• Le Front de salut national serait lui aussi d'accord • «La nouvelle réponse d'Ennahdha comporte une avancée par rapport aux positions exprimées jusque-là par la Troïka, mais… », précise Bouali M'barki, secrétaire général adjoint de l'UGTT Après avoir exprimé une position confuse et émis des réserves sur certains points de la nouvelle feuille de route visant à trouver une issue concertée à la crise politique consécutive à l'assassinat du député Mohamed Brahmi, le mouvement Ennahdha semble avoir changé le fusil d'épaule. C'est, du moins, ce qui ressort d'un communiqué publié hier après-midi par le mouvement Ennahdha. Ce parti membre de la Troïka au pouvoir aux côtés du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ou Ettakatol) et du Congrès pour la République (CPR) a jeté un nouveau pavé dans la mare en déclarant qu'il a accepté l'initiative lancé par les quatre organisations phares de la société civile (UGTT, UTICA, LTDH et Ordre national des avocats), tout en appelant au lancement d'un dialogue national sans conditions préalables. « Après avoir étudié l'initiative du quartet, le mouvement Ennahdha annonce qu'il a accepté cette initiative. Il appelle, dans ce cadre, à accélérer le lancement d'un dialogue national sérieux afin de permettre au pays de sortir de la crise politique et d'aller vers de horizons plus larges qui satisfissent les ambitions de notre peuple et servent les objectifs de la Révolution », a indiqué Le mouvement Ennahdha précisé également qu'il est « prédisposé à lancer un dialogue national immédiat et sans conditions préalables afin d'aboutir à un consensus sur toutes les questions en suspens». Selon le parti présidé par Rached Ghannouchi, ces questions sont notamment «la finalisation de la rédaction de la Constitution dans un délai ne dépassant pas les 3 semaines, la détermination de la date des élections dans un délai ne dépassant pas 6 mois à partir du de la mise en place de l'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), et partant de là, le consensus sur la nouvelle alternative gouvernementale». Selon des dirigeants de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), le communiqué d'Ennahdha représente une «avancée» par rapport aux positions exprimées auparavant par le parti. « La nouvelle réponse d'Ennahdha à l'initiative lancée par le quartet comporte une avancée par rapport aux positions exprimées jusque-là par la Troïka. Cette réponse laisse entrevoir un espoir de sortie de crise », a indiqué Bouali M'barki, secrétaire général adjoint de l'UGTT. Manœuvre ? M. M'barki souligne, toutefois, que l'UGTT ne prend en compte que les réponses écrites et signées qui lui parviennent ne se contente pas des communiqués publiés sur les pages Facebook d'un parti. Selon lui, le quartet qui attend encore des réponses écrites de certains autres partis devrait tenir aujourd'hui une conférence de presse pour faire la lumière sur les positions des différents partis par rapport à son initiative Dans ce même cadre, un autre dirigeant de la centrale syndicale précisé que l'organisation ne veut pas verser dans un optimiste béat suite à ce communiqué. « Pour l'heure, nous ne sommes ni optimistes, ni pessimistes. Nous restons sur nos gardes surtout que le mouvement Ennahdha nous a habitués à des manœuvres dilatoires», précise ce dirigeant qui a préféré garder l'anonymat. Les partis membres de la Troïka avait publié jeudi un communiqué commun signé par Rached Ghannouchi, Imed Daïmi et Mouldi Riahi dans lequel ils saluent «les efforts déployés par le quartet afin de rapprocher les points de vue entre les partis politiques et de parvenir à une plateforme idoine au dialogue national». Les partis de la Troïka expriment également «leur attachement à faire réussir le dialogue à travers l'accélération du processus constitutif et le consensus autour de l'alternative gouvernementale et l'organisation le plus rapidement possible d'élections libres et transparentes». Dans le même temps, la Troïka a émis des réserves à propos de l'initiative. Ces réserves concernent principalement le délai de trois semaines imparti pour la formation du prochain gouvernement et la révision de la petite constitution. Au sein de l'UGTT, on a considéré ces réserves affectent l'essence même de la feuille de route du quartet. A telle enseigne que le secrétaire adjoint de la centrale syndicale chargé de l'information, Sami Tahri, avait estimé que «l'espoir d'une sortie de crise relève du miracle ». Cette première position de la Troïka n'a pas plu non plus à Ettakatol, dont le porte-parole Mohamed Bennour, a déclaré que la position de son parti diffère de celle de la Troïka. « Ettakatol applaudit les nouvelles propositions des organisations parrainant le dialogue national », avait-t-il lâché. Soutien Du côté du Front de salut national (FSN), qui regroupe plusieurs partis de l'opposition, dont le Front Populaire, Al-Joumhouri et Nida Tounes, l'attentisme était de mise. A l'heure où ces lignes s'écrivaient, le FSN n'avait encore transmis à l'UGTT une réponse écrite à la feuille de route proposé. On apprend, toutefois, que l'opinion dominante dans les rangs de l'opposition était le soutien des efforts déployés par quartet pour résoudre la crise. Les quatre plus importantes organisations phares de la société civile avaient soumis, le 17 septembre, une feuille de route à l'approbation des différents partis, afin d'achever la dernière étape de la transition démocratique. Cette feuille de route préconise notamment la démission de l'actuel gouvernement dans les trois semaines, son remplacement par un cabinet apolitique et restreint dirigé par une personnalité indépendante, ainsi que la reprise des travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Les membres du nouveau gouvernement devraient être, selon le plan de sortie de crise proposé, réellement indépendants. Ils ne devraient pas également se présenter aux prochaines élections. L'ANC devrait , quant à elle, s'engager à finaliser la rédaction de la Constitution d'ici le 23 octobre, veiller à la mise en place de l'Instance indépendante des élections (ISIE) et élaborer un code électoral dans les quinze jours. La feuille de route stipule aussi la détermination d'un calendrier pour les élections présidentielles et législatives, qui doit obligatoirement être soumis à l'approbation de l'ANC.