Il faut se rendre à l'évidence et convenir que la violence politique est bel et bien une réalité inquiétante de notre vécu quotidien. Elle prend même les allures d'un fléau qui menace non seulement la transition démocratique mais les fondements de l'Etat. Deux ans après la révolution, le constat est amer et la déception n'a d'égal que la voracité de la classe politique, son inconscience face aux dangers, obnubilée qu'elle est par un opportunisme démesuré et une course effrénée au pouvoir. Car la sonnette d'alarme a été tirée dès l'apparition des premiers signes de ce qui allait devenir la ligne de conduite et le seul langage de certains individus et de certaines associations, inféodées à certains partis politiques de la place. Mais rien n'a été fait. Le pouvoir s'est distingué par une inertie affligeante et une permissivité déconcertante conçue comme un blanc-seing accordé aux adeptes de la manière forte pour agir dans l'impunité la plus totale. Depuis, on assiste presque quotidiennement à des agressions contre des opposants, des journalistes, des intellectuels, des militants de la société civile et contre des sièges de partis et d'associations sans que les coupables ne soient arrêtés ou inquiétés. Ceci intrigue, non seulement l'opposition mais tous les démocrates du pays et suscite des interrogations quant au laxisme des autorités et leur peu d'empressement à appliquer la loi. Y a-t-il anguille sous roche ? Y a-t-il connivence entre le parti dominant au pouvoir et ces énergumènes ? Une hypothèse que plusieurs opposants n'ont pas hésité à franchir accusant du coup Ennahdha d'être l'instigateur de la violence dans le but d'intimider ses adversaires. Des accusations qui font froid au dos, jettent de l'ombre sur le déroulement des prochaines élections et hypothèquent tout le processus démocratique.