A quoi bon tirer à boulets rouges sur Ali Laârayedh alors que la mouvance salafiste n'a rien d'irrépressible et qu'elle est carrément manipulée par les stratosphères islamistes du pays ? Voilà des groupuscules insignifiants avant la montée d'Ennahdha au pouvoir – à ne pas confondre avec le réseau tunisien de l'Aqmi – mais qui est monté graduellement au créneau profitant des garanties de libertés et de démocratie fournies par le gouvernement. Depuis déjà Sejnane, le drapeau planté sur l'horloge jusqu'au hold-up sur pas moins de quatre cents mosquées dans le pays, le processus était clair : les faucons d'Ennahdha – pas tous ses membres qui restent de vrais militants – instrumentalisent les salafistes comme pour brandir une menace du type GIA. L'ennui c'est que ces voyous (les salafistes) grossissent leurs propres rangs par les brigands, les bandits de grands chemins et jouent la comédie de l'outrance au nom des préceptes salafistes qu'ils ne connaissent pas parce qu'ils sont profondément ancrés dans la culture de la métahistoire de l'Islam. Bien entendu le choc des cultures ne viendra pas des salafistes, mais de la part d'un certain imaginaire occidental cultivant l'islamophobie. Mais, il ne faut pas leur fournir de prétextes, de mobiles, pas plus que ceux qui détiennent le pouvoir occulte dans notre pays ne sauraient indéfiniment sommer Ali Laârayedh de leur trouver des mobiles. Hier, on a bien vu que rien ne s'est produit et que les forces de l'ordre se sont rationnellement déployées pour dissuader les fauteurs de troubles. Alors, plutôt que de le sermonner, laissons Ali Laârayedh faire son travail. Et c'est aux « siens » d'y réfléchir.