Une conférence de presse a été tenue hier, jeudi 18 juillet à Tunis autour de la pièce théâtrale « Monstranum's » du théâtre El Hamra. Etaient présents à cette conférence Ezzeddine Ganoun, le metteur en scène et Leila Toubel, l'auteur dramaturgique de la pièce. Les deux artistes ont répondu, tour à tour, aux questions des journalistes et ont donné des informations importantes concernant la représentation de cette pièce au Festival de Carthage, mardi prochain (23 juillet). La pièce, conçue pour un espace fermé, se jouera dans un espace vaste et ouvert, comme celui du théâtre romain, ce qui a nécessité, selon les artistes, des retouches de dernière minute au niveau des décors, de la chorégraphie et de la scénographie. L'un des collègues a soulevé le problème du risque de glissade ou de chute des comédiens sur les planches à cause de l'humidité, comme il y a eu beaucoup d'incidents de ce genre lors des spectacles antérieurs. A cette remarque, Ezzedine Ganoun a répondu que l'humidité a toujours été un obstacle pour les acteurs sur scène, surtout à proximité des côtes, comme le cas de Carthage et Hammamet où nous avons enregistré pas mal d'incidents de ce genre, mais, a-t-il ajouté, il incombe aux organisateurs de remédier à ce genre de problème en déroulant par exemple une bâche sur toute la scène pour éviter les mauvaises surprises. A la question si le thème de la pièce n'est pas un calque de la réalité sociale et politique dans le pays, Leïla Toubel a répondu que la réalité est une chose et la fiction en est une autre, dans la mesure où le traitement dramatique des faits réels compte le plus pour le dramaturge ; la question est de savoir comment adapter la réalité à la scène. De plus, l'homme de théâtre voit toujours les choses sous un angle particulier. Quant aux circonstances qui ont abouti à la création de cette pièce, elles remontent à la période qui a juste suivi le 14 janvier, jour de la fuite de Ben Ali, cette période où les Tunisiens s'aimaient, s'entraidaient, se solidarisaient et se partageaient le pire et le meilleur et surtout avaient des rêves communs à réaliser, c'est alors que la situation a changé depuis le 23 octobre 2011, date des élections ! La pièce parle de cette étape où surgissaient ces « monstres » humains qui ont retourné leur veste pour s'adapter à la nouvelle conjoncture. Par ailleurs, M. Guanoun a avoué que son théâtre était politique et que « le théâtre en général ne peut pas être autrement que politique ». Il s'est félicité en outre que sa pièce soit choisie dans la programmation de Carthage. (Rappelons que c'est la première fois que la troupe d'El Hamra se produit à l'amphithéâtre de Carthage). « Le théâtre, a-t-il ajouté, a été défendu dans les festivals d'été à un moment donné sous le régime de Ben Ali, sans doute parce que c'est un art qui dérangeait le pouvoir en place, alors qu'à l'époque de Bourguiba, les plus grands festivals de Tunisie programmaient des pièces de théâtre à l'ouverture et à la clôture. » Concernant la pièce « Monstranum's », M.Guanoun a indiqué que la pièce a depuis janvier 2013 connu deux avant-première et 40 représentations à travers la République et qu'elle entreprendra bientôt une tournée à l'étranger (Amsterdam, La Haye, Autriche, France…). En fin de la conférence, Leïla Toubel a présenté l'équipe ayant participé à la réalisation du projet : Ezzeddine Guanoun (mise en scène), Leïla Toubel (écriture), Bahri Rahali, Rym Hamrouni,Bahram Aloui, Cyrine Guenoun, Oussama Kochkar (acteurs, Alya Sellami (création vocale), Alaa Zarati (chorégraphie, Mourad Mabkhout (régie).