Le président égyptien Mohamed Morsi aurait-il pu écarter le puissant chef de l'armée et annuler les larges prérogatives dont bénéficiaient les militaires sans avoir, au préalable, consulté le Pentagone et obtenu l'aval des Américains ? Impensable dans un pays comme l'Egypte où l'armée contrôle, depuis la Révolution de 1952, la vie politique et se place au centre du pouvoir et de la prise des décisions. Sauf si le Conseil suprême des forces armées qui contrôle le pays depuis la chute de Moubarak n'est pas si puissant qu'on ne le pense et que les frères musulmans sont aussi forts qu'ils le laissent paraître et jouissent d'un soutien sans faille de puissantes parties étrangères. C'est un secret de polichinelle, l'Amérique d'Obama est derrière la montée des partis islamistes, dits modérés, depuis le printemps arabe. En Tunisie, en Egypte, en Libye, au Maroc, ce sont eux qui gagnent les élections et ce sont eux qui gouvernent et gèrent la transition démocratique. Avec la totale bénédiction et les applaudissements de Washington. Cela pourrait paraître comme un revirement des Etats-Unis. Pourquoi n'avaient-ils pas soutenu l'émergence d'une démocratie libérale de type occidental, eux qui ont combattu les islamistes et subi des revers en Irak et en Afghanistan ? Simplement parce que leurs intérêts l'exigent. Ils ne veulent ni être pris au dépourvu comme cela s'est passé avec l'Iran, ni rééditer l'exemple irakien ou afghan. Il fallait pour eux s'allier avec les Islamistes modérés qui seraient à leur tour leur rempart contre le Djihadisme et le terrorisme. Il est question, bien sûr, que ces islamistes modérés jouent le jeu démocratique pour servir de modèle au monde arabo-islamique. Ce n'est qu'une expérience. Si elle réussit, c'est au bénéfice des Etats-Unis et si elle échoue, c'est aux peuples concernés d'en payer les dégâts.