Qu'attendent les Tunisiens des prochaines élections, sinon de voir le bout du tunnel ? Ils ne demandent pas vraiment la lune à leur classe politique, mais tout simplement un passage définitif, sans heurts et dans les règles du jeu démocratique, du provisoire avec ses incertitudes à la stabilité pérenne. Les Tunisiens, toutes classes sociales confondues, appréhendent, néanmoins, ce rendez-vous crucial avec un indescriptible espoir de changement, nourri, il est vrai, par les petits pas franchis durant la transition démocratique sans, toutefois, verser dans l'excès de confiance et le trop-plein d'attentes parce que la réalité de la situation générale dans le pays ne l'autorise pas. Car la sécurité demeure fragile, l'économie s'enfonce dans la crise, la précarité gagne du terrain et la classe politique reste ce qu'elle est, c'est-à-dire, les mêmes têtes, les mêmes ambitions partisanes, les mêmes calculs de boutiquier. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe sur la scène politique en cette période de précampagne électorale, pour deviner l'ampleur de l'agitation qui marquera la campagne officielle et conditionnera à coup sûr le choix de l'électeur tunisien. Que lui offrent les partis politiques à part un étalage de linge sale en public, une confrontation féroce entre candidats de la même famille, des insinuations indécentes, des manœuvres politiques dénuées de toute éthique, rien que pour l'intérêt du parti et sa soif de pouvoir ? Où sont les programmes, le débat d'idées et les solutions pour lutter contre le terrorisme, pour mettre l'économie sur les rails, pour baisser le taux de chômage, booster l'emploi et garantir la justice sociale et le développement régional ? Oubliés certainement par une classe politique obnubilée par la course au pouvoir et ses privilèges. Ceci n'est pas un stimulant pour inciter à une participation massive aux élections avec le risque d'un taux élevé d'abstentionnisme. Une hypothèse lourde de conséquences pour le jeu démocratique dans le pays. Sauf que le Tunisien est assez intelligent pour hypothéquer un processus pour lequel beaucoup de Tunisiens ont payé de leur vie et il saura au moment fatidique choisir entre le bon grain et l'ivraie.