«La situation au Mali et ses implications sur le Maghreb», est le thème d'un atelier de travail dont les travaux ont démarré hier à Tunis. Organisé à l'initiative de l'Observatoire arabe des religions et des libertés et la Fondation Konrad-Adenauer, l'atelier de travail se propose d'examiner la situation actuelle au Mali et de réfléchir sur ses implications sur le Maghreb en général et sur la Tunisie en particulier. «Aujourd'hui, un grand nombre de jeunes Tunisiens sont partis au Mali et plusieurs y ont même trouvé la mort. Ils sont enrôlés dans le Djihad et sont impliqués dans des conflits dont ils ne comprennent pas la vraie nature », a indiqué le président de l'Observatoire des religions et des libertés Mohamed Haddad, à l'agence TAP, appelant le gouvernement à intervenir pour stopper ce « fléau ». «A l'heure actuelle, il convient de bien analyser la situation au Mali et ses répercussions sur le Maghreb et notamment la Tunisie à travers la Libye et les frontières algériennes», a mis en garde M.Haddad, citant la drogue et le terrorisme comme principaux risques pouvant menacer la région maghrébine. «Nous sommes également confrontés à un redéploiement des activités d'Al Qaida dont l'Afrique est la plus prochaine cible ainsi qu'à une nouvelle forme de wahabisme sauvage», a-t-il averti, évoquant la possibilité de voir le Mali se transformer en «Afghanistan de l'Afrique». Beatriz Mezaj, journaliste et chercheur espagnole de retour du Mali a considéré que «l'Europe se trouve aujourd'hui face à des barons de la drogue qui utilisent la religion comme instrument». «La drogue est la première source de financement des djihadistes et le moteur économique de toute la région subsaharienne», a-t-elle soutenu. Pour sa part, Ridha Tlili, président de la Fondation Ahmed Tlili pour la culture démocratique et la justice sociale, a relevé que «l'avenir du Maghreb se joue aujourd'hui au Sahara». D'après lui, plusieurs facteurs interviennent pour analyser cette situation dont l'existence d'Etats territoriaux et non nationaux, la non résolution du problème du Sahara et la poursuite des conflits entre les voisins et les riverains du Sahara. Le conférencier cite également l'effondrement de la démocratie au Mali, l'armée des djihadistes envoyés d'Afghanistan et du Pakistan depuis 2005, l'existence d'armes très sophistiquées et efficaces dans la région, la prospérité de l'industrie des enlèvements (on estime à 150 millions d'euros l'argent gagné en prenant des otages ) et l'incapacité de comprendre le fonctionnement réel du système. Lors de cette rencontre qui se poursuivra durant deux jours, des experts et spécialistes tunisiens et étrangers étudieront des questions se rapportant à la crise malienne et ses conséquences, au radicalisme religieux et aux nouvelles données stratégiques dans la région du Sahel. D'autres sujets seront examinés dont les rapports arabo-africains, la Libye dans la crise actuelle et le mouvement wahabite, histoire et doctrine.