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Dorra Bouzid, une femme, un symbole
Ecrans du Ramadan de Sousse
Publié dans Le Temps le 23 - 07 - 2013

Le 25 octobre 2010 , Frédéric Mitterand , alors ministre Français de la culture et de la communication , remit à Dorra Bouzid les insignes d'Officier des Arts et des Lettres.
Le 8 mars 2013 , l'institut Français de Tunisie l'honora , sur l'initiative du même Frédéric Mitterand, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, à travers la présentation , en avant-première, du documentaire du cinéaste Tunisien Walid Tayaa intitulé "Dorra Bouzid, une Tunisienne, un combat".
Cette femme militante, féministe , journaliste, pharmacienne , que nous avions déjà eu l'occasion de rencontrer lors du colloque des Créatrices Arabes à Sousse, méritait bien une telle distinction.
Après avoir programmé le documentaire " Militantes" de Sonia Chamkhi lors des "Ecrans du Ramadhan" version 2012 , les responsables du centre culturel de Sousse ont choisi , à juste titre d'ailleurs, de présenter , dans la soirée du mardi 16 juillet courant , aux cinéphiles présents à l'esplanade du musée archéologique ce documentaire-hommage de Walid Tayaa en présence de Dorra Bouzid.
C'est Hamadi Kedidi , "Monsieur cinéma " à Sousse , qui présenta l'invitée à l'assistance. En prenant la parole avant la projection du documentaire , Dorra Bouzid précisa qu'elle avait beaucoup d'estime pour la ville de Sousse et surtout pour les Soussiennes qui avaient été les premières à la soutenir dans son militantisme pour la libération de la femme , de l'esprit et de la culture . Elle avait cité , entre autres, Zohra Amri et Soufia Badday.
Le documentaire de Walid Ettaya , qui dure 52 minutes sélectionnées à partir de 20 heures de tournage , permit à Bouzid de relater avec détails les différentes étapes de sa vie de militante polyvalente .
Cette première femme journaliste de Tunisie fut élevée dans un environnement de culture , de syndicalisme et d'amour de la liberté et ce grâce à l'engagement de sa mère et celui de son "père spirituel", le grand homme de lettres Mahmoud Messaadi.
C'est dans le quartier de sa jeunesse , sis à l'avenue de Paris à Tunis qu'elle avait fréquenté des gens de diverses confessions, musulmane , juive et chrétienne. C'est à partir de là qu'elle adopta la notion de l'universalité des actions.
Toute jeune , elle était férue de peinture et voulait s'y investir mais sa mère Chérifa tenait à ce qu'elle fasse des études de pharmacie. Elle finit par se résigner et se retrouva alors à Paris. Elle adhéra à l'UGET où elle se sentit comme un poisson dans l'eau , étant donné l'appartenance et le militantisme de ses parents au sein de l'UGTT. D'ailleurs , ce n'est pas un hasard si Dorra Bouzid qualifie Farhat Hached d' "Extraterrestre". Elle évoqua avec beaucoup de fierté les nombreuses réunions clandestines des étudiants Maghrébins au 115, Boulevard Saint Michel à Paris.
Dorra Bouzid était Bourguibiste ou plutôt "Bourguibienne " pour reprendre le terme de Youssef Seddik dans le documentaire . Elle est très reconnaissante envers le Combattant Suprême pour les services considérables qu'il rendit à la femme Tunisienne avec le consentement des Cheikhs de la Zeitouna Ben Achour et Djaiet qui avaient émis un avis très positif à l'égard de la promulgation du code du statut personnel du 13 août 1956. D'ailleurs , Dorra Bouzid avait été l'unique femme journaliste à assister de très prés aux festivités du mariage de Bourguiba avec Wassila Ben Ammar et à les accompagner lors de leur périple Oriental avec la polémique qui entoura le discours historique de Bourguiba à Jéricho.
C'est en tant que journaliste que Dorra retrouva la totalité de ses repères . Elle s'illustra par des articles qui résumaient sa passion pour la lutte et la liberté . C'est sous le pseudonyme de Leila qu'elle rédigea ses premiers articles dans "L'action " de Béchir Ben Yahmed (qui deviendra Jeune Afrique). Elle irrita Bourguiba par son article "Pardonnez-nous , Mme Hached" où elle attira l'attention du Président sur la situation très peu confortable de la famille du grand syndicaliste . Sa plume se promena à travers 35 journaux et revues alors qu'elle en fonda 9 . Cependant, son nom restera collé à la revue "Faiza"(1959/1967) qui cessa de paraitre dans la deuxième moitié des années soixante en raison de l'interdiction de la publicité.
Sous le pseudonyme de Férial , elle collabora avec Mhamed Ben Youssef à "Tunis Hebdo" où elle fut à l'origine de l'interdiction de parution du journal, pendant quelque temps, à cause d'un article relatif à une mosaïque punique à l'époque où Chedli Kélibi était secrétaire d'Etat aux affaires culturelles.
Par ailleurs , le livre-référence écrit par Dorra Bouzid en 1995 sur "L'école de Tunis" de peinture connut un très grand succès . Il y fut largement question dans le documentaire où Hédi Turki, bien que fatigué , fit un témoignage édifiant.
A propos de la Soirée des Ecoles de Danse au festival international de Carthage (1976-1988) , Sihem Belkhodja mit en exergue le rôle primordial de Dorra pour mettre sur pied et préserver cette manifestation qui fit un tabac et connut une grande affluence du public.
Toutefois , nous trouvons que c'est le témoignage de Hatem Bouriel qui résuma le mieux différents aspects du parcours de cette dame activiste.
Egalement, nous avons beaucoup apprécié les toutes dernières scènes du film. Tout d'abord , celle où Raja Ben Ayed, la fille de Dorra, ne tarissait pas d'éloges à l'égard de sa mère qui l'avait bien guidée dans le sens de la liberté d'esprit. Puis , lorsque Dorra Bouzid exprimait son optimisme pour l'avenir de la Tunisie où la femme devrait jouer un rôle de premier ordre .
Suite à la projection , Hamadi Kedidi céda la place à un débat qui donna lieu à plusieurs interventions. Tout d'abord , nous aurions aimé que Walid Tayaa soit présent pour répondre à des questionnements qui ne concernaient pas Dorra Bouzid mais plutôt le côté cinématographique du documentaire. D'ailleurs , l'un des présents aurait souhaité que les nombreuses qualités de la journaliste aient été racontées par un narrateur qui reviendrait , par intermittence, aux témoignages de Dorra et de ceux qui l'avaient connue . Ce qui nous rappelle d'ailleurs le style des documentaires réalisés par Fréderic Mitterand et autre Mokhtar Ladjimi.
Par ailleurs , tous les intervenants avaient tenu à exprimer leur considération, leur sympathie et leur attachement à Dorra Bouzid pour son parcours de "combattante" infatigable.
L'optimisme de Dorra Bouzid relatif à l'avenir de la Tunisie constitua un sujet de discussion de quelques minutes où certains partageaient ce sentiment réconfortant alors que d'autres étaient plutôt préoccupés par la montée de l'islamisme obscurantiste dans notre pays.
Au total, la présentation à Sousse du documentaire de Walid Tayaa en présence de Dorra Bouzid eut lieu dans un très joli cadre historique et dans une ambiance bon enfant . Les présents ont eu l'occasion de connaitre davantage de choses sur la carrière de cette femme à la volonté inébranlable . Ils auront l'occasion d'en savoir plus à la parution du livre que Dorra compte sortir en 2014.
HASSEN


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