Comme de coutume, la semaine bloquée à la fin du premier trimestre est sans doute la plus attendue, parce que son issue, c'est-à-dire les premiers examens trimestriels de l'année scolaire serviront d'indicateurs pour les élèves et les parents quant au niveau des élèves. Les examens, c'est comme une échéance sportive, mais ils sont autrement plus dramatiques : on se prépare pour, on s'entraîne, on se concentre et on s'échauffe pour être prêt le jour fatidique, Non seulement le mental est mis à rude épreuve, mais le psychisme des élèves est fortement conditionné par l'angoisse. Une angoisse qui s'emparepar ailleurs des parents et des enseignants eux –mêmes parce que l'issue des examens constitue, par ricochet, une évaluation de la qualité de l'enseignement prodigué dans leurs classes. Moment grave donc et lourd d'implication pour l'avenir immédiat des élèves. C'est justement ce moment précis que choisit le syndicat de l'enseignement du secondaire pourannoncer une grève ouverte (ironie de la sémantique : grève ouverte pour une semaine bloquée !). Les enseignants prennent cette décision en réaction, ou en signe de protestation contre la décision du Ministère de retrancher de leurs salaires les deux journées de grève observées les 27 et 28 novembre dernier. Les parents d'élèves sont furibonds en égard au contexte décrit plus haut et aussi compte tenu du côté surprenant et « inique » de cette décision. Le syndicat accuse le ministère Conscients de la tension qui s'est déjà amplifiée le syndicat réagit affirmant que la décision de grève n'a pas été prise de gaieté de cœur, tout en incriminant le ministère de l'Education qui selon lui est revenu sur sa décision de passer l'éponge sur les deux journées de grève et de ne pas retrancher les salaires. Najib Sellami, secrétaire général adjoint du syndicat de l'enseignement du secondaire va même plus loin jugeant que la décision du ministère est « intempestive » et « provocatrice ». « Qu'est-ce qui explique est empressement, ajoute-il, dès lors que les tractations entre l'UGTT et le gouvernement n'ont pas encore abouti à un résultat » c'est-à-dire qu'elles sont en cours. Sellami persiste et signe en tempérant néanmoins quelque peu. Il réaffirme en effet la détermination du syndicat à observer cette grève, mais déclare en même temps que les enseignants sont prêts à reprendre instantanément leur travail à condition que le ministère revienne sur sa décision. Sauf qu'il y aura nécessairement un chamboulement du calendrier : les examens programmés pour le mardi et le reste de la semaine se dérouleront régulièrement sauf que ceux prévus pour demain, auront lieu en début de semaine prochaine ! Belle gymnastique. Il est à observer que cette grève ne serait pas la première du genre. En 2013 le même scenario s'était produit et, face à l'escalade, Abdellatif Abid, alors ministre de l'Education était revenu sur la décision de retrancher les salaires transmettant le dossier au gouvernement. Le ministre apprend la grève sur Facebook Nous avons essayé de prendre contact avec le ministère mais tous les portables étaient fermés ou (comme par hasard) hors réseau. On comprend que les cadres partent en vacances pour le Week-end, dès le samedi après-midi, mais qu'aucun cadre ne soit disponible, en cette journée trouble, cela est tout simplement irresponsable. Il n'empêche, Fethi Jarray, ministre de l'Education a fait une déclaration « générale » dans laquelle il a fait part de son étonnement, se déclarant « surpris » par cette décision. Il a même déclaré que les salaires n'ont pas été touchés, précisant que cela concerne la génération d'une note tenant à l'application des salaires en fonction des journées travaillées. Il a aussi déclaré avoir découvert cet appel à la grève sur Facebook considérant donc qu'il n'est pas officiel et que son département n'a pas encore été saisi. Et pour revenir aux deux journées de grève retranchées il réaffirme que cela ne s'est pas encore produit, mais qu'il est tenu d'appliquer la loi. Pour finir, le Ministre a appelé à tenir compte de l'intérêt suprême des élèves. Des élèves finalement déboussolés ; qui passent ce week-end dans l'angoisse et des parents qui ne savent plus à quel « Saint-enseignant » se vouer. Raouf Khalsi