En pareille période les magistrats étaient déjà fixés sur leur destination où ils devaient exercer à la rentrée judiciaire. Déjà durant les vacances certains magistrats étaient tourmentés et appréhendaient légitimement ce mouvement. Ils risquent d'être, injustement mutés. Certains ne jouissaient pas de leur promotion automatique de grades dans les délais impartis. On disait qu'ils « redoublaient dans leurs rang». Cette année avec la non création de l'instance provisoire de la magistrature, la situation est assez particulière et complexe. L'urgence de procéder au mouvement des magistrats s'impose à tous.
Raoudha Lâabidi, secrétaire générale du Syndicat des Magistrats de Tunisie (SMT) a déclaré au Temps, qu'elle a demandé une audience avec le ministre de la Justice pour voir ce qu'il en est et les détails concernant le mouvement des magistrats. Le ministre avait déjà annoncé que ce mouvement aura lieu très prochainement. Sur les ondes de MosaïqueFM, il a affirmé, hier, que cela se ferait au début du mois de septembre afin de permettre aux magistrats de trouver le temps nécessaire pour s'installer dans leurs nouveaux postes et inscrire leurs enfants dans les établissements scolaires. Il a réitéré son attachement à l'indépendance de la justice. « Je tiens toujours à la promesse que les promotions se fassent en fonction de l'accord conclu entre le ministère et le Syndicat des Magistrats. Les promotions de grade se feront de façon automatique », dit-il. Quant aux postes fonctionnels, il affirme qu'ils seront accordés en fonction de la compétence et de la probité. « Les magistrats ne doivent pas s'inquiéter pour leurs enfants. Le mouvement sera annoncé au début du mois de septembre », dit-il. Comment l'a-t-on préparé ? Le ministre précise que les postes vacants ont été communiqués aux magistrats. Ils ont été informés des promotions et des augmentations de salaires. Un appel de candidatures a été fait. Des centaines de magistrats ont déposé leurs candidatures. « On aurait bien préféré que cette opération se fasse par l'instance provisoire de la magistrature. Toutefois, le projet de loi créant cette instance a été présenté à l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) dans un moment émaillé par de grands tiraillements politiques. Il n'a pu être adopté par la Constituante. »
Rappelons que lors des débats dans deux séances plénières concernant l'Instance provisoire de la magistrature, le groupe d'Ennahdha à l'Assemblée Nationale Constituante s'était opposé à l'autonomie financière et administrative de l'Instance. Noureddine Bhiri, révèle qu'il y avait un accord avec le Syndicat des Magistrats de Tunisie (SMT) ainsi que l'Association des Magistrats et la majorité des magistrats pour que cette instance provisoire se charge du mouvement des magistrats. Les questions d'ordre stratégique avaient été renvoyées pour plus tard. « Malheureusement ces questions stratégiques ont été posées au sein de l'ANC. Nous ne sommes pas contre le principe de traiter ces questions, mais contre le timing. Même si on s'était mis d'accord sur l'indépendance administrative et financière de l'Instance, il fallait attendre le prochain budget pour concrétiser cette option. Les parties qui considéraient qu'elles avaient perdu la bataille de la nomination du Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, ont pris leur revanche en faisant capoter le projet de loi sur l'Instance provisoire de la Magistrature », affirme le ministre de la Justice.
Attendons la rencontre du ministre de la Justice avec les représentants des magistrats pour voir l'avancement du dialogue. « Nous tenons à ce que le mouvement des magistrats soit transparent », insiste le ministre.
Verra-t-on pour la première fois, l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ? Ce mouvement aura lieu après l'opération de purge qui a eu lieu il y a quelques semaines et qui a vu des dizaines de magistrats démis de leurs fonctions.
Le mouvement de cette année gagnera-t-il l'adhésion de tous les magistrats ?