Depuis la Révolution, on trouve de tout au palais de Justice, et les badauds qui avaient l'habitude de venir dans l'espoir d'assister à des affaires de chiens écrasés, sont désormais mieux servis, et n'auront plus à s'ennuyer désormais, les affaires qui y sont traitées, étant d'un meilleur intérêt aussi bien les unes que les autres. Par la même occasion, l'enceinte du palais est devenue un lieu semblable, au Hyde Park de Londres, où des groups viennent s'exprimer et laisser libre cours à leur imagination pour parler de tout et de rien. Mais le palais de Justice n'est pas le Hyde Park, quand bien même, la liberté d'expression commence à avoir droit de cité. Car qu'on le veuille ou pas il y a des limites à ne pas dépasser, dont notamment les actes attentatoires à la moralité et à la dignité des citoyens. Ce n'est pas par la provocation déplacée qu'on peut interpeller les consciences. La nudité, état naturel chez les primates, a toujours provoqué chez les humains une sensation de gêne, à laquelle il a été remédié en portant des vêtements. Au fil du temps, les tenues vestimentaires ont été créées, en fonction des croyances, des convictions, et des us et coutumes dans chaque pays. Certes, ces tenues ont été améliorées, de nature à permettre une meilleure sensation de liberté. Mais la nudité a toujours choqué, lorsqu'elle est pratiquée dans des lieux publics, dans quelque région du monde que ce soit. Il y a des endroits spécialisés à cet effet, et tout un art qui est apprécié en tant que tel. Qui n'apprécie pas, en effet, l'art du nu académique, qui a fait autorité au 19ème siècle ? Cependant lorsqu'il est exercé à titre de provocation, il n'est perçu de la même façon. C'est ce qui s'est passé hier devant le palais de Justice où trois manifestantes appartenant au groupe « Femen » dont deux Françaises et une Allemande se sont exposées torse nu, et sein à l'air, devant la grille du Palais. Provocation n'est pas protestation Une foule de badauds, étonnés plus qu'amusés, s'est très vite rassemblée autour des manifestantes, pour regarder ce spectacle qui n'est pas coutumier, voire qui se présente pour la première fois à pareil endroit. Spectacle qui a fait peut-être le bonheur des polissons, ou de ceux qui omettent de faire la part des choses, mais qui a suscité la colère de plus d'un, étant provocateur, aussi bien pour le citoyen que pour le corps de la Justice. Car protestation et provocation ne vont pas de pair. Les mécontents ont essayé de les dissuader, en essayant de retirer les banderoles qu'elles arboraient, ou de couvrir leurs seins par les moyens du bord. La police est finalement intervenue, au bout de quelques minutes, et le spectacle se termina par l'arrestation immédiate des trois manifestantes. Diversion, face cachée de l'iceberg Ce groupe est venu pour protester contre l'arrestation de Amina arrêtée, voilà dix jours et dont le procès est prévu pour le 30 mai prochain Seulement, bien qu'appartenant au groupe « Femen » elle n'est pas été arrêtée pour outrage à la pudeur, mais pour détention illégale d'arme blanche, et atteinte à la sépulture, pour avoir tagué sur le mur d'un cimetière. Que voulaient ces manifestantes venues spécialement d'Europe ? Soutenir Amina, ont –elles affirmé. Ce n'est que la face apparente de l'iceberg. Cependant leur action ne constitue-t-elle pas une diversion des problèmes essentiels qui préoccupent actuellement le citoyen ? Ce n'est pas par la nudité, en effet qu'on parvient à éradiquer la violence et à préserver les droits et les libertés publiques. Ce n'est pas par l'atteinte à la morale et aux bonnes mœurs qu'on arrive à résorber le chômage et à assurer la paix et la sécurité des citoyens La liberté consiste à respecter, aussi bien les convictions religieuses que la tenue vestimentaire de chacun, sans empiétements, ni dépassements en vue d'une coexistence pacifique entre tous les citoyens égaux dans les droits et les devoirs. La tenue d'Eve est convoitée certes, mais elle a toujours été source de zizanie, depuis Abel et Caïn ! Cachez moi ce sein…….dirait Molière. Surtout lorsque l'action ne mène à rien ! Ahmed NEMLAGHI libremad Balaen