Le Front populaire vient de lancer à l'issue des assises qu'il a tenues, les 1 et 2 juin à Tunis, une initiative pour la formation d'une large coalition politique pour le salut de la Tunisie regroupant des partis politiques et des forces de la société civile. Quelle est sa teneur ? Quelles sont les réactions des forces politiques auxquelles, elle est adressée ? Cette initiative cherche à sauver le pays de la violence et du terrorisme dans lesquels, il s'est enlisé depuis qu'ont commencé les campagnes d'excommunication qui se sont transformées par la suite en agressions et violence physique qui avaient atteint leur paroxysme avec l'assassinat de Chokri Belaïd et de Lotfi Naguedh. Les initiateurs de cette coalition revendiquent vivement qu'il soit mis un terme à la période transitoire dans les meilleures conditions, en adoptant une Constitution démocratique qui reflète les aspirations populaires dans la liberté, la dignité et la justice sociale. L'organisation des élections libres et transparentes devra se faire sous le contrôle et la responsabilité d'une Instance électorale réellement indépendante, avec un pouvoir judiciaire et des médias indépendants et neutres. Une telle coalition luttera contre la violence et le terrorisme et contre les choix économiques de la Troïka qui ont plombé le pays par la dette de quoi remettre en cause sa souveraineté et généré la hausse vertigineuse des prix et l'aggravation du chômage. On parle même de dictature rampante. Ce front de salut public ira de l'extrême-gauche au centre-droit, « à l'exception de la Troïka, responsable de la situation que vit le pays», avait précisé, Hamma Hammami, sur les ondes de ShemsFM. Cette coalition engloberait Nidaa Tounès, et serait également ouverte à «toutes les forces civiles et sociales». C'est là le témoignage d'une grande évolution dans l'approche politique du Front populaire. Il faut dire que ce Front est déjà la synthèse d'une douzaine de partis politiques qui n'ont pas forcément les mêmes références idéologiques. On y trouve un parti vert, des unionistes arabes et d'anciennes figures de la gauche contestataire. L'esprit de synthèse a mûri. Le politique prend le dessus sur l'idéologique. Devant cette initiative, les réactions ont été positives. L'Union pour la Tunisie (UPT), formée des cinq partis Nida Tounès, Al-Joumhouri, Al-Massar, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique et le Parti Socialiste, a vite fait de saluer cette initiative du Front populaire. Samir Taïeb porte-parole d'Al-Massar, un parti qui a été le premier à militer pour une coalition allant de Nida Tounès jusqu'au Front populaire, ne cache pas sa satisfaction et enthousiasme ajouté à un optimisme mesuré et réfléchi. « Il y a eu des débats profonds au sein d'Al-Jabha. A l'Union pour la Tunisie, nous avons accueilli favorablement la nouvelle position du Front populaire ». Un petit comité a été créé pour la concrétisation de cette initiative. « C'est une initiative qui n'a pas forcément de rapport avec les prochaines élections », précise-t-il. Elle peut déboucher sur des actions communes sur le terrain, pour montrer qu'il y a une grande force politique capable de grande mobilisation. Quels sont les mécanismes à mettre en œuvre pour concrétiser ce rapprochement ? La possibilité d'organiser une grande réunion entre les dirigeants de l'UPT et du Front populaire est envisagée. Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste (PS), précise que « les pas concrets pour la réalisation de ce rapprochement ne sont pas franchis. Au cours de cette semaine, un contact officiel sera entrepris. Le dialogue direct permettra de mieux connaître les véritables intentions et les autres pas à franchir. La profondeur de l'initiative sera examinée. Les choses seront plus claires par la suite ». De son côté Ahmed Seddik, leader d'Attalya et un des dirigeants du Front populaire, précisera au Temps, que les multiples réactions positives à l'initiative du Front, ne peuvent qu'être bien appréciées. Une réunion du Conseil des secrétaires généraux du Front est prévue pour hier après-midi. L'optimisme est de mise. Les prochains jours permettront de mieux voir et apprécier sur le terrain, la concrétisation des intentions en passant à l'action.