Déjà fragilisé par des maux datant de plusieurs années, le tourisme tunisien passe par une période difficile.. Réunis autour d'une table ronde organisée par le Front populaire, les professionnels du tourisme ont essayé de discuter des problématiques et des difficultés de leur profession et des mesures à mettre en place pour sauver le secteur . “ Le débat sur les choix économiques est central ; il est d'ailleurs important de parler du tourisme qui fait vivre plus de deux millions de tunisiens avoue Hamma Hammami, porte-parole du Front Populaire .Le défi est d'éviter les dérives démagogiques défavorables au secteur. Au lieu de cela, il est impératif de concentrer nos efforts sur les réformes nécessaires à la restructuration du tourisme tunisien qui a trop longtemps souffert des crises conjoncturelles et structurelles” . Ce rendez-vous a été un moment de réflexion sur la situation du secteur et, partant, celle de la profession à un moment où l'activité touristique gère un contexte particulièrement difficile. Riadh Fahem membre du bureau politique du parti des patriotes démocrates unifié a précisé que le tourisme, un secteur clé de l'économie tunisienne, avait déjà du mal à se redresser après le printemps arabe et ne cesse de payer une lourde facture notamment après les derniers événements qu'a connus la Tunisie. Ce secteur représente 7% du PIB tunisien et emploie plus de 400.000 personnes. C'est pourquoi nous sommes réunis pour entendre les doléances des hôteliers et des agents de voyages. Le tourisme, aujourd'hui, est en train d'étouffer et est près de s'effondrer… surtout qu'il souffre déjà, de plusieurs problèmes structurels. L'image du pays, véhiculée par les médias étrangers, notamment français, a beaucoup contribué à la baisse du flux touristique. Le secteur a besoin d'une intervention immédiate pour sauver des milliers d'emplois. C'est une question d'intérêt national et nous sommes tous appelés à le soutenir. Peut-on se permettre de considèrer que la campagne de relance est l'acte fondateur du nouveau tourisme tunisien à partir duquel on doit partir pour bâtir une nouvelle image et provoquer une nouvelle demande. Monji Rahoui député à l'ANC et Zied Lakhdhar secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié ont souligné le rôle du secteur dans l'équilibrage de la balance du paiement « Ce secteur revêt une importance particulière sur le plan macroéconomique (7,5%1 du PIB, 6,6% de la population active occupée et 14,8% des recettes de la balance des paiements en 2010). Le rôle névralgique que joue ce secteur interpelle continuellement les pouvoirs publics en vue de maximiser les retombées de ce secteur sur la croissance et l'emploi. certes avouent –ils que longtemps embourbée dans une offre concentrée sur le tourisme balnéaire familial à prix modérés, la Tunisie a tardé à réinvestir et à diversifier son offre. D'où la nécessité de restructurer ce secteur Le SOS des professionnels Dans notre stratégie de relance du secteur touristique, je crois affirme Monji Gueddas hôtelier que l'on doit redonner l'envie de connaître la nouvelle Tunisie avec sa nouvelle donne démocratique. « Ce n'est plus seulement pour nos belles plages que les gens vont continuer de venir (elles sont d'ailleurs éternelles) mais c'est aussi pour rencontrer des Tunisiens libres, sur une terre de liberté. La Tunisie est un pays d'ouverture et le tourisme a été toujours un facteur de promotion sociale et d'ouverture pour le tunisien. D'où la nécessité de le valoriser auprès de notre population. Comment faire pour capitaliser ces éléments ? Je crois que le plus important, c'est de susciter la demande et l'envie de visiter la Tunisie nouvelle » Ahmed Bettaieb agent de voyage estime que l'attractivité du produit touristique tunisien a baissé, vu la concurrence des destinations traditionnelles, mais aussi des nouvelles destinations. Alors que nous stagnons, voire reculons, d'autres destinations sont en train de progresser. Cela incombe surtout à cette baisse de productivité du personnel hôtelier et par conséquent cela influe sur la qualité de nos prestations. Le secteur vit actuellement un grand marasme dû à une baisse de fréquentation et au glissement du dinar. Il faudrait qu'il ait une vraie volonté politique pour booster l'activité touristique et un vrai message à faire passer aux Européens pour qu'ils reviennent en Tunisie » L'impasse faite par les campagnes de communication sur les spécificités et les richesses régionales contribue à donner au tourisme tunisien un positionnement nivelé et peu attrayant. Comme le relève Monji Barbouchi « Notre approche marketing est sans réelle stratégie. A quoi sert de faire des campagnes de publicité dans cette conjoncture morose. On constate, non sans amertume, un recul objectif de l'image…La Tunisie n'a pas suivi les trois expressions essentielles de la révolution qu'a connue le tourisme mondial: La démocratisation du ciel, le développement du low cost et les flux importants ainsi que la commercialisation du produit par internet . » Raouf El Kateb hôtelier ne mâche pas ses mots « C'est vrai que la conjoncture actuelle n'est pas propice au décollage du secteur mais nous sommes aussi responsables sur cette situation car il ne faut pas nier que cette activité était très prospère durant les années 60 et 70. L'expérience des pionniers a donné ses fruits. Maintenant, il faudrait définir clairement les faiblesses et de proposer un programme pour relancer le secteur. » La compétitivité du secteur mise en cause ! Habib Bouslama a mis le doigt sur la politisation du secteur avant la révolution. Chose qui a bloqué le secteur qui est devenu le plus taxé et le plus endetté des activités économiques. Les boissons subissent une forte pression fiscale, allant de 250% à... 600%. La nouvelle taxe de 2 dinars par nuitée à partir du 1er octobre 2013 va non seulement réduire la compétitivité de la Tunisie touristique mais va aussi affecter l'un des principaux segments de sa clientèle d'hiver, à savoir celle du 3e âge qui vient séjourner en général entre deux et trois mois dans le pays. Il en résulte une baisse de flux et une augmentation de la saisonnalité. Ceci sans oublier cette formule de l'all inclusive qui a tué le para-touristique ». L'endettement du secteur hôtelier est l'un des principaux problèmes qui a empêché le développement du tourisme en Tunisie. Plus de 100 hôteliers n'arrivent plus à honorer leurs engagements vis-à-vis des banques. Cet endettement des hôtels a atteint 3 500 millions de dinars.. « Malgré plusieurs tentatives pour résoudre ce problème, qui pèse sur les secteurs touristique et bancaire, la situation reste inchangée. Pour faire face à ce fléau, le gouvernement a décidé de créer une société de gestion des actifs des unités hôtelières souffrant d'un fort endettement, idée inspirée d'expériences étrangères confrontées au même problème. Chose que nous refusons totalement. » a indiqué Mohamed Kechine qui a évoqué aussi du positionnement de la Tunisie dans l'échiquier méditerranéen « Nous accusons dit-il une perte de compétitivité par rapport à d'autres destinations dont la croissance est plus rapide. En fait nous ne recevons que trois millions de touristes. Nos recettes touristiques apparaissent comme particulièrement faibles en comparaison avec les destinations concurrentes et tout particulièrement avec le Maroc. » Fethi Guizani agent de voyage parle d'un secteur abandonné et peu soutenu par l'Etat « Nous vivons une période difficile. Les ministres du Tourisme se succèdent et aucune stratégie réelle n'a été tracée pour booster le secteur » Hatem Kechine finit par convaincre les professionnels que ces mutations appellent à regarder le secteur du tourisme à travers le prisme de la mondialisation qui implique de penser à un nouveau paradigme pour la gestion de ce secteur. Hama Hammami devait clôturer le débat en insistant sur le rôle de secteur dans l'économie nationale l'homme qui connaît bien son affaire et semble passionné pour redresser la barre d'un tourisme sinistré s'est montré passionné pour booster cette activité.« Face à une demande en mutation des voyageurs internationaux depuis deux décennies, les hôteliers tunisiens devront s'adapter à cette nouvelle donne et aux nouvelles perceptions du voyage. C'est pourquoi la restructuration du secteur touristique s'impose. Il faudrait procéder à de nouvelles réformes. Les difficultés connues par le secteur de l'hôtellerie tunisienne sont de nature structurelle.Le tourisme tunisien doit revoir sa philosophie d'aménagement, ses modes de production, ses méthodes de commercialisation et sa politique de communication. Le tourisme demeure un choix national. Le gouvernement est appelé à soutenir ce secteur productif générateur d'emplois et de recettes et à forte valeur ajoutée. Nous demeurons à l'écoute de tous les professionnels et d'autres réunions suivront pour donner un nouvel élan à cette activité et là nous ne devrons pas baisser les bras et continuer notre lutte pour restructurer ce secteur sur des bases solides » et là Moncef Khemiri coordinateur du Front populaire à Nabeul a lancé un rendez-vous le 21 juin pour célébrer la fête du tourisme à Hammamet, une manière de soutenir ce secteur contre les forces rétrogrades !