La Tunisie est l'une des principales pourvoyeuses en « Jihadistes ». Les destinations de prédilection actuelles sont la Syrie et le Mali avec, toutefois, une préférence pour la première où le nombre de nos jeunes est beaucoup plus important que dans le second, et cela pour plusieurs considérations. Il y a, tout d'abord, les affinités avec ce pays frère et qui sont à la fois d'ordre religieux et identitaire. Cette plateforme commune est cimentée davantage par ce qu'on appelle le printemps arabe qui agit comme un charme sur les esprits qui s'envolent au-delà des frontières qu'ils rêvent d'ébranler pour donner à leurs territoires enfermés plus de densité et y intégrer plus de facteurs unificateurs. Cependant, ces rêves ne sont pas homogènes, pour les uns, il s'agit de restaurer l'empire des califes, pour les autres, il est question d'élargir les confins du monde arabe. Les méthodes de mise en œuvre de ces projets antithétiques par ces deux groupes sont, également, différentes : les premiers recourent au jihad et à l'effusion du sang, les seconds, à l'action populaire militante et pacifique. L'ombre d'une complicité Mais si cette tendance est spontanée et ne dépasse pas la simple sympathie vis-à-vis de ce qui se passe ailleurs dans les pays frères au nom de l'appartenance culturelle, il en est tout autrement pour l'autre tendance. En effet, au-delà de toutes ces considérations relatives aux affinités et aux desseins qu'on vient d'énumérer, elle est provoquée et alimentée par des agents influents aussi bien politiquement que financièrement. Il est dorénavant établi, ces réseaux de la mort qui acheminent nos enfants vers la Syrie et ailleurs sont montés par le « congrès national syrien » en collaboration avec des fondamentalistes religieux tunisiens dont certains dirigeants de Ennahdha et financés par le Qatar. C'est ce que le jeune journaliste de « Tanit press », Ahmed Nadhif vient de révéler sur le plateau de 9h Soir, lundi dernier. Ces informations, il les détient de l'un de ces négociants de l'enfer. Les réseaux en question ont été mis en place au mois d'octobre 2011, et depuis, ils sont gérés par les Tunisiens dont l'identité est déclinée et qui perçoivent, toujours selon la même source, une somme, dont l'estimation est différemment fixée, en contre partie de tout jeune embrigadé. La décision politique de rompre les relations diplomatiques avec la Syrie laisse soupçonner une certaine complicité d'au moins une parti des autorités tunisiennes dans l'organisation de ces réseaux d'autant plus que, comme on vient de le souligner, ils sont créés et gérés par le « congrès national syrien » et des dirigeants du principal parti au pouvoir, financé par les Qataris et bénéficie de l'aide logistique des Turcs qui accueillent chez eux ces jeunes « jihadistes » avant de les faire entrer en Syrie. Il s'agit là des partenaires privilégiés du régime tunisien qui, ne l'oubliant-le pas, a tenu un « Congrès des Amis de la Syrie » juste à son accession au pouvoir, au mois de février 2012. Il a fait de cette question extérieure une priorité, à un moment où son attention, toute son attention devait se diriger vers l'intérieur. Ces soupçons sont renforcés par la nonchalance du gouvernement qui ne bronche pas et ne fournit pas la moindre information faisant comme si de rien n'était, alors que des journalistes et des individus tels que les frères des deux jeunes enrôlés dans les réseaux de la mort, les deux Hamza Saïdi et Rejeb que même le grand handicap physique n'a pas épargné, ont tout dévoilé. Est-il logique que deux simples citoyens puissent suivre la trace de leurs frères pas à pas et heure par heure et connaître les noms de tous ces trafiquants de vies humaines, et que l'Etat soit incapable de le faire ? Les vendeurs de l'apocalypse Il est difficile d'interpréter le silence des autorités concernées par ce trafic ignoble autrement que dans le sens de la complicité. Mohanned Zaïer, l'autre journaliste de « Tanit Press », a évoqué, dans son intervention sur le même plateau de télévision, la question du faux passeport dont s'est servi le jeune Yassine, âgé de 22 ans, pour partir au jihad en Syrie et dont la maman en a révélé l'affaire lors de l'émission « Labès » animée par Naoufel Ouertani. Veut-on nous persuader que notre pays est devenu aussi poreux qu'un pays comme la Somalie ? On n'est pas crédules, car on sait très bien que notre police de l'air et nos forces douanières sont bien compétentes et ne se laissent pas piéger par de telles manœuvres frauduleuses, à moins qu'elles ne soient doublées ou qu'il n'y ait des ordres qui leur soient intimés. Parce qu'on se rappelle très bien ce qu'a dit, il n'ya pas longtemps, Hamma Hammami à propos de ces jeunes qu'on fait transiter par l'aéroport de Tunis-Carthage. Il a parlé d'un brave officier de douane qui a interdit à l'un de ces jeunes d'effectuer ce voyage de l'enfer et qui a expliqué à lui et à sa femme, Radhia Nasraoui comment ils bénéficient tous d'allocations touristiques allant de 600 à 900 dollars. Ce douanier leur a dit « on les empêche de voyager, car on veut qu'ils restent en vie ! » Malheureusement, son souhait et celui de la quasi-totalité des Tunisiens se trouve contré par ces vendeurs de l'apocalypse qui arrachent nos jeunes à leurs familles et à leur pays pour les jeter dans la gueule du loup...