A l'instar du festival de Carthage, le festival international de Hammamet fait son cinéma. Au menu, une série de films américains récents : « Spierdman 4 », « Madaagascar 3, bons baisers d'Europe », « Total recall », « Men in black 3 », « Je te promets », « Rock forever », « Hollywoo », « Extrêmement fort et incroyablement près » et « 21 Jump street ».
C'est « Batman 3 : the dark Knight rises » de Christopher Nolan qui a été projeté à l'ouverture de ce cycle. Le public a donc pu suivre les aventures du Chevalier Noir protecteur de Gotham City, en fuite, traqué comme un animal blessé. Le légendaire homme chauve-souris doit faire face à une femme fatale redoutable et cleptomane (Catwoman) et à un ennemi féroce d'un genre nouveau : le terroriste masqué Bane.
Sur le plan visuel, le film propose des moments séduisants. Les habitués du genre se sont régalés de certains passages où le vengeur masqué fait tomber son masque au sol ou alors la séquence du terrain de foot bourré d'explosifs qui s'effondre sur lui-même et même la moto de Batman la Bat-Pod, qui tourne sur elle-même, laissent les inconditionnels rêveurs. Sur le plan du propos, le film s'inspire des tragédies grecques pour aborder différentes questions liées à la société ultra-violente, le trauma post-11 septembre, la prison d'Abou Gharib, la menace nucléaire, les rapports de classe, le capitalisme sauvage, la mainmise de la finance sur les gens.
La dénonciation de cette société ultra capitaliste où tout est sur le point de s'embraser est une idée développant un catastrophisme outrancier permettant au super-héros Batman de mieux exercer sa mission de sauveur du monde d'un chaos imminent. Ce qui n'est pas bête du tout parce qu'il permet de maintenir en haleine le spectateur et de lui faire croire l'idée de toute puissance du héros américain, une sorte de messie, qui sans lui il n'y aurait que débâcle. C'est assez jouable notamment auprès d'un public de jeunes prêt à tout avaler. Dans sa mise en scène grandiloquente à l'image de tous les blockbusters précédents fournis par la machine hollywoodienne, Nolan n'apporte rien de vraiment nouveau. Tout a été dit et de la meilleure manière par Ridley Scott, Tim Burton, James Cameron ou encore Steven Spielberg.
L'habileté du réalisateur anglais Christopher Nolan est de développer avec une certaine maitrise une vision apocalyptique du monde contemporain pouvant atteindre parfois la paranoïa et de décrire avec efficacité le désordre mental de ses héros dont Batman attiré par les puissances de l'ombre. On se rappelle la fusillade épouvantable ayant fait 12 morts et 40 blessés dans un cinéma de Denver au Colarodo lors de la séance de projection du film qui donne une dimension dantesque à cette œuvre où tout prend sens dans la réalité depuis la ville Gotham City qu'on peut comparer à New York post 11 septembre jusqu'au Joker, le tireur fou de la fusillade de la salle de cinéma. Et lorsque la fiction rejoint la réalité. Malgré certaines de ses qualités, ce « Batman 3 » n'est pas un chef d'œuvre mais il se laisse voir avec plaisir.