Abdallah Laabidi : la Tunisie vit dans l'isolement depuis des années    Expatriés : Elias Saâd dans le ghota allemand    El Amra : des affrontements entre Subsahariens font plusieurs blessés    Jeux olympiques – Liste des participants-réfugiés : De la crédibilité du CIO !    Golf – Finale du championnat de Tunisie des jeunes : La parade des favoris    Affrontements entre les supporters de l'EST et la police    Kais Saied examine la loi bancaire équilibres financiers avec la ministre des finances    Météo : Temps partiellement nuageux sur la plupart des régions    La Tunisie est-elle prête à accueillir l'été ?    Un mandataire judiciaire à la tête de Sanimed    La Tunisie commémore le 76e anniversaire de la Nakba    Kais Saied affirme l'égalité de tous devant la loi    Hichem Ajbouni : Kaïs Saïed n'a pas attendu l'enquête et a prononcé son jugement !    Riadh Zghal: Menaces sur le capital humain national, le développement et la démocratie    Kais Saied : Priorité à l'harmonisation du travail gouvernemental    Baisse de la production nationale de pétrole brut et gaz au premier trimestre    « Faites-vous plaisir » dans l'un des hôtels Iberostar en Tunisie    Premier trimestre 2024 : l'économie tunisienne enregistre une croissance de 0,2%    France : Mobilisation à Paris pour la Palestine à l'occasion de la Nakba    Visite d'Etat en Chine : Premier voyage international de Vladimir Poutine après sa réélection    Tunisie – PIB: Une croissance de 0,2% au premier trimestre    Météo: Températures en hausse et pluies éparses dans certaines régions    Les avocats décrètent, de nouveau, une grève générale nationale    Tunisie : Le Président Kais Saied souligne l'importance du respect de la loi pour la sécurité nationale    Nakba 1948, Nakba 2024 : Amnesty International dénonce la répétition de l'histoire    Diffusion inappropriée : La Télévision tunisienne s'excuse    Ligue 1 pro – LNFP : l'Espérance sort du silence et l'USMO fera appel (vidéos)    Urgent : Une secousse sismique secoue le sud-ouest de la Tunisie    Pour la énième fois, les boulangers appellent l'Etat au décaissement de leurs dus    Le roi Charles III dévoile son premier portrait officiel    Les pâtisseries traditionnelles libérées du fardeau des taxes    Carthago Delenda Est : la locution imprimée sur le T-shirt de Zuckerberg qui a offensé les Tunisiens    Le drapeau Tunisien pourra de nouveau être hissé aux JO et dans les compétitions internationales    Siliana: Un mort et cinq blessés dans un accident de la route    Festival de Carthage: Les préparatifs avancent à grands pas    Coupe Arabe : Le Qatar accueillera les 3 prochaines éditions    Sécurité et souveraineté alimentaires en Tunisie | L'objectif : répondre aux besoins du citoyen par nos propres ressources    Barrages : Le taux de remplissage ne dépasse pas 34%    Mark Zuckerberg : Carthage doit être détruite !    Tunisie: Le t-shirt de Mark Zuckerberg enflamme les réseaux sociaux    À la Galerie Selma-Feriani : Image, récit et représentation    Vient de paraître – «Kef Al Ajayeb » de Bahri Rahali : Le mont des merveilles !    «Revival», nouvel album de Gultrah Sound System : Une authenticité renouvelée    Le conseil de la concurrence inflige une amende de 20 millions de dinars à la SFBT    Météo de ce mercredi: Des températures jusqu'à 44°C dans certaines régions    Abdelaziz Kacem: De «Genocide Joe» à Meyer Habib, dit «Le Phacochère»    Le Drapeau Tunisie de retour à l'intérnational avec la fin de l'affaire Antidopage    Des artistes Tunisiens au Québec en Tunisie dans une exposition conjointe à Montréal    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La belle et la bête
Théâtre « La leçon » de Ghazi Zoghbani
Publié dans Le Temps le 03 - 04 - 2013

Eugène Ionesco est sans doute l'un des auteurs le plus adapté au théâtre. Ses œuvres sont devenues de grands classiques. Son théâtre est ancré dans la réalité sociale et culturelle de son époque mais qui est resté très actuel. L'autre soir, l'espace Artisto sis, rue de Damas, nous gratifiait d'une représentation d'une pièce "La leçon" adaptée par Ghazi Zoghbani, d'après le texte du même titre d'Ionesco.
Il s'agit de l'histoire d'un vieux professeur qui reçoit chez lui une jeune bachelière pour lui donner des cours. Au fil du temps, les cours augmenteront en difficulté et l'élève ne comprendra plus le maître, qui deviendra de plus en plus agressif, tandis que la jeune élève va devenir petit à petit un objet mou, inerte, épuisé.
Un fossé de connaissances les séparera finalement et c'est le maître qui finira par tuer son élève. À noter que cette élève sera la 40ème victime du maître de la journée.
La pièce tourne sur la question du pouvoir qu'exerce le maitre sur son élève. A partir de situation banale, Ionesco puise dans le comique notamment au niveau de la langue pour tourner en dérision l'ambiance qui aussitôt tournera au cauchemar selon les règles parfaites de l'humour noir. Ionesco, auteur roumain né en 1909 et mort en 1994, a écrit "La leçon" en 1950, la même année que sa première œuvre dramatique "La cantatrice chauve". Ses œuvres se caractérisent par le non-sens et le grotesque mais recèlent une portée satirique et métaphysique.
Ghazi Zoghbani, qui a déjà mis en scène "La cantatrice chauve" du même auteur-dramaturge, tente d'être fidèle au texte original en mettant en relief tous ses contours. Utilisant le dialecte tunisien, le metteur en scène a traduit le texte d'Ionesco en lui donnant une actualité proche des préoccupations des spectateurs tunisiens.
Deux personnages antagonistes interprétés par Nooman Hamda et Syrine Belhédi, ainsi qu'un valet Néjib Ben Khalfallah dont les apparitions sont limitées, forment ce monde clos où les valeurs sont déterminées par le degré de savoir et de connaissances de chacun. Cela apparait dans les tenues vestimentaires de chacun des protagonistes. Le prof austère dans son costume de couleur foncée et la jeune élève pimpante dans sa robe fleurie.
La tension entre les deux protagonistes monte au fur et à mesure qu'évolue la leçon. Sereine au début, elle deviendra coléreuse, pour atteindre à la fin une brutalité inattendue. Le verbe donne plus de pouvoir au professeur et révèle ses désirs refoulés. Le cours dévie de ses objectifs et prend des allures de plus en plus dramatiques.
L'élève qui dominée au départ par son dynamisme, sa fragilité et sa naïveté devient sous le charme obnubilant du maitre, passive et consentante. Elle sent à un moment peser sur elle une menace inquiétante qu'elle incarne par un mal de dents insupportable. Son consentement aux demandes du prof montre ses limites et son inconscience par rapport aux intentions pernicieuses de celui qui deviendra son agresseur.
Le prof lui, imbu du savoir qu'il détient, n'arrive pas à contenir ses émotions et perd son contrôle et le laisse choir dans une puissance dont il prend conscience petit à petit. Il passe ainsi tour à tour de l'état d'emprise sous le charme de l'élève à un stade dépressif qui le conduit à la domination de sa victime.
Progressivement, la pièce prend une tournure tragique chorégraphiée par le metteur en scène en une danse érotique, le tango, qui évolue vers la corrida où le bourreau poursuit sa victime jusqu'à l'effondrement qui conduit au meurtre. Pris dans un engrenage impitoyable le prof retrouve sa personnalité à la fois ange et monstre.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.