C'est avec mes larmes que je t'écris et t'adresse ces quelques lignes, toi l'Ami, toi le collègue, qui vas laisser, pas que dans mon monde, un très grand vide. Quel bonheur de te compter dans ce cénacle très réduit de mes Amis. Quelle tristesse de te perdre de cette manière on ne peut plus barbare. Tu ne le savais pas, peut être, mais moi qui t'ai connu pendant une trentaine d'années, je peux ficher mon billet à tous, que tu étais la crème, le type de personne que tout le monde souhaite avoir dans son entourage. Tu ne mérites pas une telle fin de parcours. En ce vingt cinq juillet, en ce jour de fête, tout le pays s'est réveillé avec un goût amer dans la bouche, le jeune ‘ado' que tu étais, et qui militait déjà dans le lycée, le jeune étudiant très engagé et qui ne disait jamais un mot plus haut que l'autre, le collègue et le syndicaliste (secrétaire général) que j'ai côtoyé pendant des années, grand défenseur des causes nobles au sein de notre établissement (l'Agence Foncière d'Habitation), et l'homme politique que tu étais devenu, et qui dérange pour ses idées, a été froidement abattu devant son domicile. Quelle coïncidence! La dernière fois qu'on s'était vu, c'était au cours de ce samedi d'il y a trois semaines, et cela avait eu lieu au cimetière du ‘Jellaz'. C'était à l'occasion de l'inhumation du corps du père d'un ami et collègue à nous… Aujourd'hui, Samedi, c'est moi qui viens te rendre un dernier hommage, puisque des forces obscurantistes, avaient décidé de précipiter ton départ. Permets-moi, mon Ami et ancien collègue, de m'adresser, aussi, par le biais de cette missive à ceux qui ne te connaissent pas bien et qui viennent de te découvrir durant ces trois dernières années. Politiquement, tu t'es frayé un bon chemin, et sache que tout le monde est fier de toi. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de connaître ton côté humain, je veux juste leur ajouter d'une manière très condensée, que tu étais de la race d'hommes qui ne voulait courber l'échine devant personne, qui n'avait jamais obéi passivement et qui ne voulait agir qu'en homme libre et indépendant, en toute âme et conscience. La liste des grandes actions nobles dont tu as été auteur, est très longue et on ne peut pas les relater toutes question d'espace. Mais je peux résumer que depuis ta jeunesse, et maintenant au faîte de ton auréole tu défendais le droit du peuple à manger à sa faim, à boire à sa soif, à être éduqué, à jouir d'une bonne santé, à avoir un boulot décent… L'Histoire te le retiendra. Personnellement, beaucoup de tristesse et de souffrance m'habitent présentement. Je ne perds pas seulement un Ami et un collègue, mais un homme exceptionnel, un homme de cœur, un défenseur, un rassembleur, un vrai de vrai. Toutes ces belles années durant lesquelles nous nous sommes côtoyés resteront des souvenirs impérissables. Mon cœur et mes pensées accompagnent tous les tiens en ces moments difficiles. Je partage leur chagrin et leur désarroi, mais ne t'inquiètes pas c'est une question de temps, tôt ou tard, les abominables, les odieux, les criminels seront rattrapés par la patrouille, comme on dit. D'ici là, repose en paix, mon cher Ami, et avant de clore je te promets une chose, ta relève est assurée. Adieu. ‘Ceux que nous avons aimés et qui nous ont quittés, ne sont plus là où ils étaient mais sont désormais toujours et partout où nous sommes'. Alexandre Dumas.