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« Le nationalisme arabe nassérien va triompher »
L'invité du Dimanche : Zouhaier Hamdi, coordinateur général du Courant Populaire et leader au Front Populaire
Publié dans Le Temps le 20 - 10 - 2013


Entretien conduit par Faouzi KSIBI
Trois mois après l'assassinat de Mohamed Brahmi, son successeur à la tête du Courant Populaire conforte sa position et s'affirme, de jour en jour, comme étant l'un des acteurs principaux de la scène politique tunisienne. Il est aussi direct que son devancier et ne mâche pas ses mots quand il est question de dénoncer des déclarations ou des pratiques qu'il juge illégitimes et illicites. Les critiques de notre invité, qui choquent certains, s'adressent, principalement, à Ennahdha et à l'ensemble des frères musulmans et au Mouvement du Peuple, leur ex parti qu'ils ont quitté depuis le 7 juillet dernier pour fonder leur propre parti, quelques jours seulement avant la liquidation physique de leur leader. Il incrimine la première pour le meurtre de celui-ci, et accuse le second de trahir les principes nassériens et d'être le subalterne du parti au pouvoir.
Pour lui, de par son appartenance à l'organisation internationale des frères musulmans, le mouvement Ennahdha ne pourrait jouer aucun rôle positif au niveau national. On l'a croisé au siège de l'UGTT à sa sortie du bureau de Houcine Abassi, vendredi dernier, pour recueillir ses positions et ses réflexions sur la situation qui sévit en Tunisie et dans la région arabe. Ecoutons-le :
-Le Temps : peut-on savoir le contenu de l'entrevue avec le secrétaire général de l'UGTT ?
-M Hamdi : elle a eu lieu dans le cadre des consultations avec les partis, chacun à part, en vue de faciliter la séance de l'après-midi qui réunira l'ensemble des protagonistes et, par là, faire réussir la première étape du Dialogue national dont l'issue reste tributaire, principalement, de l'ISIE qui connaît des difficultés. Pour dépasser le blocage dû à la décision du tribunal administratif annulant les travaux de la commission de tri, on s'est mis d'accord, au cours des séances préliminaires de la première semaine, sur la manière de mettre en place une commission constituée d'experts et des partis au dialogue pour présenter un projet de loi, 23 bis, visant à améliorer les travaux de la commission de tri par la limitation des oppositions à 48h. Là, celle-ci, à laquelle appartenait le martyr Mohamed Brahmi et qui fonctionnera avec les dix-sept membres des partis au dialogue, le minimum légal requis, sera appelée à faire preuve de discipline au niveau de l'assiduité et de la l'efficacité. Si ces conditions son satisfaites, ils pourront achever leur mission en 24h en choisissant parmi les 450 candidats 36 qui seront présentés à la séance plénière pour qu'elle en élise les 9 de l'ISIE. En plus de cette question ardue et capitale, on essayera, lors de cette réunion, de s'entendre sur la commission du processus gouvernemental et celle des consensus à propos de la constitution. L'engagement des présidents de partis est meilleur que celui des membres et ce travail est de nature à aplanir les difficultés que nous rencontrerions dans les autres processus.
-C'est vrai que ces questions légales et techniques que vous venez d'évoquer entravent le dialogue et l'empêchent d'avancer, mais les vrais obstacles restent essentiellement politiques.
-En fait, bien qu'elles soient de nature législative et technique, ces questions ne pourraient se résoudre que politiquement. Mais, on se heurte à l'obstination d' Ennahdha qui, quatre-vingt-dix jours après l'assassinat de Mohamed Brahmi, emploie toujours les mêmes méthodes malgré l'échec qu'elle a essuyé à tous les niveaux. Trois mois durant, elle use d'atermoiements pour prolonger le dialogue, pendant que l'opposition souscrit à toutes les conditions émises par le quartet. Sons seul souci c'est d'étendre cette période transitoire au maximum et de créer un climat électoral qui lui soit favorable à travers les nominations de ses partisans dans les articulations de l'Etat afin de se garantir la victoire aux élections prochaines. La seule foi pour l'organisation internationale des frères musulmans dont Ennahdha est le représentant en Tunisie, c'est de rester éternellement au pouvoir une fois qu'ils y accèdent, et ils ne le quittent qu'au moyen de la force. La démocratie est jetable, pour eux, ils s'en servent une seule fois, puis, ils la jettent à la poubelle pour s'en débarrasser définitivement.
-Vous n'êtes pas de l'avis de ceux qui soutiennent que le mouvement Ennahdha est divisé en deux équipes, celle des colombes et celle des faucons ?
-Il n'en rien, toutes les déclarations discordantes et tous les discours doubles qu'on entend s'insèrent dans la distribution des rôles entre ses acteurs principaux. Il ne pourrait pas en être autrement pour l'ensemble de ces groupes religieux dans le monde qui ne se désunissent jamais, bien au contraire, ils se rassemblent toujours pour affronter l'autre et se liguer contre lui. Leur seule stratégie consiste à mettre la main sur la société et l'Etat, et tout le reste relève de la simple tactique ; ils font tout pour servir leurs propres intérêts et ceux de l'organisation internationale des frères musulmans, et c'est ce qu'ils sont en train de faire en Tunisie, en Libye, où l'Etat est absent, et en Syrie et c'est ce qu'ils ont essayé de faire en Egypte.
-Doit-on conclure que vous n'êtes pas non plus des adeptes de la théorie du « traitement de choc » consistant à dire que Ennahdha essaye de diviser l'opposition et d'imprégner les futurs électeurs de son rôle de sauveur en intervenant à la dernière minute pour sortir le pays de la crise ?
-Votre conclusion est exacte, car pour garantir sa victoire aux élections prochaines, Ennahdha , ne cherche pas à convaincre les électeurs, mais use de moyens dilatoires. Mais, le peuple tunisien est assez intelligent pour saisir tous ces tripotages, et je ne crois pas qu'il existe quelqu'un de sage qui soit d'accord pour qu'Ennahdha nous gouverne à l'avenir. Les élections ne consistent pas en un simple dépôt d'un bulletin dans une urne, c'est un processus long qui commence bien avant ce moment et qui s'achève après cette opération, et c'est pendant tout ce temps là que Ennahdha intervient en usant de tous les moyens illicites et immoraux dont elle dispose pour influencer les résultats.
-Certains reprochent au Front de Salut d'avoir consenti des concessions majeures, qu'est-ce que vous leur répondez ?
-Tout d'abord, je tiens à rappeler que le projet initial, réclamant la dissolution de la constituante et de touts les institutions qui en sont issues à commencer par le gouvernement, était l'œuvre du Courant populaire qu'il a présenté le lendemain de l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi, c'est-à-dire le lendemain à l'aube, et qui était, ensuite, adopté par le Front populaire et le Front de Salut. Nous tenons toujours à ces revendications fondamentales sans lesquelles le système du 23 octobre 2011 resterait encore en vigueur pour une année ou deux. Autrement dit, on n'a pas touché au fond de ces revendications, puisque le plafond en est toujours le même, le problème reste de savoir quand et comment. Donc, peut-être qu'on a commis un retard au niveau de l'application de ce programme, mais cela s'explique par la situation très délicate que connaît le pays. Le gouvernement actuel serait transformé en un gouvernement de gestion des affaires publiques pendant la période impartie de trois semaines au cours de laquelle on procèdera à désigner, de manière consensuelle, une personnalité nationale indépendante pour qu'elle forme un gouvernement de salut. Pour ce qui est de la Constituante, elle serait dissoute si jamais elle ne parvenait pas à accomplir les tâches qui lui sont attribuées dans quatre semaines ; et dans le cas contraire, quand elle aura parachevé la rédaction de la constitution, elle serait transformée en un organe de contrôle pour le gouvernement à travers l'amendement de ses prérogatives au sein de l'0PP (loi organisant les pouvoirs publics provisoires), de sorte qu'elle ne serait plus en droit de dissoudre le gouvernement. Il est donc question de tout un package de consensus autour des fonctions de la Constituante, le délai de sa dissolution, ses rapports avec le pouvoir exécutif. Et on a intérêt à accélérer le processus.
-Certains observateurs politiques pensent que, contrairement aux frères d'Egypte, Ennahdha a réussi à gérer l'opération politique. Partagez-vous cette analyse ?
-Elle n'est, sûrement, pas plus démocrate qu'eux, mais légèrement plus mûre que l'ensemble des frères musulmans des autres pays arabes et les dépasse au niveau de la tactique et des manœuvres dilatoires dont elle use, mais sa stratégie est la même que celle de ces derniers. Ils sont tous guidés par les directives de leur organisation internationale dont ils constituent tous de simples sections implantées dans la région arabe. De plus et c'est le plus important, la Tunisie n'est ni l'Egypte, ni la Syrie, ni la Jordanie, elle offre un terrain autre qui est tout à fait hostile à Ennahdha grâce, principalement, à l'UGTT et son rôle patriotique historique. Les islamistes chez nous subissent des pressions de la part de la société civile et politique, une pression qui s'est accrue suite à l'écoulement du sang de nos deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
-Pensez-vous qu'il y a coïncidence entre les déclarations faites par Taieb Laâguili et la mobilisation dans le sud du pays et les derniers actes terroristes de Guebellat ?
- Avant, la responsabilité d'Ennahdha, ce parti n'a rien à voir avec la gestion des affaires publiques, ses dirigeants et ses partisans ne croient ni à la patrie, ni à son drapeau, ni à ses frontières, ni à son histoire. Ils sont responsables de toute goute de sang versés soit en Tunisie, soit ailleurs, en Syrie, au Mali… Par leur nonchalance, ils ont installé chez nous un climat d'insécurité en encourageant le terrorisme à se faufiler dans notre pays paisible et à y élire domicile. Quand on leur disait qu'il y avait des armes, ils nous répondaient, eux ainsi que le président provisoire Marzouki, qu'elles étaient destinées à combattre les Rcédistes. Ils ont, toujours, négligé les données qu'on leur présentait et montré une indulgence à l'égard des milices des LPR et des salafistes, et voilà où nous en sommes ; ce qui nous attend est encore pire, parce qu'ils n'ont rien fait pour arrêter cette hémorragie. Notre pays risque fort de connaître des bains de sang si jamais ce terrorisme intègre les villes, là on arriverait à un point de non retour et ce processus sanguinaire serait irréversible. Les Tunisiens ne sont pas habitués à ce sang qui ne cesse de couler depuis des mois, ils sont anxieux et la fête de l'Aïd est là pour témoigner de leurs inquiétudes, ce jour-là n'a pas été fêté comme à l'accoutumé, on sentait la présence d'une atmosphère trop pesante. Ils ont tous peur de demain, de ce qui pourrait se produire dans les jours qui viennent, des explosions à la bombe qui pourraient avoir lieu dans des stations de bus ou de métro, des marchés, des centres commerciaux, des écoles… Ce qui nous plongerait dans une violence aveugle à l'image de ce qui se passe, actuellement, en Irak et en Libye. Si nous arrivions à une telle situation, ils seraient les seuls responsables et ni Dieu, ni le peuple, ni l'histoire ne le leur pardonneraient jamais.
-Quel est votre commentaire à propos du rassemblement des six partis se plaignant de leur exclusion du Dialogue national bien que la plupart d'entre eux soient représentés dans des coalitions ?
-Ce sont des partis minuscules que rien n'unit qui ont eu le sentiment d'être marginalisés soit politiquement, soit médiatiquement, et qui cherchent à jouer des rôles pour dire qu'on est là. Par ce travail parallèle, voire opposé et hostile aux coalitions auxquelles ils appartiennent, ces partis déshonorent leur engagement politique, moral et organisationnel à l'égard de ces dernières. En fait, il ne s'agit nullement d'exclusion, vu que les paramètres établis par le quartet sont très plausibles, car il n'est pas logique de convoquer au Dialogue national les 170 partis politiques présents sur la scène politique. Le Mouvement du Peuple accuse le Courant Populaire de s'être allié à Nida, bien que ce ne soit pas vrai, puisque c'est ce dernier qui a adopté la plateforme établie par notre parti et le Front Populaire, comme je l'ai expliqué plus haut, alors qu'il s'associe à des partis qui sortent du « djelbab » de Béji Caïd Essebsi tels que le Parti Socialiste de Mohamed Kilani et le PTPD de Abderrazak Hammami qui appartiennent tous deux à l'Union pour la Tunisie. C'est de la pire hypocrisie politique ! Quant à Othman Ben Amor, il prétend que 90% des nationalistes sont dans le Mouvement baâtiste et 70% dans le Mouvement du Peuple. On se demande, alors, qu'est-ce qu'il fait avec le Courant Populaire au sein du Front Populaire !! Il sera certainement jugé par les instances de ce denier ; pour ce qui est des autres, je leur dirai « que Dieu soit avec vous ! ».
Et qu'est-ce que vous répliquez à certains de ces dirigeants qui prétendent que les nationalistes sont exclus ?
-Le nationalisme n'est pas le cheval de Troie, c'est une ligne politique bien définie ; la ligne de démarcation entre la version authentique et la contrefaçon était marquée par la démission du martyr du Mouvement du Peuple, là où on procède à la falsification du nationalisme et où on prêche l'intégrisme. Le nationalisme a un seul titre : la ligne nassérienne, militante révolutionnaire et patriotique qui défend l'indépendance nationale, le socialisme, les libertés, la démocratie, l'Etat civil. Celui qui l'adopte est des nôtres, les autres ne le sont pas même s'ils ont lu tous les livres sur le nationalisme. Mohamed Brahmi a quitté ce parti pseudo-nationaliste et fut assassiné, parce qu'il a refusé que ce parti gravite dans l'orbite d'Ennahdha, parce qu'il a dit que la position naturelle que devaient occuper les Nassériens c'était la lutte contre l'organisation internationale des frères musulmans, parce qu'il a réintégré le Front Populaire qu'il considérait comme le foyer naturel des Nassériens qui ne pourraient se trouver, selon lui, qu'au sein de la gauche patriotique, parce qu'enfin il a pris le parti du peuple en Egypte contre les frères. Il a abandonné à Ennahdha cette coque putride, qu'est le Mouvement du peuple, et a fondé, avec ses camarades, le Courant Populaire, le vrai parti nassérien. C'est le sort qui guette plusieurs autres militants, Ennahdha a essayé de noyauter des partis dont certains du Front Populaire qui se consolide de jour en jour, puisqu'il occupe la troisième position, aujourd'hui, qui aura du poids à l'avenir sur la scène politique et qui formera une forte base électorale. Donc, ce qui inquiète Ennahdha ce n'est pas Nida, qui finira tôt ou tard par se rallier à elle, mais c'est le Front Populaire qui constitue la vraie alternative avec ses composantes essentielles, les Nassériens et les Marxistes. C'est pour toutes ces raisons qu'il existe des tentatives désespérées de la part de certaines autorités dans le pays en vue d'anéantir ces partis, et si ces démarches n'aboutissaient pas, le scénario de Mohamed Brahmi serait prêt et se reproduirait.
-Est-ce que vous avez arrêté une date pour la tenue du congrès constitutif de votre parti ?
-Il y a plusieurs conditions que nous devons prendre en considération, nous sommes dans une période transitoire et la création de notre parti date d'il y a trois mois. C'est vrai que nous bénéficions d'un impressionnant potentiel humain et d'une histoire militante assez riche qui a débuté aux années soixante-dix avec les étudiants arabes progressistes unionistes puis le mouvement des unionistes nassériens et que nous sommes la crème de cette expérience nationaliste. Cependant, il ne faut pas se hâter pour tenir ce congrès, nous sommes en train de construire et de restructurer notre parti conformément aux nouvelles conditions, vu qu'il y a de nouveaux militants qui arrivent et que nous sommes en pourparlers avec des personnalités nationales et des partis qui désirent fusionner avec nous. L'assassinat du martyr nous a apporté un plus et, nettement, amélioré notre image aux yeux des Tunisiens. Le congrès n'est pas une fin en soi, notre but c'est de construire un grand parti comme l'a toujours souhaité le martyr, nous le construirons avec des Nassériens et non pas pour des Nassériens comme il l'a toujours soutenu. Il sera bâti sur la base d'une ligne politique claire.
-Si vous nous parliez de vos relations avec les nationalistes arabes en dehors de nos frontières.
-Nous sommes membres au congrès nassérien général, et nous entretenons des rapports fraternels et de coopération avec les Nassériens du Liban, de L'Egypte, dont le leader est le militant Hamadine Sabbahi, et du Yemen. Mais ces rapports ne se limitent pas seulement aux Nassériens, et ils touchent également la gauche arabe partout où elle se trouve comme en Algérie et au Maroc et nous sommes ouverts à toutes les forces progressistes dans le monde entier, en Europe, en Amérique latine, en Afrique, en Asie, toutes ces forces qui défendent les mêmes valeurs que nous, à savoir les libertés, l'égalité, la démocratie… et qui sont hostiles au sionisme et à l'impérialisme. Après l'assassinat du martyr, on a reçu les visites de plusieurs partis politiques et organisations étrangers, et nous sommes en train d'établir des réseaux de contact afin de fructifier ces relations.
-Quel est, selon vous, l'avenir du nationalisme ?
-Il a toujours été l'objectif principal des forces étrangères et de leurs collaborateurs, les frères musulmans. Car, en dépit de ses erreurs aux années 50/60, c'est lui qui a fondé l'Etat moderne, qui a répandu l'enseignement, qui a libéré la femme, qui a chassé le colonialisme de la Syrie, de l'Iraq, de l'Algérie, et de l'Egypte. Le grand apport des nationalistes et surtout des Nassériens parmi eux est incontestable, et c'est à notre honneur. Après la décadence du projet nationaliste due aux conspirations aussi bien internes qu'externes, les actes de vengeance et les agressions contre la patrie arabe se sont multipliées comme l'attestent la destruction de l'Irak, de la Syrie, de la Libye livré, désormais, à des gangs, mais il a, heureusement, échoué en Egypte qui est dotée d'une armée robuste dont la réputation date depuis les Pharaons. On espère que l'armée égyptienne guidée par Essissi parviendra à freiner le projet sioniste des frères musulmans planifié par les services de renseignement internationaux, dirigé par la Turquie et financé par le Qatar. Cependant, en Tunisie, nous sommes persuadés que l'armée algérienne forme la deuxième ligne défensive pour défendre la patrie arabe et le projet nationaliste. Cette armée est la prochaine cible de ces forces ennemies. Le plan colonial consiste à diviser ce qui l'est déjà de sorte à constituer entre 50 et 60 pays arabes à partir des 23 existants actuellement, tout cela avec l'accord des groupes des frères obscurantistes, réactionnaires et collaborateurs qui ne se soucient aucunement de ce morcellement, l'essentiel pour eux c'est de gouverner, même s'ils sont placés à la tête de minuscules émirats de deux kilomètres carrés chacun. Tandis que nous, nous considérons que l'unité de la nation arabe et de son armée constituent notre honneur que nous devons préserver, car dans l'intérêt d'Israël de démolir les armées iraquienne et syrienne, celle d'Egypte leur résiste et s'avère indomptable. Ce projet sioniste était annoncé par Golda Meyer, le chef du gouvernement pendant les années soixante-dix.


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