François Hollande l'a dit, hier, et sa réflexion reflète le sentiment diffus chez les Occidentaux : « Islam et Démocratie ne sont pas incompatibles ». Le Président français a encore été plus loin encourageant l'expérience tunisienne vers la transition démocratique, mais se gardant quand même de s'empêtrer dans les antagonismes idéologiques, ou dans l'architecture troïkiste encore moins dans le mode de gouvernance. Sur l'Egypte- et l'on comprend son lapsus – il n'avait guère d'autre commentaire que celui qui a trait à une légitimité électorale noyautée par un coup d'Etat militaire. Il rejoint, là, l'Amérique, prise de court par la remontée des militaires au pouvoir, elle, qui, une fois Ben Laden liquidé, croyait en la résurgence d'une gouvernance à l'échelle d'un grand Etat arabo-musulman basé sur les valeurs civilisationnelles de l'Islam et loin de l'obscurantisme. Est-ce une utopie nourrie par l'Occident et par les protagonistes du « Printemps arabe » ? Est-ce qu'aux dictatures totalitaires succèdent des dictatures religieuses ? Sans doute les Frères Musulmans en Egypte, avec leur legs idéologique coercitif et contraignant depuis 1928, croient-ils ferme en une divinité transversale qui leur restitue le pouvoir spirituel lequel aurait une emprise sur le pouvoir politique et sur les institutions. Morsi a peut-être été trop loin dans cette prétention en nommant des « Frères » suspects dans les postes-clés. Mais un coup d'Etat militaire comme l'Egypte sait le faire, on était quand même loin de le concevoir. Du coup, on se retrouve à disserter sur les subtilités et, même, sur les contradictions d'un Jean Paul Sartre qui croit qu'un coup d'Etat est légitime dès lors qu'il est inspiré par une mouvance populaire, mais tout de même illégal. Pour autant, on ne saurait comprendre la fascination qu'exerce ce coup d'Etat sur bon nombre de nos concitoyens et, plus grave encore, sur les composantes de la société civile et presque tous les partis démocrates et libéraux. A croire qu'on souhaiterait qu'un coup d'Etat similaire se produise en Tunisie, il s'en aurait fallu de peu et on aurait « denaphtalisé » Rachid Ammar. En filigrane, la fronde à l'endroit d'Ennahdha… le parallèle avec les Frères musulmans tient-il, néanmoins ? Doit-on encore souhaiter l'installation d'un régime militaire en Tunisie, pays qui a toujours eu une armée républicaine et loyale (elle l'a montré le 14 janvier 2011) et qui a toujours eu, depuis Bourguiba, une sainte horreur des régimes militaires comme c'est le cas de l'Egypte, justement, qui l'est depuis 52 et même avec Sadate et Moubarak ? Raisonnons dans l'absurde : si les militaires prennent le pouvoir en Tunisie, ils trouveront un compromis avec les Islamistes. Mais ils materont les forces démocratiques.