Dans sa reconquête des quelque 5 mille mosquées que comptent la Tunisie, le ministère des Affaires religieuses a déclaré que sur les 149 mosquées déclarées sous la main de groupes fanatiques, 25 encore demeurent hors de contrôle. Dans cette chasse contre le discours haineux, ledit ministère travaille en étroite collaboration avec les ministères de la Justice, de l'Intérieur et des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle. Dans cette lutte contre l'instrumentalisation des lieux de prière pour propager la haine, le fanatisme et alimenter le terrorisme, les autorités de tutelle se déclarent, depuis des mois, en guerre contre ces fléaux. Selon les dernières déclarations du ministre des Affaires religieuses, Mounir Tlili, cette campagne de récupération des mosquées hors de contrôle prendra fin avant le début des élections le 26 octobre 2014. Néanmoins, ce chiffre est démenti par les Imams de mosquées qui parlent de chiffres beaucoup plus élevé que 25. «Rétablir l'autorité de l'Etat» Un plan d'action est lancé par le ministère des Affaires religieuses en coordination avec un staff de sociologues et de psychologues afin d'éradiquer une fois pour toutes le terrorisme. Or, la tâche ne s'avère pas aussi simple quelle en a l'air. Plusieurs Imams et dirigeants de mosquées ont été sujets à des agressions physiques et morales par les fanatiques de leurs quartiers. Certains d'entre eux ont même été menacés sur leur lieu de travail. Durant cette campagne de reconquête des mosquées hors de contrôle, les autorités de tutelle se sont rendu compte de l'existence de deux types de lieux de prière. Il y a, d'abord, les mosquées qui ont pullulé au lendemain du 14 janvier de manière anarchique et hors la loi. Lors des décisions prises par la cellule de crise, sur les 90 qui ont été construites, 21 seulement ont été fermées. Le pire c'est que parmi les 21 mosquées, 6 ont rouvert leurs portes. Le reste, sont en cours de construction et demeureront fermées jusqu'à la fin des travaux. Le second type de mosquées hors du contrôle de l'Etat sont sous le joug des salafistes radicaux. Rappelons que lorsque la décision de reconquérir les mosquées hors de contrôle a été rendue publique, l'Etat a été criblé de critiques par plusieurs Imams, hommes politiques et certains journalistes. Une manifestation de protestation a même eu lieu à la Place de la Kasbah. Ce jour-là, les participants ont accusé le gouvernement de faire la guerre à la religion musulmane. Sous le slogan : «Non à l'intervention de l'Etat dans les mosquées», la manifestation a incriminé la décision de la cellule de crise. Le ministère des Affaires religieuses ne l'entend pas de cette oreille. Selon le ministre Mounir Tlili, le travail de son ministère consiste à «rétablir l'autorité de l'Etat », à éradiquer le fléau du terrorisme et en finir avec l'instrumentalisation des lieux de prière. Il faut dire que le contexte actuel, avec l'approche des élections la reconquête des 25 mosquées restantes et la neutralisation de tout risque terroriste est une urgence. A moins de deux mois des Législatives, le gouvernement doit serrer encore plus l'étau afin de garantir un climat sécuritaire propice à la tenue normale et sans de fâcheux incidents des élections.