Quand on n'a pas d'issue que de communiquer par la violence, c'est bien entendu ‘'Hachicha'' qu'on montre du doigt, étant la seule responsable de tous les dérapages du langage ! ‘'Hachicha'', quand elle monte, monte...et monte. Bienvenue à Ramadan dans une Tunisie faussement religieuse. Ce jour-là du Ramadan, le chauffeur du métro qui stationne ne semble pas pouvoir redémarrer pour continuer son chemin. Réagissant à la pression des voyageurs qui s'impatientent, le chauffeur sort de sa rame et se met à proférer de gros mots. Des voyageurs ne se faisaient pas prier pour lui renvoyer la prise. Tout le monde était pris de ce que le commun des mortels appelle sous nos cieux, ‘'Hachicha'' du Ramadan. Ces scènes désolantes se répètent un peu partout dans les coins et les recoins du pays informant d'un fait qui prend les allures d'un fléau. Le mois censé être saint renvoie à son contraire dans une Tunisie faussement religieuse où l'hypocrisie sociale y met encore du sien. Ramadan tel qu'enseigné par le Message du Prophète n'est autre qu'un temps de répit qu'un musulman entretient avec lui-même pour renouer avec la spiritualité propre de l'Homme. C'est par la privation qu'un musulman apprend à maîtriser ses pulsions naturelles et à y triompher pour ne pas se laisser conduire à la bestialité. Des gros mots pour s'amuser Proférer de gros mots, c'est se permettre de décharger de l'agressivité ou de la colère. Sauf que là, un gros mot ou une injure n'est pas forcément nuisible à partir du moment, où l'on se permet de s'exprimer grossièrement avec des gens qui utilisent à peu près le même registre de langage. Selon le site web, ‘'jeunes, violences, écoles'', les grossièretés ont un rôle social selon lequel, « on peut dire de gros mots sans être ni en colère ni ému, mais juste pour le plaisir de jouer avec les mots. Parler c'est donc aussi s'amuser, les gros mots font partie du jeu. » Dans la petite enfance, rappelle le site, un être humain qui apprend à parler découvre le plaisir du langage en s'échangeant des insultes qui font rire. « Cela permet aux petits d'accéder à une fonction essentielle de la langue, le plaisir. » dit-on, en insistant sur le fait que « toutes les langues ont leurs gros mots indispensables à leur fonctionnement. » Car parler n'est pas uniquement « communiquer à propos de la réalité du monde, pouvoir se dire que la table est verte, par exemple, mais aussi exprimer des émotions, s'adresser à un autre, laisser entendre les traces de nos milieux d'appartenance. » Mais quand le langage, ce marqueur culturel et social, devient un moyen pour faire mal à l'autre, le dénigrer, froisser sa sensibilité, etc... les gros mots deviennent violence verbale. Et quand la violence verbale se banalise, le langage s'appauvrit. La violence verbale, approche scientifique Le Ramadan ayant fait fausse route sous nos cieux, est devenu le mois de tous les excès. La banalisation des injures et grossièretés en est un aspect. Cela devient même le propre du dialecte tunisien qui au fil des années s'appauvrit. Un langage informe, bien entendu, de l'évolution de la politesse dans une société et sur ses normes sociales. Dans le dialecte tunisien de profonds changements de terminologie tendent à nous rendre sourds et muets devant la violence qu'il énonce. Mais pourquoi donc autant de violences langagières ? Quelles en sont les origines ? Une question à laquelle s'est intéressée des scientifiques qui y ont répondu dans un documentaire diffusé sur ARTE, titré ‘'Le mal, une approche scientifique'' de Karim Jurschick. Le documentaire fait état de toutes les connaissances scientifiques qui planchent sur la violence humaine. La violence apprenons-nous, « n'est ni entièrement génétique ni totalement déterminée par notre enfance, mais constitue une réaction à un environnement donné. La génétique et l'éducation agissent en revanche sur la gestion de l'agressivité en amont des situations de crise etd'une certaine manière sculptent le comportement. » Les scientifiques sollicités par ce documentaire ont fini par montrer que les facteurs externes comme l'éducation et l'encadrement affectif ont un rôle primordial pour expliquer les origines d'un comportement violent. Mais ils ne sont pas les seuls variables de la violence puisque le conditionnement social et les idéologies d'exclusion constituent aussi les bases de la violence à travers l'effet de groupe et la pression sociale. La société est donc responsable de la violence qui y règne.