«La légitimité électorale s'achève le 23 octobre», selon Abdejlil Bédoui «S'il faut prolonger les délais, il faudra que ça soit fait de façon raisonnable» dit Issam Chebbi «D'ici la fin de la semaine le bureau politique d'Ennahdha formulera une réponse précise», affirme Néjib Gharbi «La proposition de Habib Khedher n'engage que sa personne», dit Mohamed Bennour
L'élaboration et l'adoption de la Constitution devait s'achever le 23 octobre prochain afin d'achever la deuxième période transitoire dans les meilleurs délais et permettre enfin au pays d'entamer la deuxième République avec de fortes fondations constitutionnelles reposant solidement sur des institutions permanentes. D'ailleurs, la loi N°59 du 9 août 2011 appelant les électeurs tunisiens à choisir leurs représentants au sein de l'Assemblée Nationale Constituante soulignait dans son article 6 que les constituants sont appelés à achever l'élaboration de la Constitution dans un délai d'une année à partir de la date des élections. Il est certain que la Constituante est souveraine. Toutefois, un accord moral avait engagé 11 partis à limiter la date butoir à une année. Une initiative a été prise par Nida Tounès, le parti républicain et Al Massar, pour entrevoir un consensus à propos de la gestion de la deuxième période transitoire. Abdejlil Bédoui, vice-président d'Al Massar rappelle que « la légitimité électorale s'achève le 23 octobre. Ceux qui pensent que la Constituante est seule souveraine oublient qu'à la base il y a un contrat moral entre les citoyens électeurs et les élus. Au-delà de l'aspect légal, il y a un aspect moral et politique, une charte d'honneur. Pour nous le 23 octobre prochain, les structures actuelles n'auront plus la légalité requise. Il faut organiser le passage de la légitimité électorale à la légitimité consensuelle qui implique un dialogue entre les différentes composantes non seulement de la société politique, mais de la société civile aussi, en incluant ses principales composantes telles que l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) ». Cette initiative converge avec celle de l'UGTT qui appelle à un dialogue national cherchant le consensus. Abdejelil Bédoui, ajoute qu'à l'aide du dialogue « les décisions qui seront prises par les structures actuelles dégageront un consensus en dehors des partenaires au pouvoir ». Il précise que l'initiative s'adresse à tous. Des contacts ont été pris avec Ennahdha, Attakatol, le Congrès pour la République (CPR), l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT)...Le vice-président d'Al-Massar appelle à dépasser la vision partisane, surtout que la légitimité électorale à elle seule ne suffira plus après le 23 octobre prochain. Issam Chebbi, porte-parole du Parti républicain (PR), abonde dans le même sens en précisant que « l'initiative s'adresse à tous les partis politiques agissant sur la scène que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de palais du Bardo. L'objectif est de trouver un consensus sur la feuille de route et apporter des réponses à des questions où les positions se confrontent à propos de la nature du régime politique, la date des élections et tout ce qui s'en suit comme loi électorale et la création d'une Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) afin d'épargner au pays une crise de légitimité que le pays ne pourrait supporter. Si les partis politiques ne se mettent pas d'accord, le pays pourrait connaître à nouveau des difficultés. Le consensus devra être trouvé avant le 23 octobre prochain. Cette date est contenue dans le décret appelant les électeurs à voter ainsi que dans un accord signé par 11 partis. Personne ne met en cause la légitimité électorale des institutions. S'il faut prolonger les délais, il faudra que ça soit fait de façon raisonnable. Le gouvernement ne peut s'accorder une longue prolongation sans qu'elle ne soit discutée. En plus des partis politiques, le contact a été pris avec l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) parce que nous pensons que l'UGTT doit accompagner l'initiative. Son soutien est très important ». Néjib Gharbi, membre du bureau politique d'Ennahdha chargé de l'information a déclaré au Temps, que « le courrier nous est parvenu. Nous sommes en train d'analyser le contenu. Dans tous les cas de figure nous réagissons positivement à toutes les initiatives qui appellent au consensus et à l'unité nationale. D'ici la fin de la semaine le bureau politique formulera une réponse précise ». Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, réfute l'idée selon laquelle la légitimité prendrait fin le 23 octobre prochain. « L'Assemblée Nationale Constituante (ANC) est souveraine. La Constituante n'a pas une année de travail. L'élaboration de la Constitution avance. Il n'y a pas de volonté de freiner le rythme de travail. Les réunions se poursuivent tard la nuit. Le président de l'ANC s'emploie à accélérer le rythme du travail. Le premier brouillon de la Constitution est prêt. Les experts vont participer à la formulation juridique du texte. Les choses seront plus claires ». Concernant l'initiative des 3 partis, Mohamed Bennour affirme qu'ils sont libres de s'allier. La solution ? L'essentiel, pour lui, c'est que la Constituante travaille d'arrache-pied et de façon sérieuse. Il espère que la feuille de route avancée par le président de la Constituante soit respectée. « Il n'y a pas de parti qui cherche à faire durer les choses », dit-il. Concernant la proposition de Habib Khédher, rapporteur de la commission de synthèse à la Constituante d'organiser les prochaines élections le 8 septembre 2013, Mohamed Bennour affirme que cette proposition n'engage que la personne de son auteur. « La Constitution ne doit en aucun cas être bâclée. Elle doit être la fierté des prochaines générations et de la Tunisie parmi les Nations », dit-il.