* En cas d'échec après deux nouvelles réunions prévues avec les • protagonistes Houcine Abbassi promet de dévoiler au peuple quatre douloureuses vérités * «Il n'y a pas de personnalité politique qui rassemble», • déplore Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol * «On finira par aboutir à une solution», • pense Slaheddine Jourchi, militant des Droits de l'Homme La réunion, hier, entre la Troïka et les quatre organisations nationales parrainant le dialogue national, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et le Conseil de l'Ordre des Avocats s'est achevée sans arriver à un accord. La Troïka se cramponne sur ses positions. Elle considère que le travail du Gouvernement au lieu de se poursuivre encore huit semaines pourrait se limiter à seulement quatre. Houcine Abbassi, au four et au moulin, a lancé un appel, après plus de 5 heures de discussions, à la Troïka et à l'opposition pour davantage de concessions. «L'intérêt de la Tunisie nécessite plus de concessions. Le dialogue ne se poursuivra pas de cette manière. Il faut trancher. Bientôt une réunion aura lieu avec l'opposition et le Front de Salut et puis une autre avec la Troïka. Si ces réunions n'aboutissent pas, nous dévoilerons au peuple quatre douloureuses vérités». Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, est très déçu. Il a affirmé au Temps que « chacun se cramponne sur ses positions alors qu'il faut des solutions rapides ». Cela lui rappellent les crises politiques en Italie dans les années soixante et soixante-dix lorsque les crises duraient des mois et des mois et les Italiens sont dans les rues. Il ajoute : « à mon avis, il n'y a pas de personnalité politique qui rassemble, bénéficie de la confiance de toutes les tendances et impose toutes les solutions. Béji Caïd Essebsi aurait bien pu jouer ce rôle s'il n'était pas engagé dans un camp. Ahmed El Mestiri, c'est le black out. Il se mure dans un silence absolu. J'ai l'impression que l'opposition se complait dans sa position revendicative. Elle menace le Gouvernement avec les manifestations. Elle se satisfait de la bonne réaction de l'opinion publique à son égard. Ennahdha a peur de céder ses postes et que ça se transforme en procès contre elle, pour des petites failles de procédures. Le fonds de la crise est là. Le bon peuple paie. Tout le monde répète les mêmes mots depuis trois jours. Il y avait une lueur d'espoir dans la rencontre entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi. Elle s'est évaporée ». Salaheddine Jourchi, militant des Droits de l'Homme et observateur averti de la vie politique, manifeste un optimisme mesuré. Il a affirmé au Temps qu'il «a le sentiment, en dépit des positions dures des uns et des autres, qu'on finira par arriver à une solution, probablement sans beaucoup tarder. Les signaux ne sont pas nombreux, mais ils permettent de voir ce qui va se passer lors de la prochaine étape. Tout d'abord, des premières concessions ont eu lieu des deux côtés. D'un côté l'opposition a commencé par admettre l'idée que l'Assemblée Nationale Constituante doive continuer son activité pour mener à terme les missions qui lui sont dévolues, dans de courts délais. De l'autre côté le principe de la démission du Gouvernement a été accepté. Le seul litige concerne la date de départ du Gouvernement. L'idée d'un Gouvernement de compétences a été acceptée. A mon avis le noeud principal réside dans la peur mutuelle. La crise de confiance est difficile à surmonter. L'opposition croît qu'Ennahdha cherche à gagner du temps. De l'autre côté à Ennahdha on pense que derrière la position de certaines composantes essentielles de l'opposition, il y a un refus de tenir des élections dans des délais proches, en plus de l'intention d'exclure Ennahdha de l'échiquier politique à travers la pression de la rue. Au fond, il y a un rapprochement entre les deux camps, même si, le dialogue direct n'a pas commencé ». La réunion d'hier était supposée être celle de la dernière chance. Jusqu'à quand vont traîner les choses ? Attendons voir, les prochains jours.