ouvriers de Leoni Ezzahra ne l'entendent pas de cette oreille. Ils tiennent au maintien en activité de leur site et sont disposés au dialogue pour trouver la meilleure formule qui sauvegarde leurs emplois tout en préservant les intérêts de la société.
Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), rappelle que les 600 ouvriers de Leoni Ezzahra, sont dans leur écrasante majorité titulaires au poste ont consacré une bonne partie de leur vie à leur entreprise et à consolider ses assises. C'est une entreprise qui a connu un climat social sain et apaisé. « Après la Révolution, le PDG de Leoni avait annoncé l'ouverture d'une usine à Sidi Bouzid en mesure de faire travailler 1000 ouvriers. Non seulement ces créations d'emplois n'ont pas eu lieu, pire encore on nous annonce la suppression de 600 », s'étonne Belgacem Ayari. Des réunions de réconciliation ont eu lieu au niveau du Gouvernorat de Ben Arous, de l'inspection du travail, du ministère des Affaires sociales, aucune explication économique n'a été retenue pour justifier cette fermeture.
La commission économique a refusé la demande de l'entreprise de procéder au licenciement de 200 ouvriers pour des raisons économiques. Que dire alors de 600 ! Le management de la société propose au personnel de travailler à Messaâdine ou à Mateur. L'entreprise se charge de leur payer une année de loyer et les frais de transport pour le personnel qui opte pour la mutation. « Si c'était la fonction publique avec la possibilité de rapprochement des conjoints, on peut accepter ces mutations. Ce n'est pas le cas, de familles dont le père et la mère travaillent dans deux entreprises privées différentes. La solution proposée par la direction de Leoni est impossible », s'écrie Belgacem Ayari. Est-ce la faute des ouvriers et de leurs 600 familles, soit 2000 personnes ? L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) conjointement avec la Fédération de la Métallurgie, compte proposer une série de solutions pouvant sauver les meubles, éviter la casses et sauvegarder les emplois à Ezzahra. Ces propositions seront mises sur la table du dialogue. En parallèle un plan de lutte sera mis sur pied.
Mohamed Ali Boukhdhiri, secrétaire général de l'Union régionale de l'UGTT à Ben Arous déplore la situation dans laquelle se trouve l'usine Leoni Ezzahra. Tout en insistant que la perte de 600 emplois serait une catastrophe économique, sociale et culturelle dans la région, Toutefois, il garde l'espoir que les pouvoirs publics interviennent pour trouver une solution qui empêche la perte des emplois. La région de Ben Arous est une zone à vocation ouvrière. C'est l'une des régions les plus stables sur le plan social, parce que le dialogue a toujours été la règle dans les relations entre partenaires sociaux. « Nous voulons sauvegarder ce climat social sain, quitte à faire des concessions », affirme Mohamed Ali Boukhdhiri. L'usine loue un local à raison d'un million de dinars l'année. On peut lui trouver un autre local, pour un loyer moins onéreux. Des solutions existent. Reste à savoir dénicher les meilleures.
Le secrétaire général du syndicat de base de Leoni Ezzahra, a étalé les différentes rencontres organisées, depuis le 8 septembre 2011 et révélé que la Direction de Leoni avait l'intention de fermer le site d'Ezzahra depuis longtemps. Les ouvriers du site refusent cette fermeture, considèrent que cette décision est injuste. Ils comptent sur la solidarité de la société civile. Déjà la section de Ben Arous de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH) a pris position en faveur du maintien des postes d'emploi à Ezzahra.
Les autorités tunisiennes interviendront-elles pour éviter cette fermeture. Ont-elles les moyens d'y parvenir ? Peuvent-elles obliger une entreprise privée et de surcroît, étrangère à ne pas fermer une usine ? Les prochains jours nous le révèleront.