Fureur de vivre et douceur d'aimer, jusqu'au naufrage, entre chien et loup, entre espoir et détresse, mais au milieu il y a toujours la vaste mer...Neila Gharbi écrit toujours à « fleur de mots », titre ô combien prédestiné de son premier recueil en poésie où déjà, la langue enlace amoureusement le désir d'enfanter un rêve, qui soit plus puissant que l'appel de sirènes, qui ne peuvent que trahir. Ici, l'atmosphère marine est là, pour montrer encore plus, si besoin est, l'étendue de la déchirure. Cela commence par un jeu d'enfant, comme bâtir un château sur le sable, et cela finit, emporté par les flots, sur un fragile esquif qui ne franchira nulle frontière que celle qui relie l'être, et avoir été. Qui pleurera ces naufragés du petit matin sombre qui ne connaîtra point d'aurore ? « Ce que la mer m'a dit » (édité par SeptiemArt, revue de culture par le film), deuxième immersion en poésie de N. Gharbi, vous plonge d'emblée dans une ambiance mi-lumineuse, comme un éclair de vague éclaboussé par le soleil, mi- sombre comme un rappel des nuits désertées par le sommeil, avec marée basse sans concession, et la soif au bout du voyage, et le repos dont on ne revient pas, la marée- haute ayant avalé la blancheur blafarde et coupante d'une lune qui aura été la dernière vision de tous ceux qui se sont accrochées à ses mailles invisibles, mais n'ont pas réussi à accoster un jour. Il n'y aura pas de réveil dans une douceur d'aube claire, mais c'est fou ce que les images, débridées et libres, rebelles et jamais sereines, vous prennent comme un désir violent, que ne pourra éteindre aucune vague. Amoureuse, langoureuse, pleine de ressac, la poésie libre de l'auteur de ce petit recueil de quelque 75 pages, quadrille l'horizon dans tous les sens, jusqu'au retournement des sens. Et la mer n'est jamais loin... Car, il est dit que « C'est dans les horizons impurs, que les pinacles des montagnes se cachent le mieux pour mourir, que les cours de la mer versent leurs larmes, que le poète tait sa douleur rebelle, sa plume une plaie, que ni les remèdes ni le temps, ne peut renfermer ».