Face à la détérioration désolante des vestiges du passé et de notre patrimoine architectural moderne, sans qu'il y ait le moindre effort gouvernemental pour la restitution et la sauvegarde de notre mémoire collective, l'action associative, outrée, tente bien que mal, d'y remédier. Après l'initiative associative de l'AMIS (Association de Mégrine pour l'Innovation et la Sauvegarde du Patrimoine), qui a organisé une exposition photographique sur le patrimoine architectural de Mégrine, c'est le tour, aujourd'hui, à l'association écologique «Pour une Tunisie Propre et Verte» de lever le voile sur un édifice architectural et naturel centenaire métamorphosé en débarras et infesté d'ordures. Il s'agit de l'ancien Lycée de Jeunes Filles de Mongil. Lycée Radès Mongil, merveilles et désolations Bâti en 1834, l'édifice était le palais de Gilles Pelletier surplombant toute la ville de Radès. Devenu, durant l'ère du Protectorat français une institution scolaire pour les jeunes étrangers et l'élite tunisienne. Il passa aux mains des Tunisiens le lendemain de l'indépendance pour devenir le Lycée de jeunes filles de Radès Mongil. Aujourd'hui, devenu Collège Abdallah Farhat, la bâtisse centenaire est en piteux état. L'ancien bâtiment s'est métamorphosée en un habitacle de désolations et de remblais. Quant aux espaces verts qui l'entourent, jadis lieux de promenades et exutoire pour ceux qui sont en quête de bien-être et sérénité, ils sont délaissés et jonchés d'ordures de tous genres : déchets en plastique, anciens ustensiles de classe (tables, tableaux, chaises, armoires) et toute sorte d'objets désuets et cassés. La bâtisse tombe en ruine. Elle connait le même sort que tous les vieux immeubles datant de l'ère coloniale, la façade ainsi que l'intérieur sont défigurés et moisis. PTPV sonne le tocsin En collaboration avec l'association «Les Anciennes Elèves de Mongil», l'association environnementale PTPV (Pour une Tunisie Propre et Verte), s'est rendue l'an denier lors de la Fête de l'Arbre, au collège. Alarmée par l'état des lieux et par le manque d'entretien des espaces verts, la présidente de PTPV, Mme Camélia Mathlouthi a lancé un projet-pilote appelé «Patrimoine en péril». Pour ce faire, une conférence de presse vient d'être organisée afin de sauver un espace historique et un trésor naturel dont la superficie est de 11 mille mètres carré. 4780 mètres est la superficie consacrée pour l'établissement scolaire. Le reste est un espace vert d'une beauté époustouflante, victime de la négligence des autorités et du manque d'entretien. Pour sauver ce patrimoine architectural et naturel méconnu et abandonné, d'une agonie lente et irrémédiable, l'association PTPV lance un appel aux autorités locales, gouvernementales et associatives, aussi bien qu'à l'initiative citoyenne et les collégiens du Collège Abdallah Farhat pour contribuer ensemble à la rénovation de l'édifice en péril et redonner à son espace vert toute sa splendeur d'antan. Afin d'atteindre le maximum de tranches d'âge et de participants, l'association PTPV a convié les collégiens, les enseignants, les acteurs de la société civile, les sponsors étrangers travaillant sur l'environnement et les autorités locales et gouvernementales. Pour sensibiliser de manière plus ludique les participants à la conférence de presse, une projection d'un court-métrage intitulé «Patrimoine architectural en péril», a été donnée par l'association «Pour Une Tunisie Propre et Verte ». Un sombre état des lieux illustrant l'horreur et la désolation qui s'est abattue sur ce trésor architectural et naturel à force d'abandon et de négligence. Quelques experts en matière d'environnement, de l'économie verte, de la collecte intelligente des ordures ont été conviés pour expliquer aux présents l'urgence d'une prise en main imminente des lieux, leur présenter les solutions les plus simples et intelligentes et leur montrer les attitudes écologiques à adopter. Un débat a té animé et auquel les collégiens, très attentifs, ont participé, montrant leur implication et leur désir d'une Tunisie meilleure, plus propre et plus verdoyante, exprimant par la même occasion leur droit à un établissement scolaire sain et à des bâtiments mieux entretenus. Ceux qui avaient la main d'artiste, ont préféré participer aux ateliers de recyclage qui se faisaient en parallèle avec la conférence, dans la cour du collège. Après avoir collecté des bouteilles en plastique, des bouchons, des troncs et des branches d'arbres ainsi que des lampes désuètes, ils ont en fait des œuvres d'art riches en couleur et en matières. Au terme de cette conférence tout à fait inédite et à laquelle était présent le représentant de l'association écologique américaine Global Enviro Science (spécialisée dans le recyclage de l'eau) M. Christopher Emartin, un poème en hommage à la nature a été lu par une professeure poétesse Mme. Rafika Ayada. A cette conférence ont été invités plusieurs acteurs gouvernementaux à l'instar du ministère de l'Environnement et du Développement Durable, le maire de Radès et plusieurs artistes. Néanmoins, certains d'entre eux n'ont pas répondu présent malgré la sensibilité du sujet.