- « L'écrasante majorité des présents à la réunion d'avant-hier soir est favorable à la dissolution de l'ANC. Certains parlent de délais », affirme Jilani Hammami - « La légitimité appartient au peuple ; elle n'est pas un chèque en blanc », prévient Abdewahab El Héni - « Toute la période précédente était pour la Troïka, celle des manœuvres pour repousser la transition », rappelle Jawhar Ben M'Barek Une réunion de concertation entre partis politiques et composantes de la société civile s'est tenue mardi soir à Tunis suite à l'appel lancé par le Front populaire. Y ont pris part en plus des composantes du Front populaire, celles de l'Union pour la Tunisie, Nida Tounès, Al-Joumhouri, Al-Massar, le Parti Socialiste, le parti du Travail Patriotique et Démocratique, ainsi que le parti Al-Majd et des représentants de la société civile comme, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), l'Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET), l'Union des Diplômés Chômeurs (UDC), les Femmes Démocrates, Dostourna et les initiateurs des mouvements « Tamarrod » et « Khnaktouna ». A l'ordre du jour, l'examen de la situation actuelle de la transition et comment parvenir à dépasser cette crise. Jilani Hammami, porte-parole du Parti des Travailleurs et un des dirigeants du Front populaire, précise au Temps qu'il y a « eu convergence d'idées pour faire le diagnostic de la situation. La situation est alarmante. Ceux qui sont au pouvoir assument la gravité de la crise. Pour les solutions, on s'est entendu pour organiser un congrès national de salut. Une commission de contact et de suivi a été formée. Elle prendra l'attache des autres partis et associations pour la tenue de ce congrès. L'écrasante majorité des présents sont favorables à la dissolution de l'Assemblée Nationale Constituante. Certains évoquent et fixent même des délais. C'est ce que débattra le Congrès national de salut ». Jilani Hammami est sorti de la réunion avec une note positive. « De larges forces civiles et politiques sont en train de se concerter et de se rapprocher, c'est en soi positif », dit-il. Andelawaheb El Héni, secrétaire général du parti Al-Majd, affirme au Temps, que la « réunion était l'occasion de confirmer un constat général ayant trait à la grogne populaire contre le Gouvernement et la hausse des prix. Le deuxième constat est la nécessité de réajuster le processus de transition. Concernant les propositions concrètes, il y en a eu deux qui convergent dans le même sens. La première appelle à la dissolution de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) et de toutes les instances qui en sont issues. C'est une ligne de rupture totale avec le processus actuel. La deuxième ligne prône la pression pour assurer les correctifs nécessaires. Al-Majd penche pour la pression. Nous sommes contre le scénario de l'affrontement dans la rue qui ne sert que ceux qui veulent diviser l'opinion et le pays. Le scénario égyptien peut être séduisant pour certains. Pour nous sortir de l'arène politique pour aller occuper la rue est trop risqué. C'était l'erreur de Morsi. En Egypte il y a l'armée. En Tunisie, c'est le vide total. Nous sommes pour la fixation d'une date buttoir pour l'achèvement de l'élaboration de la Constitution. Le 25 Juillet est une date claire et réaliste. Nous savons où il y a des accords et où il y a des mines. Deux semaines suffisent pour célébrer la fête de la République avec une Constitution consensuelle. Par la suite il faudra s'engager dans le marathon électoral. Il faut revoir les nominations au sein du Gouvernement. Il faut le remanier sur la base d'un premier critère de la compétence. 80% des ministres sont nommés sur la base de l'allégeance. Le deuxième critère est celui de l'impartialité. Les membres de l'Exécutif ne doivent pas se présenter aux prochaines élections. Ainsi le pays aura des membres du Gouvernement qui travaillent à plein temps. Nous avons des ministres qui gèrent leurs affaires commerciales et politiques à partir de leurs bureaux ». Par ailleurs, Abdelwahab El-Hani propose l'intégration dans la Constitution, d'un article permettant aux citoyens d'entreprendre des initiatives de destitution de responsables par des pétitions. Le véritable détenteur de la souveraineté est le peuple. La légitimité lui appartient et il peut la retirer. La légitimité n'est pas un chèque en blanc ». Le congrès de Salut tranchera entre les deux visions, celle de la rupture et celle de la pression à exercer. Jawhar Ben M'barek, coordinateur de Dostourna, déclare au Temps, que « la réunion était positive. C'est la deuxième réunion après l'assassinat de Chokri Belaïd. Tout le monde s'est retrouvé autour d'une même table. C'est un message clair de solidarité entre les forces démocratiques. Il y a eu un diagnostic unanime de la situation dans le pays. Le processus démocratique est dans une impasse. Toute la période précédente était pour la Troïka, celle des manœuvres pour repousser la transition sans véritablement traiter les dossiers en suspens. Désormais la solution n'est pas avec la Troïka, mais face à la Troïka. L'opposition est allée plus loin pour dire qu'elle n'a plus confiance en l'ANC et les institutions qui en dérivent. Nous appelons dans les plus brefs délais à un congrès national de Salut, probablement le 25 Juillet courant. Le plus important est que les forces politiques présentes et la société civile ont apporté leur soutien aux mouvements de jeunes, leurs revendications, actions et appels ».