Un accord en deçà des attentes ? Qu'importe. Car le bras de fer qui oppose Ennahdha à l'UGTT et qui a commencé pour durer, ne se terminera pas sous peu. Et dans toute cette pièce qui se joue, il ne faut surtout pas croire que l'UGTT en est sorti vaincu en annulant la grève du 13 décembre car la centrale syndicale ne se contentera, en aucun cas, d'un rôle de figurant, l'organisation travailliste étant toujours une meneuse de jeu...à moins que son adversaire soit, cette fois, un mauvais joueur. Abbassi n'aurait pas été aussi clair pour montrer que la centrale syndicale pose un ultimatum au gouvernement qui doit lui-même assumer son rôle de maintien de la sécurité et qu'aucune partie n'a le droit de s'acquitter de ce rôle. Et puis, on aura gardé à l'esprit cette parole du secrétaire général de l'UGTT qui dit « IL ne faut pas avoir la mémoire courte, ceux qui ont fait un bras de fer avec l'UGTT ont été évincé de la scène politique. L'UGTT y est resté. Ceux qui croient qu'ils vont délimiter le rôle de l'UGTT se trompent.» C'était hier lors de la conférence de presse ultra médiatisée du côté de la place Mohamed Ali où siège l'historique Union générale tunisienne du travail. Retour sur les faits qui ont fait brûler le torchon entre la centrale syndicale et le parti majoritaire de la Troïka qui dirige le pays. Pour le moment la centrale syndicale préfère tout juste décliner les raisons de la décision de la grève puis celle de son annulation conditionnée tout en indiquant dans la foulée les différentes acceptions de son accord conclu avec le gouvernement. Lequel, ne semble pas avoir l'unanimité au sein du comité administratif de l'UGTT qui l'a entériné mercredi soir avec un vote majoritaire. Houcine Abbassi ne fait pas dans la dentelle, cette fois, pour donner la version des faits de ‘'l'Ittihad'' et nommer les choses par leur noms. « Cens gens qui veulent à tout prix nous évincer et faire brouiller toutes les cartes de l'UGTT étaient là avant les élections du 23 octobre pour nous demander de jouer le rôle qui nous incombe dans le paysage politique. La politique a toujours était le fief de l'UGTT dont le rôle consiste à trouver un terrain d'entente entre des parties en désaccord. Mais on ne le répètera pas assez, nous ne sommes pas là pour lorgner des postes politiques mais pour veiller aux intérêts de notre pays. » a-t-il déclaré pour montrer du doigt ceux qui veulent déstabiliser l'UGTT. Abbassi a montré que « la fixation d'une date pour les prochaines échéances électorales est à l'ordre du jour de cet accord gouvernement UGTT. » Bras de fer UGTT, Ennahdha Le torchon brûle entre l'UGTT et Ennahdha et on n'a pas besoin qu'on nous fasse un dessin pour le comprendre. Houcine Abbassi ne tarde pas à revenir sur les faits et les raisons pour lesquelles ils ont décidé de cette grève du 13 décembre. « Les agressions du 4 décembre étaient la goutte qui a fait déborder le vase. Mais bon sang, on vient nous agresser devant chez nous et on nous demande après de raisonner. »dit-il non sans amertume avant d'expliquer que la raison d'Etat l'a emporté sur les raisons d'hégémonie. On aurait compris qu'on a bien évité un scénario grave qui payera cher à la sécurité du pays notamment du côté de ses frontières. Abbassi qui a élucidé la teneur de l'accord conclu entre l'UGTT et le gouvernement entériné par le comité administratif de l'UGTT a rappelé qu'il est question de créer une commission dans dix jours à partir de la date de signature de l'accord et dont le rôle sera de rédiger un rapport qui revient sur ces agressions et d'incriminer les agresseurs, au bout d'un mois. « Le comité administratif de l'UGTT jugera de la teneur de ce rapport et on prendra les décisions qu'il faut une fois le délai d'un mois sera écoulé. » fait remarquer Abbassi. Violence desdits ‘'Comités de protection de la Révolution'' Retour sur l'affaire des ‘'comités de la protection de la Révolution'' et les attaques contre l'UGTT du 4 décembre. Abbassi rappelle que le communiqué de la présidence du gouvernement montre que celui-ci atteste du fait que des aggressions ont été commises contre le siège de l'UGTT, les syndicalistes et les employés de la centrale. Sans oublier le communiqué du ministre de l'Intérieur qui note que les agresseurs sont des citoyens et des membres du ‘'Comité de protection de la Révolution''. Les agresseurs sont de ce fait montré du doigt et Abbassi ne cache pas son désagrément quant à cette attaque qu'il considère « programmée et structurée ». « Mais l'UGTT n'a pas réagi à cet acte crapuleux qu'après avoir constaté que la centrale syndicale est la cible d'attaques de ce genre depuis la tenue de son Congrès à Tabarka. Cela a commencé par la provocation des militants par les jets d'ordures devant des locaux de la centrale syndicale, cela a évolué lorsqu'on a décidé de la grève d'une journée des agents municipaux, chose qui s'est soldé par des attaques dans nos locaux dans différentes régions du pays. Le gouvernement nous a demandé de saisir la justice, laquelle a sanctionné d'un mandat de 4,800DT ceux qui se sont attaquées à la centrale syndicale. « C'est complètement aberrant et c'est la raison pour laquelle on a décidé depuis, de protéger nos locaux par nos propres moyens. » avance Abbassi qui a rappelé, bien avant, que des locaux de l'UGTT ont été embrasés à Ben Guerdane, Boussalem, Menzel Bouzelfa et Jendouba et qu'on leur a demandé de fournir les motifs d'incrimination d'une partie ou d'une autre dans cette affaire. « Sans oublier ceux qui ont voulu nous barrer la route quand on était sur le chemin de Hamma pour commémorer l'anniversaire de décès du militant syndicaliste Mohamed Ali Hammi ou Habib Achour. Le 4 décembre on était sur le point de célébrer le 60 ème anniversaire d'assassinat du leader Farhat Hachad. Les agresseurs ont dépassé toutes les limites en scandant des slogans qui appellent à la purgation de l'UGTT. Mais nous sommes une centrale syndicale dont les membres du bureau sont élu démocratiquement, et seules des élections peuvent les écarter. » commente-t-il. Le détonateur est actionné Lesdits ‘'Comités de protection de la Révolution'' travaillent en tandem avec des prédicateurs dans les mosquées. C'est ce que Abbassi a expliqué, par ailleurs, en montrant que les prêches détonants des derniers jours ne sont pas des cas isolés. Et si le détonateur est actionné, Abbassi croit dur comme fer que le gouvernement doit s'acquitter de son rôle envers le citoyen pour maintenir la sécurité et qu'aucune partie ne doit se l'attribuer. « Et si la cause de la grève était la violence, nous pouvons l'éradiquer par un dialogue avec le gouvernement et avec les partis politiques. » fait-il remarquer.