La suppression des subventions des produits alimentaires accentue la pauvreté de 3,6 % La population pauvre (15% de la population) ne profite que de 9,2% des subventions Un pauvre bénéficie annuellement de 64 dinars comme subvention de produits alimentaires, contre 87 dinars alloués à un individu non pauvre. Un constat tout d'abord. Sur un total de 888 millions de dinars alloués à la subvention alimentaire, les familles pauvres n'ont profité que de 107 millions de dinars. C'est dire, que le système actuel de compensation dans son caractère universel ne profite pas aux pauvres. Chiffre à l'appui. Selon l'Institut Nationale de la Statistique 60,5% des subventions vont aux ménages de la classe moyenne alors que les ménages pauvres ne bénéficient que de 9,2% des subventions. La population riche bénéficie à hauteur de 7,5%. Le reste des subventions (environ 22,8% l'équivalent de 262 millions de dinars) est transféré hors ménages (cafés, restauration, touristes, commerce illégal transfrontalier). Ces chiffres étaient présentés dans le cadré d'une étude sur la performance du système des subventions en Tunisie. Etude, élaborée par l'Institut national de la statistique (INS) en collaboration avec le Centre de recherches et des études sociales (CRES) et la Banque africaine de développement (BAD). L'objectif étant de mettre en exergue les lacunes du système actuel de la subvention. Système qui devrait être réformé pour rendre de plus en plus les subventions équitables et favorables à la population ciblée (pauvre) qui représente environ 15% des Tunisiens. Toujours selon les chiffres de cette étude, la suppression des subventions aux produits alimentaires de base, va provoquer une augmentation de 3,6% de pauvreté. C'est dire que les Tunisiens pauvres seront de plus en plus nombreux. Tout compte fait, 400 000 individus de la classe moyenne vont se trouver pauvres en cas de suppression des subventions allouées aux produits alimentaires de base. Dans tel cas, le taux de pauvreté serait ramené, à court terme, de 15,5% à 19,1%. Cette augmentation serait plus forte en milieu rural, passant de 22,6% à 27,6%. Solution ? Les statistiques avancées par l'étude précitée, laissent dégager l'utilité de réformer le système actuel de compensation. Les responsables de l'INS, indiquent que le meilleur système consiste en la redistribution directe et égalitaire des montants alloués aux subventions aurait un impact positif à la fois sur la pauvreté et la pauvreté extrême. Histoire de dire que le système des subventions actuel est moins performant que le système le plus primitif dont le transfert des subventions est direct et unique à l'ensemble des citoyens. Les recommandations des analystes de l'INS semblent conformes à d'autres avis des spécialistes qui préconisent une politique de ciblage des subventions au lieu d'appliquer un système universel de subvention. Sur les colonnes du Journal « Le Temps », (voir supplément économique n° 64 du 8 janvier de l'année en cours), nous avons évoqué l'utilité de réformer le système actuel de compensation. En fait, l'ouverture sur les expériences internationales s'avère d'une grande utilité. Les expériences Brésilienne, Mexicaine et même Indonésienne en matière de compensation et de sécurité alimentaire sont reconnues comme un modèle à suivre. Ces expériences se reposent sur un système de ciblage des subventions (politique de ciblage pratiquée au moins dans une trentaine de pays). Un système qui se base sur un transfert monétaire ciblé au lieu d'une aide généralisée, une sorte d'aides à la carte aux profits des pauvres. Une aide conditionnée à certaines obligations d'éducation, de santé...Chaque famille pauvre, par exemple, a le droit à une subvention mensuelle. Serait-ce évident pour ce nouveau gouvernement ?