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« Nous demandons au ministère du Tourisme qu'il nous associe en amont à la prise de décision»
La FTAV tient son congrès annuel à Istanbul Mohamed Ali Toumi
Publié dans Le Temps le 28 - 09 - 2012

Les 700 agences de voyages tunisiennes emploient à ce jour quelque 8.000 personnes. Mais ces agences, maillon central de la chaîne touristique, sont aujourd'hui carrément menacées dans leur existence, au delà de la baisse de leur activité.
Mais cette fédération tient bon et essaie de booster notre tourisme. D'ailleurs elle tient actuellement son congrès annuel en Turquie. Ce congrès, le premier à l'étranger, se déroulera en partenariat avec la Türsab, l'Association turque des agences de voyages du 27 au 29 septembre 2012 à Istanbul. Mohamed Ali Toumi Président de la Fédération tunisienne des agences de voyages fait dans cet entretien le diagnostic de cette activité des voyagistes et trace une feuille de route pour l'avenir

Tout d'abord quel est l'état de santé du secteur des agences de voyages ?

La situation des agences de voyages n'est malheureusement pas encore au beau fixe, loin s'en faut. Elle diffère selon les activités. Au cours de l'été 2012, les agences de voyages réceptives n'ont pas chômé mais elles n'ont toujours pas réussi à revenir aux réalisations de 2010. Pour les billettistes, la situation est mi-figue mi-raisin à cause des conditions financières exigées par l'IATA (l'Association internationale du transport aérien) et également à cause de problèmes de transferts de devises au niveau de la BCT qui entravent l'organisation des voyages à l'étranger. De même, les agences de voyages spécialisées dans le tourisme d'affaires (le MICE) continuent de souffrir de la mauvaise conjoncture générale du pays. Vous savez très bien qu'aucune entreprise étrangère ne choisirait pour un congrès ou unincentive un pays marqué par une instabilité et par l'insécurité, car c'est l'image que donnent de nous les médias étrangers. Pour les agences qui opèrent sur la Omra, elles connaissent elles-aussi des difficultés avec leurs vis-à-vis et continuent à souffrir du monopole de cette activité.

Est-ce que vous avez réussi en tant que Président de la FTAV à résoudre certains problèmes qui entravent votre métier ?

Notre bureau a été élu il y a un peu plus d'un an et nous avons déjà traité nombre de dossiers. Certes pas tous, car la tâche est énorme et les problèmes qui entravent la profession innombrables. De toutes les façons, je suis conscient que les problèmes ne finiront jamais. Mais je peux vous dire que notre plus grande satisfaction est toute récente : nous venons de trouver un accord sur le dossier de « la caution ONTT ». Cela va alléger la pression sur nos adhérents. Concernant les cautions exorbitantes exigées par l'IATA, nous sommes aussi en cours de résolution du dossier par la mise en place d'un système qui peut aider les agences à se dégager de ce fardeau. Le mécanisme est cependant très compliqué et délicat, c'est pour cela qu'il nécessite beaucoup de temps et ne peut être exécuté en quelques mois. Nous avons travaillé également sur la réorganisation administrative interne, sur les relations entre notre fédération et ses adhérents, tout en œuvrant à repositionner la FTAV dans son milieu, c'est-à-dire avec l'administration et tous ses partenaires.
Permettez-moi tout d'abord de nuancer votre question. Les hôteliers sont nos partenaires indissociables et connaissent, pour la plupart, notre poids dans la balance touristique. Notre rôle n'est pas minimisé avec eux. Par contre avec l'administration, ce sont malheureusement d'anciens réflexes qui n'ont pas disparu après la révolution. Malgré leur rôle fondamental dans la chaîne touristique nationale, les agences de voyages sont souvent considérées comme le parent pauvre du secteur. Et pourtant, tout le monde sait les efforts consentis par les agences de voyages pour promouvoir la destination et diversifier les types de clientèle vers la Tunisie. Au dernier salon Top Resa / IFTM à Paris, je peux vous dire qu'il y avait autant d'agents de voyages que d'hôteliers. Tout le monde était sur place pour la même cause : promouvoir la Tunisie et œuvrer à ramener des touristes sur le court, le moyen et le long-termes.

Plusieurs voyagistes ne croient pas à votre corporation. A ce juste titre, vous ne pensez pas que la profession souffre d'un sérieux déficit de solidarité ?

Je ne partage pas votre affirmation et permettez-moi de l'ajuster en disant qu'une poignée de voyagistes ne croit pas en notre corporation et ils ne constituent qu'une infime minorité d'agents de voyages. Nous vivons en démocratie et ils sont libres de ne pas adhérer à la FTAV. Notre porte est cependant ouverte à tous et nous écoutons les doléances de tous les agents de voyages, pour peu que celles-ci soient logiques et prennent en considération les réalités du pays, de son tourisme, de son administration, etc. Si certains nous reprochent de ne pas avoir résolu tous les problèmes des agences de voyages, je regrette de leur dire que nous ne disposons pas de baguette magique. Et si nous étions tous parfaitement solidaires, nous serions encore plus forts pour résoudre nos problèmes et l'administration ne minimiserait pas notre rôle comme vous l'avez prétendu tout à l'heure. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons, en tant qu'agents de voyages, mettre la main dans la main et régler nos problèmes. Et en tant que nouveau bureau, nous méritons je crois que l'on nous accorde une chance de démontrer toute notre volonté de travailler en faveur de notre métier et ceci ne pourra se faire sans une solidarité réfléchie et affichée.

Pourquoi l'administration refuse -t-elle de se concerter avec les professionnels sur des questions qui engagent le devenir du secteur (restructuration, promotion...) ?

Le rôle de l'administration après la révolution est ambigu. Verbalement, on nous assure d'une étroite collaboration, mais dans les faits, nous constatons que les décisions fondamentales sont prises sans nous consulter par le ministère du Tourisme malheureusement. Parfois, ce sont de mauvais réflexes et parfois c'est une question de priorités. Nous l'avons dit et redit à maintes reprises avec nos partenaires de la FTH (qui sont dans la même situation que nous) : nous demandons solennellement au ministère du Tourisme de nous associer en amont de la prise de décision et si nécessaire changer tout texte ou loi qui empêche l'administration d'écouter la profession. Ce sont les agences de voyages qui accueillent les touristes et assurent leurs transferts et leur proposent les excursions pour leur faire découvrir tous les différents coins de notre chère Tunisie profonde et ce sont les hôtels qui les hébergent.

Mais vous cherchez toujours de l'assistance auprès de l'administration ?

Cela me fait rire d'entendre ce genre de réflexions. Là encore, cela fait partie des clichés qui datent du régime Ben Ali. Je tiens à rappeler que le budget de promotion de l'ONTT est alimenté par une taxe prélevée sur les agences de voyages et les hôtels. Il est donc normal que nous donnions notre avis sur les choix stratégiques en matière de marketing et de communication puisque c'est aussi notre argent. Il est donc logique que nous soyons exigeants et que nous demandions des comptes. Sinon, qu'on nous laisse voler de nos propres ailes et qu'on nous laisse bâtir notre autonomie financière. L'administration ne doit pas non plus, en cas d'échec, fonder ses excuses sur les organisations professionnelles. Pour réussir on a besoin d'administration forte certes mais aussi d'organisations professionnelles fortes et ce n'est pas possible d'atteindre cet objectif sans moyens financiers.

Pourquoi vous ne croyez pas aux chiffres présentés par l'administration ?

Nous n'avons jamais prétendu ne pas croire aux chiffres de l'administration. Si nous avons un point fort en Tunisie, c'est la bonne collecte des chiffres des entrées et des sorties des non résidents grâce au travail du ministère de l'Intérieur, un travail qui profite directement au tourisme. Par contre, nous déplorons le mauvais usage qui en est fait par l'administration, notamment pour ce qui concerne les taux de croissance de 2012 par rapport à 2011. L'année de référence qui est à utiliser actuellement dans le tourisme est 2010. Par ailleurs, nous ne sommes pas d'accord sur le fait que l'administration se base sur les entrées globales pour dire sa satisfaction. La lecture simple des chiffres ne peut pas refléter la vraie situation de notre secteur si elle n'est pas accompagnée d'une analyse spécifique qui explique la réalité économique loin de tout critère d'ordre politique.
Côté promotion, plusieurs professionnels évoquent la gestion unilatérale du budget marketing du tourisme, alors qu'ils y participent à hauteur de 1% de leur chiffre d'affaires. Qu'en pensez-vous ?
Je dirais que l'administration du Tourisme fait de son mieux. Elle compte dans ses rangs des compétences avérées mais manque de moyens humains et financiers. Pour ce qui est du 1% du chiffre d'affaires, seuls les hôtels y sont soumis. Les agences de voyages sont taxées sur le nombre de sièges dont elles disposent dans leur parc roulant. Encore une fois, j'estime que nous sommes en droit, en tant que professionnels, de demander où va notre argent et comment il est utilisé. Nous soutenons d'ailleurs l'idée de créer un organisme semi-étatique indépendant qui serait chargé d'élaborer la politique marketing et communication de la Tunisie à l'étranger. L'idée n'est pas nouvelle mais jusqu'à présent, aucun ministre n'a eu le courage de l'accepter.

Quel est votre regard sur le problème d'endettement du secteur?

C'est un problème qui touche l'hôtellerie et qui a un impact négatif sur le développement de notre secteur par rapport aux prix pratiqués et à la qualité de service proposée dans nos hôtels ; ce qui fait qu'il est très urgent aujourd'hui de résoudre ce problème en impliquant les professionnels eux-mêmes et les banques pour arriver à un compromis où l'administration jouera le rôle d'arbitre qui aura le respect de toutes les parties et elle saura trancher quand il le faudra en prenant en compte tous les aspects spécifiques de ce dossier.Chez les agences de voyages, ce sont celles de la région du sud-ouest qui sont particulièrement en difficultés financières au vu de la chute de l'activité touristique dans cette région. Ces agences sont en général endettées auprès des sociétés de Leasing chez qui elles ont acquis leur matériel roulant. Mais en l'absence de touristes, les bus et les 4X4 au garage ne peuvent pas être remboursés. Nous essayons tant bien que mal de leur trouver des solutions et je salue le courage et l'abnégation de mes confrères agents de voyages de la région du Djérid qui ne baissent pas les bras malgré une situation touristique catastrophique.

Est-ce que vous avez résolu le problème de la Omra ?

Nous travaillons avec les autorités sur la libéralisation de la Omra que nous avons revendiquée depuis des années et cela devrait se faire dans les jours qui viennent. Nous ne demandons pas la dissolution de la SNR, c'est un partenaire privilégié des agences de voyages tunisiennes. Nous allons mettre en place un cahier des charges qui protégera les intérêts de tout le monde et principalement le client final qui a souffert énormément de l'ambiguïté qui régnait autour de ce dossier. Je signale au passage qu'en octobre, nous allons tenir un grand séminaire sur le sujet pour dresser le bilan de la saison qui vient de s'achever et tirer les conclusions qui s'imposent en présence de tous les intervenants du secteur.

Concrètement quelle stratégie adopter pour booster le tourisme tunisien ?

Les maux du tourisme sont connus depuis des lustres (endettement, solvabilité, lois spécifiques au tourisme, diversification, incitation aux investissements, relations agents de voyages avec hôtels avec guides avec artisans, etc.). Les solutions sont connues. Il y a eu trois études stratégiques qui ont été effectuées ces 10 dernières années par des cabinets d'études internationaux qui nous ont proposé des solutions tout à fait réalisables. Ces études sont dans des tiroirs. Au niveau des agences de voyages, un cabinet vient d'effectuer à la demande de l'ONTT une grande étude sur « L'agent de voyage de demain ». Nous nous en félicitons. Notre secteur est en pleine évolution et en pleine mutation et nous ne manquerons pas de prendre en considération les recommandations car il s'agit pour nous aussi de savoir évoluer. Nous sommes également en faveur de l'ouverture du ciel pour diversifier notre clientèle touristique tout en préservant aussi les intérêts de notre pavillon national.

Finalement en tant qu'agent de voyages, comment évaluez-vous la saison touristique ? Comment s'annonce l'arrière saison ? Les derniers événements risquent-ils d'influer sur le booking en 2013 ?

Les 9 premiers mois de l'année ont été en dents de scie. Chaque soubresaut a été accompagné par un arrêt des réservations, voire par des annulations, puis par des reprises grâce au déploiement d'efforts, d'une part par les professionnels avec leurs partenaires T.O, et d'autre part par l'ONTT à travers des campagnes de publicité et de relations publiques. Ces efforts conjoints ont permis de sauver la saison été. Heureusement car dans les rangs des agences de voyages, beaucoup n'auraient pas survécu à une deuxième année de crise. Cependant, les derniers événements (l'attaque de l'ambassade US et les caricatures) risquent de coûter encore une fois très cher au tourisme qui est toujours le premier perdant dans ce genre de situations. L'arrière-saison risque d'être très difficile si la situation sécuritaire du pays ne se stabilise pas. On ne peut pas faire du tourisme dans un environnement instable !

Pourquoi tenez-vous votre prochain congrès en Turquie ?

Cette action s'inscrit dans les opérations d'internationalisation de la FTAV et de son ouverture sur son environnement international. Je vous rappelle que l'association turque des agences de voyages, la TURSAB, a été la première après la révolution à venir en Tunisie pour nous féliciter et nous offrir son soutien pour la relance après la crise de janvier 2011. Depuis, nous avons établi un partenariat très fort avec eux. Le thème de notre congrès est « Echanges d'expériences et de savoir-faire dans le tourisme méditerranéen. » Nos confrères agents de voyages turcs ont un modèle qui a réussi, nous en avons un aussi. C'est du benchmarking qui peut constituer un excellent levier de croissance pour notre secteur d'activité.
Propos recueillis


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