L'apprentissage de la démocratie s'avère un exercice douloureux et une épreuve de longue haleine truffée d'obstacles, de coups durs et d'incertitudes. Le peuple tunisien en connaît quelque chose après quatre années de post-révolution et de transition démocratique harassante. En votant en 2011 pour une Assemblée nationale Constituante, les électeurs tunisiens étaient animés par l'espoir de rompre définitivement avec les pratiques du passé et de doter le pays d'institutions solides et pérennes à l'instar des pays développés où la démocratie n'est pas un vain mot mais une réalité palpable, vécue par le citoyen à tout instant de son existence. Cet espoir a-t-il été sapé ? Le Tunisien est-il déçu par l'expérience qu'il vient de vivre ? Evidement non. Car en dépit des soubresauts et des incidents de parcours la Tunisie peut se vanter d'être seule rescapée d'un printemps arabe qui a mal tourné et peut-être le seul pays à faire son entrée dans le club des Nations démocratiques. Ce n'est pas bien sûr garanti d'avance et ce n'est pas une mince affaire. Le passage final vers un avenir meilleur dépendra de la réussite à l'ultime épreuve, celle des prochaines élections législatives et présidentielle. Et c'est là que les choses se compliquent. Comment la Tunisie va-t-elle négocier sans heurts ce périlleux virage alors que le paysage politique reste inchangé, presque identique à celui de 2011 ? C'est-à-dire un foisonnement de partis et de candidats de nature à désarçonner l'électeur et éparpiller les voix. Comme si la course au pouvoir et l'ambition personnelle étaient l'unique leitmotiv d'une classe politique dont l'image est déjà érodée dans l'opinion publique nationale. Cette dernière, même si elle montre peu d'engouement pour ce rendez-vous crucial, ne peut pas rater l'occasion d'imposer son choix, qui sera cette fois muri et réfléchi après avoir testé les intentions des uns et des autres et leurs projets pour la Tunisie de demain.