Houcine Abbassi est sans doute le « Deus ex machina » de la conjoncture actuelle et de ce Dialogue National auquel on est déjà en train de mettre des bâtons dans les roues. Houcine Abbassi, chef de la locomotive de l'UGTT, premier parrain du Quartette est déjà sous pression. Sur ses épaules pèse une implacable obligation de résultats. Et l'architecture du Quartette est ainsi faite que, sans minimiser leur rôle, l'UTICA, la Ligue tunisienne des Droits de l'Homme et l'Ordre des avocats ( les autres parrains) s'accrochent à la force de frappe historique de l'UGTT, sa légitimité et sa reconversion, conquise de haute lutte depuis Janvier 78, en partenaire politique de premier plan, ce qu'à l'époque Bourguiba et Hédi Nouira ne pouvaient admettre. Aujourd'hui, la donne change. L'UGTT n'est plus ce simple contractant social, consentant et vaguement grommelant durant 23 ans de prééminence absolue du RCD sur l'appareil de l'Etat et sur les partenaires sociaux. Depuis le 14 janvier 2011, et le départ de la caste des Jerad et compagnie, c'est bien l'UGTT qui fait figure de fer de lance, et surtout lors de ce Dialogue National dont on s'imagine bien qu'il sera ardu. Sans le dire ouvertement, Houcine Abbassi, tout en mettant en avant les mérites et le rôle des autres parrains, l'a fait comprendre hier à Mustpaha Ben Jaâfar, lui-même pressé par le temps et acculé à remettre de l'ordre dans l'hémicycle. Sauf qu'en quatre jours déjà, la grande menace contre le processus du Dialogue National tient au jeu d'alliances criardes, et aux antagonismes qui sévissent au sein de l'opposition. Car, si Ennahdha reste quand même homogène - même si les frictions n'y manquent pas et que Rached Ghannouchi a du mal à venir à bout de la résistance des faucons – le paysage qu'offre l'opposition, toutes doctrines et toutes tendances confondues, est pour le moins contrasté. C'est ce moment précis, en effet, et dans une conjoncture aussi délicate, que les feux croisés des idéologies risque de faire dévier le Dialogue National de son but essentiel ; le consensus. Déjà le jeu des coulisses bat son plein autour de l'hémicycle et cette constitution qu'on veut rédigée, peaufinée et réglée en quatre semaines risque d'en subir les contre-coups. La vérité est que comme le dit Georges Pompidou « chaque problème résolu en fait naître d'autres ». La nomination de la personnalité politique, nationale et neutre au poste de chef de gouvernement soulève déjà des controverses à propos des noms avancés. Le Quartette réussira-t-il à franchir ce premier écueil ? C'est là que, justement, la locomotive UGTT aura un rôle persuasif à jouer. Elle est en harmonie avec les autres parrains du Dialogue. C'est un fait. Et c'est aussi l'émanation d'un certain rapport des forces qui en fait tout naturellement le parrain en chef. Mais elle jouera le rôle de modérateur, face à une opposition qui n'accorde pas ses violons et Mustapha Ben Jaâfar en est parfaitement conscient : l'opposition, avec le retour des dissidents, n'affiche qu'une harmonie de façade. Cela les faucons d'Ennahdha l'ont compris…