En l'espace de quelques jours, le Liban s'est enfoncé dans une configuration géopolitique qui risque d'avoir de très fâcheuses conséquences. Tout a commencé avec l'attentat meurtrier contre le général Wissam Al-Hassan, causant sa mort brutale. « Le martyr de la justice et de la vérité »,comme le proclamaient les affiches géantes dédiées au général assassiné, placardées sur la place des Martyrs, au centre de Beyrouth, où flottaient déjà ensemble les drapeaux libanais et ceux de la révolution syrienne, montre l'ampleur du désastre qui selon les propres termes du chef de l'Etat libanais constitue : « un attentat catastrophique ayant visé le chef d'un service de sécurité efficace ,qui a réussi à démanteler des réseaux terroristes et a découvert des réseaux transportant au Liban des explosifs ».Tous ces réseaux ne sont ils pas en étroite connivence avec le régime syrien ?
Confronté à une révolte qu'il essaye de mater depuis plus de dix huit mois, Bachar Al Assad ne cherche-t-il pas à transférer la douloureuse et sanguinaire crise syrienne au Liban ?
Les troupes syriennes qui ont stationné pendant plus de trente ans au Liban disposent toujours de partisans acharnés, peu soucieux de la stabilité politique du pays. Les immenses intérêts des partisans du régime syrien ont toujours fait l'affaire des fauteurs de troubles toutes tendances confondue au Liban. Cette situation rallume les rivalités dangereuses entre les partisans acharnés du régime syrien et l'opposition hostile à la Syrie qui ne cesse d'ailleurs d'exiger la démission du gouvernement dominé par le tout puissant parti chiite Hezbollah, proche de Bachar Al-Assad.
Vivre dans la peur :Tel est aujourd'hui le quotidien des Libanais. Une panique totale règne dans les rues de Beyrouth. La vie a totalement changé dans cette ville joyeuse en temps normal. Malgré les efforts de l'armée, déterminée à rétablir l'ordre et la paix, les enjeux trop importants, préludent d'un avenir sombre qui rappelle déjà les ravages de la guerre de 2006 .Cette épreuve très délicate et très difficile mérite d'être gérée prudemment .Surtout quand on sait que le voisin israélien n'attend qu'une simple goutte qui fasse déborder le vase pour semer la pagaille dans une région qui vit toujours sur un volcan.
L'attentat contre Wissem El Hassan risque de jeter le Liban dans une guerre fratricide pire que celle commencée ,il y a presque trente ans, le 23 octobre 1983,quand une première explosion d'un camion piégé, suivie d'autres, frappe le contingent des marines américains, provoquant la mort de 241 soldats parmi ces derniers. L'instabilité du pays du Cèdre pèse lourd sur l'échiquier du Moyen Orient. Les puissances occidentales qui comprennent parfaitement le jeu dangereux des autorités syriennes et de leurs alliés dans la région, notamment l'Iran et le Hezbollah ne devraient-elles pas réagir immédiatement et couper l'herbe sous les pieds des perturbateurs avant qu'il ne soit trop tard ?