Romancier essayiste, critique littéraire, Taha Hussein, né en Egypte d'une famille conservatrice, a d'abord suivi l'itinéraire de ses aïeux, et appris le Coran au Kouttab, à des coups de bâton et l'obligation d'apprendre par cœur quitte à ne rien comprendre. Une fois cette étape franchie avec succès au grand bonheur de son père, il entra à El Azhar pour apprendre les bases de la langue et de la rhétorique arabes et y décrocha le plus haut diplôme de l'époque. Ce qui lui permit d'avoir une bourse d'honneur pour aller poursuivre des études de langue et de philosophie à la Sorbonne, où il obtint son doctorat. Déjà à Al Azhar, il ne manquait pas d'émettre des critiques sur ce qui était considéré comme tabou par ses maîtres à l'époque. Aussi s'étaient-ils froissées plus d'une fois de l'attitude de ce petit jeune maigrichon et non voyant. C'est qu'il s'était dressé depuis, contre les idées reçues et il continua à son retour en Egypte pour occuper la chaire de professeur, à la faculté du Caire, et commencer à écrire des œuvres sur la littérature et l'histoire arabo-musulmane, encouragé et aidé par son épouse, dont il fit la connaissance à Paris. Dans toutes ses œuvres il mène un combat pour la vérité et contre les idées reçues, en démythifiant l'histoire de l'islam, qui sur certains points était écrite plutôt conformément à l'imaginaire arabe. Dans la plupart de ses ouvrages il aborde l'Islam sans se soucier des préjugés ou plutôt de l'imaginaire arabe sur les questions relative au Prophète Mohamed, dans « Âla Hamich Assira » ou sur ses successeurs, notamment les quatre Califes. Dans son ouvrage la grande épreuve, Taha Hussein trace cette période qui constitue l'âge d'or de l'Islam, Pour l'imaginaire musulman en général, c'est une histoire sacrée. Or cette période a été marquée par la Fitna, avec le troisième calife Othman Ibn Âffen . Ce fut à partir des évènements qui finirent par l'assassinat de ce Calife qu'avait commencé les divisions de la communauté musulmane. La Fitna, signifie en arabe la mise à l'épreuve, le fait de tester. C'est d'ailleurs le sens qui est donné à ce terme dans le saint Coran « Seigneur ne nous mets pas en fitna devant ceux qui sont infidèles » (Al Mutahanah- V 5) Cela la fitna dans le sens de discorde est condamnée par les préceptes de l'Islam et ce à travers plusieurs versets coraniques selon lesquels elle considérée comme étant pire que le meurtre. La grande fitna est donc cette période sombre de l'histoire de l'Islam, qui s'est soldée par des meurtres. Othman fut le premier à avoir été assassiné, puis les dissensions continuèrent et les homicides reprirent de plus belle, avec l'assassinat de Ali Ibn Abi Taleb, et plus tard ses fils, Al Hassan puis Al Hussein. Taha Hussein, a su analyser dans son ouvrage, relatif à cette période, avec objectivité, en essayant de mettre de côté les préjugés et les états d'âme. (A suivre)