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La caricature au service de la liberté d'expression
Cartooning for Peace
Publié dans Le Temps le 31 - 10 - 2013

• Rencontre entre le célèbre caricaturiste français Plantu et des dessinateurs du Maghreb. Voici leur histoire
A l'occasion de la foire du livre au Kram, dans son 40ème édition, Cartooning for Peace et l'Institut Français de Coopération en Tunisie ont organisé une rencontre, mardi dernier, entre le célèbre caricaturiste français Plantu et les dessinateurs du Maghreb.
Le débat entre artistes et public a porté sur la caricature et ses lignes rouges dans chaque pays.
Les présents ont eu une chance énorme de pouvoir côtoyer Plantu et discuter avec lui mais aussi avec les cartoonistes magrébins les plus connus comme Nadia Khiari alias Willis from Tunis, Khaled Gueddar du Maroc, Slim de l'Algérie, le Tunisien Chedly Belkhamsa, Nizar Ali Siala de la Libye et Pierre Kroll qui, lui, nous vient de la Belgique. Le débat était ponctué par des caricatures faites en temps réel. Sans tabous, les cartoonistes ont tourné en dérision même leurs propres propos sur la religion, la politique, et les libertés.
Quelques activistes ont saisi cette occasion pour parler de Jabeur Mejri, un jeune Tunisien condamné à 7 ans et demi de prison pour avoir publié des caricatures et des textes sur Internet. Une demande de grâce présidentielle est déposée depuis des mois de la part de l'avocate de Jabeur, Bochra Bel Haj Hmida mais reste jusqu'à présent sans réponse positive. Rappelons que Plantu a envoyé une lettre au président de la république Moncef Marzouki pour demander la libération de Jabeur Mejri, premier prisonnier d'opinion en Tunisie post-révolution. Plantu affirme ne pas avoir reçu une réponse de la part de Marzouki « qui était pour des années durant un ami à moi au cours de son exil en France » commente le caricaturiste qui milite pour la paix et les libertés partout dans le monde à travers son association Cartooning for Peace qui réunit des centaines de cartoonistes de différentes nationalités. Amnesty Internationale, présente à la rencontre, à travers ses activistes, a présenté une pétition à signer alors qu'en même temps, les cartoonistes se sont exprimés sur l'affaire à leur manière en dessinant des caricatures délirantes.
En reprenant le débat, les cartoonistes ont projeté leurs dessins sur deux écrans pour inciter les présents à mieux réagir avec leurs œuvres. Confrontés à plusieurs contraintes, les dessinateurs ont essayé de résumer chacun son parcours personnel. Les plus martyrisés dans leurs pays étaient Khaled Guaddar qui a osé pour la première fois au Maroc caricaturer le roi Mohamed 6. Le régime lui a infligé une peine de 4 mois de prison pour avoir touché aux sacrés du pays et l'a sanctionné d'une amende de quelques centaines d'euros. Khaled continue pourtant à publier ses dessins en défiant le système. Son histoire est presque identique à celles de SLIM, Baki de l'Algérie ou encore à celle de Nizar Ali Siala, victime de menaces même après le départ de Kadhafi et son régime. « Les lignes rouges se sont multipliées après la révolution surtout avec la montée des extrémistes religieux et le déchirement du pays entre les différents agendas politiques » nous a expliqué le jeune dessinateur libyen.
Les participants étaient préoccupés essentiellement par l'aspect provocateur de ce métier. Peut-on rire de tout ? D'après Plantu la problématique se pose autrement « peut- on rire avec tout le monde ? Ou encore peut-on rire partout ? ». Pour ce dessinateur qui a passé une quarantaine d'années à dessiner l'actualité française et mondiale, la réponse est claire : « Oui, il faut rire de tout, avec tout le monde et partout où on est ». C'est effectivement, le point de vue que la majorité des caricaturistes partagent. La liberté d'expression ne doit pas avoir des limites surtout pour les caricaturistes qui ont la tâche dure de pousser à chaque fois les limites et de défier les lignes rouges. Cette mission délicate et importante est venue d'un seul souci « relancer le débat là où il bloque ! ». Tel l'exemple du fameux Plantu qui a publié dernièrement une caricature très controversée en simulant un extrémiste salafiste à un militant syndicaliste. Kroll le belge l'explique « Dans nos têtes, nous vivons dans un monde idéal, nous partageons les mêmes problèmes et nous dénonçons les mêmes vices : corruption, crimes, terrorismes, mauvaise gouvernance, mensonges, propagandes et dictatures. Nous défendons les mêmes idéaux à notre manière satirique et humoristique. »
Nadia Khiari ajoute « mes seules limites dans la critique sont l'incitation à la haine, la violence et tout genre d'extrémisme. Si non, je cherche toujours à passer mes opinions d'une façon intelligente et subtile. La provocation est essentielle pour attirer l'attention et lancer le débat. » Nadia connue plus sous le pseudonyme Willis From Tunis est l'une des figures phares de la révolution tunisienne. Depuis ses premières caricatures publiées sur les réseaux sociaux, elle cartonne et continue de susciter la polémique et l'appréciation de la majorité des Tunisiens. A l'occasion de la rentrée académique de la prestigieuse université de Liège, la caricaturiste tunisienne a reçu le titre de docteur honoris causa. Et pourtant Nadia ne publie pas dans la presse tunisienne et elle est rarement présente dans les médias.
Alors que les dessinateurs européens, à l'instar de Plantu sont un peu plus gâtés d'une façon que l'on puisse imaginer, pour nous en tant que maghrébins, les cartoonistes arabes sont de plus en plus marginalisés. En effet, plusieurs sont obligés d'entretenir une deuxième activité en adition avec leur métier principal qui est la caricature. Certains font de la peinture pour gagner leur vie et d'autres comme Nadia Khiari enseigne à une école. Ces caricaturistes qui arrivent tant bien que mal à exposer leurs opinions et à participer au débat public ne sont pas désirés par les supports médiatiques en Tunisie. Et en manque de supports, les cartoonistes se lancent dans des projets individuels et se regroupent aussi sur des plates formes virtuelles (comme le collectif Yakas).
En dépit des contraintes et des menaces, les dessinateurs maghrébins poursuivent le combat de la liberté. En Tunisie, même si le débat n'est pas encore lancé sur la place et le rôle qui reviennent au caricaturiste dans l'espace public, il est évident que sa fonction en tant que garde fou des libertés est importante voire primordiale surtout en ces moments difficiles de transition politique post- révolutionnaire.


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