Le syndicat crie à la supercherie Les enseignants du secondaire ont entamé, hier, une grève de deux jours en signe de protestation contre les résultats «décevants» des négociations lancées avec le ministère de l'Education sur les revendications de la corporation. Les enseignants ont ainsi répondu à un mot d'ordre de grève lancé par le syndicat général de l'enseignement secondaire rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Ce syndicat qui compte près de 50.000 affiliés a annoncé, hier, un taux de participation à la grève de plus de 93%. “ Les enseignants ont massivement participé au débrayage selon les statistiques établies dans les diverses régions du pays. Nous estimons le taux général de suivi de la grève à entre 93 et 95%", a annoncé le secrétaire général du syndicat Lassâad Yaâcoubi lors d'une conférence de presse tenue hier en début d'après midi au siège de l'UGTT. Et d'ajouter : “A travers cette forte participation qui a même dépassé nos prévisions, les enseignants ont visiblement voulu répondre aux allégations du ministre de l'Education". Le responsable syndical a également fait savoir que des agents de l'ordre ont demandé, hier, aux directeurs de certains établissements éducatifs secondaires de leur fournir des listes comprenant les noms des enseignants ayant participé à la grève. Il a , d'autre part, rappelé que les négociations qui ont eu lieu ces derniers jours avec des représentants du ministère de l'Education ont abouti à des résultats qui restent en deçà des aspirations des enseignants. Revendications M. Yaâcoubi a également fait savoir que la commission administrative du syndicat devrait se réunir ce week-end pour programmer de nouvelles activités revendicatives. Dans les coulisses, on parle déjà d'une grève administrative. Les principales revendications des enseignants du secondaire sont à caractère financier. Il s'agit essentiellement de l'augmentation de la prime de la rentrée scolaire, de l'allocation d'une prime dite «prime de pénibilité de la profession» au profit de tous les enseignants, la révision des montants des augmentations salariales liées aux promotions. Les enseignants réclament également la généralisation de l'octroi des bourses universitaires aux enfants des enseignants du secondaire et la possibilité de partir volontairement à la retraité à l'âge de 55 ans. Ils réclament aussi la révision à la hausse des indemnités de supervision et de correction des examens. D'autres revendications sont d'ordre règlementaire ou pédagogique. Il en est ainsi pour la révision de la représentativité des professeurs au sein du conseil de l'établissement éducatif, l'intégration de tous les enseignants intérimaires et la régularisation de la situation des professeurs qui ont bénéficié de l'amnistie générale. Regrets Le ministère de l'Education a , quant à lui, exprimé , dans un communiqué publié dimanche, «ses regrets de n'être pas parvenu à un accord avec le syndicat permettant d'annuler la grève prévue les 22 et 23 janvier». Dans ce communiqué, le ministère affirme avoir répondu favorablement à la majorité des revendications du syndicat dont le coût financier est évalué à plus de 65 millions de dinars. Il s'agit du doublement de la prime pour les fournitures de rentrée scolaire et de l'abaissement de l'âge de la retraite de 5 ans avec bonification. Le ministère souligne le souci d'accélérer l'application des précédents accords relatifs à l'avancement professionnel et à la baisse graduelle des heures de travail à compter de septembre 2013. Il précise que les revendications du syndicat relatives à une nouvelle prime de pénibilité de travail et le doublement des primes d'avancement pourraient engendrer un coût de l'ordre de 241 millions de dinars, soit l'équivalent de 1% du budget de l'Etat. “Même s'il est dans l'impossibilité de donner suite à ces deux dernières revendications, le ministère reste ouvert au dialogue, proposant la fin du mois de juillet 2013 comme date pour le lancement des négociations sur ces deux points de litige", ajoute le communiqué , qui réaffirme la volonté des autorités de tutelle d'améliorer les conditions matérielles et morales des enseignants et de préserver la paix sociale. “Supercheries" En réponse au ministère, le syndicat général de l'enseignement secondaire a exprimé «son regret du contenu du communiqué du ministère de l'Education» qui comporte, selon lui, des «supercheries». Dans son communiqué, le syndicat a évoqué «l'échec des négociations sur tous les plans» imputant «l'entière responsabilité de la grève des professeurs les 22 et 23 janvier 2013 au ministère de l'Education». Le même communiqué souligne que «les précisions du ministère de l'Education sont erronées» signalant que «l'accord sur la baisse des heures de travail n'a aucun fondement» et que «toutes les suggestions formulées par le ministère au cours des dernières négociations ne sont qu'une annonce de l'élaboration d'un projet juridique pour la réduction des heures de travail qui sera soumis au Conseil des ministres dans les plus brefs délais». Sur ce point, le syndicat a précisé que «l'accord de principe du ministère est une preuve qu'il a refusé d'appliquer les accords conclus dans ce sens le 21 octobre 2011». En ce qui concerne la réduction des heures de travail des enseignants et de l'abaissement de l'âge de la retraite de 5 ans avec bonification, le syndicat a précisé que «cette baisse qui constitue une nécessité urgente vu la pénibilité du travail offrira plus de 5 mille postes d'emploi supplémentaires pour les diplômés au chômage en 2013 et plus de trois mille postes d'emplois supplémentaires annuellement à partir 2014». Au sujet de la revendication de la prime de «métier pénible» que le ministère a considéré comme nouvelle requête n'ayant pas dépassé les deux mois, le syndicat a indiqué que «cette demande a été fixée en vertu de la motion professionnelle émanant du congrès du syndicat général au mois de janvier 2010» faisant savoir que «des négociations ont été entamées à ce sujet avant et après la révolution».