C'est l'objet de la conférence de presse tenue hier à l'hôtel Africa. Cette initiative, qui est prise par la première séance du séminaire national organisé à Sousse les 1er et le 2 juin derniers et baptisé « fidélité au martyr ChokriBelaïd », est dictée par la conviction du Front Populaire de la présence de dangers susceptibles d'encercler la révolution tunisienne et dont les aspects les plus manifestes sont l'élargissement de la sphère de la violence et du terrorisme qui menacent de provoquer une guerre civile, déclare HammaHammami, son porte-parole. Dans ce cadre, il accuse la Troïka et à sa tête Ennahdha d'acheminer le pays vers la répression et la confiscation des droits et libertés, de vendre les richesses nationales par la cession des terres domaniales, de faire main basse sur les rouages de l'Etat et de prolonger, indéfiniment, la période transitoire pour gagner du temps. Les quatre axes Conséquemment à cette dissection minutieusede la situation alarmante actuelle qui sévit dans le pays, le Front Populaireconçoit une initiative comprenant quatre axes, selon Hammami. Il faut, tout d'abord, faire face à cette violence et ce terrorisme en vue d'instaurer un climat sain permettant aux forces politiques d'organiser leurs actions et à la société civile de jouir de la paix sociale. Il est question, ensuite, d'œuvrer à mettre fin à la phase transitoire qui ne fait que trop durer en achevant, au plus vite, la rédaction d'une constitution démocratique pour pouvoir organiser des élections conformément aux conditions objectives inhérentes à leur déroulement. Le troisième axe, lui, consiste à empêcher la cessation des richesses nationales à des pays et à des entreprises étrangers, et l'engagement de la Tunisie dans des conventions stratégiques telles que celle conclue avec le FMI qui annonce un nouveau plan d'ajustement structurel (PAS) et prépare, donc, la ruine du peuple tunisien. Il s'indigne du fait que le peuple tunisien n'a pas élu une assemblée pour qu'elle prenne des mesures majeures mais pour confectionner une constitution et que, par conséquent, il n'est pas dans les prérogatives d'un gouvernement provisoire de décider de l'avenir de tout un pays. Le quatrième et dernier axe concerne la prise de mesures urgentes relatives au pouvoir d'achat du citoyen en revoyant à la baisse les prix des produits de consommation de base, au chômageet à la protection de l'environnement. Le texte de ce projet sera envoyé à toutes les parties qui en sont concernées, affirme le porte-parole du Front Populaire. Manœuvres dilatoires Hammami saisit l'occasion pour parler de la quatrième mouture de la constitution présenté comme étant le projet final. Pour appuyer ses allégations concernant les imperfections de cette dernière, il cite un député de la Troïka qui dit que « le président de l'ANC et le groupe de Ennahdha ont dupé les députés et le peuple, particulièrement, en ce qui concerne les droits et libertés ». C'est pourquoi le porte-parole lance un appel à l'adresse de l'ensemble des forces politiques, civiles et sociales afin de se rassembler, massivement,le jour de la discussion dudit projeten assemblée plénière devant le siège de la constituante et protester, énergiquement, contre cette supercherie. A ce propos et face aux manœuvres dilatoires de Ennahdha et compagnie, les représentants du Front Populaire au Dialogue Nationalont pris la décision de suspendre leur participation à cette initiative, précise Hammami. Ils justifient ce retrait provisoire par les pirouettes des représentants du parti au pouvoir et leur manque de sérieux flagrant, et ils affirment que les discussions marathoniennes n'ont abouti, en fait, qu'à de piètres accords se rapportant à la forme du pouvoir judiciaire sans toucher au fond. Ennahdha, selon HammaHammami, veut faire croire que le conflit, au niveau de la constitution, tourne autour de la question identitaire occultant par là, délibérément, le fond du problème, à savoir les droits et libertés. Il est, donc, impératif, réitère-t-il, que les forces vivantes de la société se mobilisent pour défendre ces derniers du moins sur le plan législatif. Appel à la mobilisation La paix sociale ne peut s'établir que si et seulement si les assassins de ChokriBelaïd ainsi que leurs commanditaires sont dévoilés, entonne-t-il. D'ailleurs, il révèle que cette spirale des assassinats politiques ne connaît pas de répit, puisque les menaces de mort à l'adresse de plusieurs militants du PUPD dont MongiRahoui continuent et que d'autres appartenant aux composantes du Front Populaire en reçoivent, régulièrement, également. L'emmagasinementdes armes dans les dépôts est le prélude à une guerre civile visant l'étouffement de la révolution du peuple tunisien. Ce projet malveillant s'insère dans le cadre d'un plan arrêté par les forces impérialistes et le sionisme pour se soumettre la Tunisie et exploiter ses richesses, dénonce Hammami. Toutefois, la lutte contre le terrorisme ne doit, aucunement, servir de prétexte à la confiscation des libertés, met-il en garde. « On ne va pas rester à contempler ce spectacle en laissantEnnahdha disposer du pays comme bon lui semble et le ruiner à tous les niveaux, il est grand temps pour que le peuple tunisiense manifeste contre ces manœuvres déstabilisatrices voulant faire de la Tunisie le fief des groupes terroristes, il est de son droit de descendre dans la rue pour dire non à la Troïka et de barrer la route à cette dictature rampante », martèle-t-il. Volet étranger, HammaHammami salue, vivement, la révolte du peuple turc et condamne Erdogan qu'il qualifie de dictateur tout en invitant les Tunisiens à protester contre sa visite à notre pays. Il rappelle, à ce propos, qu'ils ont décliné l'invitation qui leur été adressée en tant qu'hommes politiques par le gouvernement pour prendre part au dîner qui sera donné à honneur du chef du gouvernement turc prétextant qu'ils refusent de s'asseoir à la même table avec un dictateur et lui partager le même repas. Concernant la Syrie, le porte-parole du Front Populaire souligne encore une fois leur soutien inconditionnel à la lutte du peuple syrien pour conquérir ses droits et sa liberté tout en refusant, catégoriquement, l'ingérence des forces étrangères, dans ce pays frère, qui projettent de le diviser et tout en soulignant que ces dernières ne peuvent en aucune manière prétendre être les amies des peuples qu'elles tendent à affaiblir et à exploiter. Il conclut ce chapitre en dénonçant la répression exercée par Hamas à Gaza à l'encontre du peuple palestinien et en particulier contre le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) qui était là, sur le champ de bataille, bien avant leur avènementet qui a, toujours, occupé les premiers rangs pour tenir la dragée haute à l'ennemi sioniste, s'indigne le porte-parole du Front Populaire tunisien. Signalons, enfin, quele séminaire national tenu le week-end dernier à Sousse par le Front Populaire était animé par trois ateliers traitant, respectivement, de sa ligne politique conjoncturelle, c'est-à-dire sa tactique du moment, de son programme économique, social, culturel et environnemental ainsi que de sa structure organisationnelle interne. Sans arriver à des consensus, des accords importants ont été, pour autant, conclus et qui préfigurent l'apothéose du processus, termineHammaHammami sur un ton optimiste.