26,88 % des blessés atteints par la chevrotine au niveau des yeux Plus de la moitié des blessés sont des jeunes âgés entre 15 et 30 ans. Utilisation intensive et illégale du gaz lacrymogène, deux cas de fausse couche, agression des journalistes, envahissement de l'hôpital régional de Siliana, utilisation anarchique de la chevrotine, des cas de blessure auprès des agents de sécurité... Il s'agit là des résultats de l'enquête sur les événements survenus à Siliana -à la fin de l'année dernière – et qui ont été présentés hier, lors d'une conférence de presse, assurée par la commission indépendante formée par le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES). Des mois après les événements historiques survenus dans la région de Siliana, la Commission indépendante formée dans ce sens par le FTDES a présenté son rapport final tout en proposant des recommandations aux acteurs de la société civile ainsi qu'aux autorités au pouvoir. Objectif : aider les différents intervenants à établir la stabilité dans la région et garantir le développement et le respect des droits humains aussi bien des blessés que des différents citoyens. Dans ce cadre, la commission a recommandé de réparer les préjudices aux différentes victimes tout en leur garantissant une prise en charge médicale, psychologique et sociale. La commission a également conseillé d'assurer des sources de travail aux différentes personnes atteintes lors des événements tout en demandant des comptes aux parties qui étaient derrière ces actes. Réformer le système de sécurité Par ailleurs, la commission a insisté sur l'importance à réformer le système de sécurité de manière générale, et les structures de la Sécurité intérieure de manière plus particulière. « La mise en place d'une stratégie de réforme intégrée est susceptible d'établir une sécurité républicaine authentique », recommandent les membres de la commission. Ce n'est pas tout. Dans le même contexte, les membres de la commission ont insisté sur la nécessité de renforcer les équipements logistiques des agents de sécurité tout en leur offrant les moyens et les mécanismes nécessaires pour qu'ils soient capables d'appliquer les textes de loi en vigueur et non pas les consignes ou les ordres des responsables. D'autres recommandations ont été formulées dans ce cadre à savoir : la révision du système de recrutement dans les différentes spécialités de la sécurité, la généralisation de la formation des agents sur la base des principes de la sécurité républicaine basée sur le service des citoyens et le respect des libertés et des droits de l'Homme. Le renforcement du travail syndical et l'arrêt de toutes les formes de harcèlement contre les syndicalistes, la révision des textes de loi régissant le secteur et la mise en place d'un code de déontologie ont été également parmi les recommandations formulées par la commission. Pour ce qui est du volet sociopolitique et économique, la commission conseille de nommer des responsables indépendants capables de diriger un dialogue avec les différentes composantes de la société civile sans exception. Renforcer l'infrastructure dans la région, établir un calendrier de rencontres entre les acteurs de la société civile et les dirigeants régionaux pour améliorer le développement dans la ville, ce sont en fait d'autres recommandations proposées par les membres de la commission. Il est clair que la commission a fourni un grand effort pour enquêter sur les événements survenus à Siliana et qui ont coûté très cher à quelques manifestants. D'ailleurs, 173 blessés ont été récences dans le rapport entre le 27 novembre jusqu'au 1er décembre 2012. La plupart ont été atteints par la chevrotine au niveau du visage, soit 27,29 % et des yeux, 26, 88%. L'enquête a démontré aussi que la majorité des blessés sont des jeunes âgés entre 15 et 30 ans, soit plus de la moitié. D'ailleurs, 72,09 % des blessures ont eu lieu le deuxième jour, démontre l'enquête. Ce n'est pas tout. Les enquêteurs ont présenté des chiffres sur les agents de l'ordre atteints lors de ces événements. Au total 134 agents ont été blessés à Siliana entre le 21 novembre et le 5 décembre 2012. A peine quatre mois après la fin des événements à Siliana, la commission formée dans cet objectif a présenté son rapport pour donner une idée sur les dégâts enregistrés auprès des manifestants insatisfaits de la réaction des autorités de tutelle. Présents lors de la conférence de presse, quelques blessés ainsi que des membres de leurs familles n'ont pas hésité à exprimer le mécontentement des services assurés à tous les niveaux. Ces services restent en deçà des attentes des blessés, surtout que certains n'ont même pas les moyens de se déplacer à la capitale afin de se soigner ou de se procurer les médicaments prescrits.