Hier a comparu au 13ème cabinet d'instruction, près le tribunal de première instance de Tunis, la jeune Mariem, avec son compagnon, pour répondre du délit d'atteinte à la pudeur en vertu de l'article 226 du code pénal. Dès neuf heures du matin des centaines de manifestants se sont rassemblés devant le palais de Justice, au boulevard Bab Bénat pour faire part de leur indignation, et se déclarer solidaires de la cause de cette jeune fille, victime de viol par les agents de l'ordre, et qui s'est retrouvée sur le banc des accusée, pour un délit dont elle se déclare innocente. Représentants d'associations féminines et de droits de l'Homme, juristes, avocats et membres de la société civile en général sont unanimes à dénoncer le crime de viol, perpétré en l'occurrence par des agents de l'ordre. Sur les pancartes que brandissaient les manifestants on pouvait lire : « Mariem, c'est ta sœur, ta fille, ton épouse ; Il est du devoir de chacun de la soutenir et de la protéger ! » ou encore : « Femme violée, Révolution volée ». La jeune fille était arrivée tôt au palais de Justice, en se cachant le visage avec un foulard noir, alors que son fiancé qui l'accompagnait avait mis également une grosse serviette sur sa tête pour cacher son visage. La jeune fille était dans un état psychologique assez critique, étant encore sous le choc, et ayant même tenté de se suicider, selon son fiancé, et ce qu'elle a elle-même déclaré abattue, au cours de son intervention à l'une des chaînes de télévision locale, pour relater le supplice qu'elle avait enduré.
Bref rappel des faits
Cette affaire a fait presque le tour du monde depuis le 4 septembre dernier, jour où l'intéressée soutenue par son fiancé a déclaré à la police qu'elle a été violée par un agent de l'ordre. Ce qui a suscité l'indignation générale de tous les jeunes et moins jeunes, aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger. La jeune fille a raconté que le jour des faits, alors qu'elle se trouvait dans la voiture de son fiancé, elle fut interpellée par des agents de l'ordre. Cette intervention de la police, pour un contrôle de routine au départ, pouvait s'expliquer, étant donné l'heure tardive et peut être la position équivoque selon les policiers, dans laquelle elle se trouvait dans une voiture avec son fiancé. Ce que démentira par la suite la jeune fille en déclarant qu'elle était assise le plus normalement du monde en compagnie dudit fiancé, et que cette accusation a été un prétexte pour occulter le viol dont elle a été l'objet par l'un deux, l'autre ayant entraîné son fiancé un peu plus loin pour lui faire du chantage dans le but de lui soutirer une somme d'argent chose qu'avait refusée le jeune homme. La victime transformée en accusée : Or les agents concernés ont nié au départ les faits, en déclarant de surcroît que le couple en question se trouvait dans une situation attentatoire à la pudeur, ce qui les a incités à intervenir.
Accusations réciproques
La jeune fille a surtout déclaré que l'agent qui l'avait violée, avait voulu détruire les traces établissant la preuve de ses méfaits, mais elle l'a esquivé et a pu garder les vêtements qui ont pu servir pour l'analyse ADN, laquelle a permis d'établir la véracité des déclarations de la victime. D'ailleurs c'est grâce au résultat de cette analyse que l'agent concerné a mis de l'eau dans son vin, en justifiant son acte toutefois par l'attitude provocante à ses yeux de la jeune fille. Ce qui est bien entendu tout à fait aberrant ! Cet agent a en quelque sorte, essayé de légitimer son acte par l'attitude de la victime, alors que rien ne peut justifier cet acte odieux et criminel. Le viol est considéré désormais par la Cour Pénale de Justice, comme étant un crime contre l'humanité. Surtout que le couple a nié formellement avoir eu une position excessive ou provocante. Mais l'agent, jouant le tout pour le tout, persiste et signe. Il maintient ainsi que son collègue qui l'accompagnait et qui a assisté aux faits, en essayant d'extorquer au fiancé de l'argent, que la position provocante du couple a justifié leur intervention.....et a incité également l'un d'eux à faire ce qu'il a fait à l'encontre de la jeune fille. Bien plus, l'agent en question a déclaré que la jeune fille était consentante, et c'était elle qui l'a provoqué en insistant lourdement, afin de ne pas être poursuivie avec son fiancé pour leur attitude contraire aux bonnes mœurs.
Devant le juge d'instruction
Le procureur a inculpé l'agent de police pour viol et son collègue pour complicité. Ecroués, ils ont été entendus par le juge d'instruction, en niant les faits d'abord. Mais devant une preuve aussi tangible : l'analyse ADN, ils ont reconnu en émettant une certaine réserve : l'attitude provocante du couple. De son côté la jeune fille et son compagnon ont été inculpés pour atteinte à la pudeur, en vertu de l'article 226 du code pénal punissant cet acte de 6 mois de prison. Devant le juge d'instruction ils ont nié les faits. Leurs avocats ont soutenu que l'accusation de leurs clients est non fondée, tant sur le fond que sur la forme. Outre le défaut de procédure, la défense invoque que cette accusation se basant sur le seul témoignage des seuls policiers accusés eux-mêmes de viol et complicité, est calomnieuse, et non fondée. Le juge d'instruction devant instruire à charge et à décharge, rendra son procès verbal de clôture dans quelques jours, au vu de tous ces éléments en son âme et conscience.